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Série des Racontars arctiques tome 2 sur 10

Susanne Juul (Traducteur)Bernard Saint-Bonnet (Traducteur)
EAN : 9782264022936
157 pages
10-18 (30/06/1999)
4.06/5   176 notes
Résumé :
" On n'écrit pas sur les confins de notre monde sans y avoir vécu.
De même que Francisco Coloane a sillonné la Terre de Feu en se frottant à tous les métiers, le Danois Jorn Riel s'embarque dans les années 50 pour le nord-est du Groënland. De ce long séjour dans ces déserts arctiques naîtront une vingtaine de livres. Les personnages principaux sont toujours les mêmes trappeurs : Valfred, Mad Madsen, William le Noir... Tout à la fois hâbleurs ou mutiques, farc... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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C'est avec un appétit renouvelé, que je retrouve les savoureux personnages de Jorn Riel.
Six nouvelles histoires sont ciselées avec cet humour et cette poésie que l'auteur imprime aux situations les plus improbables ou/et étranges.
Autant le dire: c'est succulent, et on en redemande!
Chez Jorn Riel, il n'y a rien à écarter, et ces six nouvelles ont une égale haute tenue, du Bruant des neiges au Rat, en passant par Une balle perdue, Un petit détour,Ce qu'il advint d'Emma par la suite et Un safari Arctique.
Ces Racontars arctiques n'ont pas finis de me captiver et de m'enchanter!
Ce sont de ces friandises que l'on déguste sans faim, et que je recommande sans restriction... Elles devraient être portées sur les ordonnances médicales contre la déprime.
En tout cas, à découvrir d'urgence et toute lectures autres cessantes, pour ceux que ne connaissent pas encore ce fantastique raconteur danois qu'est Jorn Riel!
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6 nouvelles et autres racontars pour partager l'existence atypique des chasseurs de phoques et de renards polaires du Groënland.
Les nouvelles partagent les mêmes personnages, ce qui permet une immersion, et il s'agit presque d'un feuilleton, 6 très bons moments mélangeant aventure, nuit polaire, entraide ou rivalité, et délires collectifs de ces trappeurs bourrus, sauvages, parfois ivres, souvent philosophes, toujours grossiers et misogynes.
Le ton est décalé et l'humour omniprésent. Très sympa à lire et dépaysant.
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Les mêmes personnages, des Bisonours du Groenland, reviennent dans les histoires, mais ils sont vus sous des angles différents; j'avoue que j'ai du mal à retenir toutes leurs particularités, mais cela ne gêne en rien la lecture qui est toujours aussi désopilante.

Cette fois ce sont 6 nouvelles.

"Le bruant des neiges" est une très jolie nouvelle qui explique un fait récurrent dans ces latitudes de l'extrême : la lente et progressive glissade vers une espèce de folie déclenchée par le manque de lumière (plusieurs mois!), la solitude, la monotonie, la dure nature environnante, etc. Nous avons le jeune Anton Pedersen fraîchement débarqué dans le cercle polaire avec un contrat de 2 ans comme chasseur, muni de son diplôme de bachelier et la tête pleine de rêves de chasse sur la banquise. Quelques mois après, sa lente érosion psychologique était déjà visible…Il avait vite préparé ses valises pour le retour alors que le bateau n'arrive qu'une fois par an sur la banquise, mais il retrouvera la raison in extremis par l'entremise d'un petit bruant qui se montrera au début du printemps…

"La balle perdue" est désopilant et en même temps effrayant. C'est l'histoire arrivée au gars Sieverts: alors qu'il rentrait à la cabane de chasse, il se fit attaquer par un ours polaire affamé bien qu'à cette époque les ours sont censés hiberner. On nous explique à cette occasion que les ours polaires peuvent déroger à l'hibernation mûs par la faim et par la fonte de leur réserve de graisse. En tout cas, cet ours attaqua Sieverts pour de bon. Et la scène est d'une drôlerie et d'une tension dramatique, absolument fabuleuses…

"Un petit détour" est extra. On retrouve le lieutenant Hansen, le farfelu qui voulait former une milice de défense de la banquise et qui avait failli mourir congelé par ses gars en pure vengeance…Ici, il se met bille en tête de partir chasser quelques phoques dans le Fjord des Glaces et entraîne Valfred en lui promettant des bouteilles de gnôle à gogo pour se consoler de l'effort. Voila pas que nos deux gars seront emportés par une vague géante déclenchée par la chute d'un bloc de glacier et leur bateau se retrouvera coincé 10 mètres au dessus de l'eau sur un iceberg. Et comment ils survivent a plus d'un mois de dérive sur le dit iceberg jusqu'à ce qu'un bateau de passage les repère…Incroyable.

"Ce qu'il advint d'Emma par la suite" est le seul récit qui ne m'a pas plu et plutôt agacé. Ici on reprend l'histoire de la vierge froide du premier tome que pourtant j'avais bien apprécié : Emma est une créature féminine de rêve sortie de l'imaginaire de Mad Madsen, tellement réussie que tous les chasseurs voulaient la lui racheter afin de meubler leur onanisme forcé. Ici on reprend l'histoire après qu'Emma a fait le tour (vénal) de tous les chasseurs: on tombe sur un gars sans aucune imagination et qui ne se contente pas de l'avatar mais la veut, l'exige, en chair et en os et monte un pataquès d'enfer avec cette histoire…Je pense qu'il faut être un mâle pour comprendre une histoire pareille, franchement je la trouve un peu poussive dans le genre.

"Un safari arctique" est de loin mon histoire préférée. Voila qu'une vraie Lady Anglaise, âgée de 60 ans et sèche comme un coup de trique, arrive sur la banquise avec tout un barda inimaginable pour chasser la seule bestiole qui manque à son vaste palmarès : le boeuf musqué de l'arctique. Ici on apprend que le Capitaine Olsen du bateau de ravitaillement « Vesle Mari », est un vrai filou. Il essaie de gruger les gars: il leur propose de les sous payer pour accompagner la Lady à la chasse afin d'empocher une partie de l'argent. Après moult négociations et tergiversations, 16 gars partent avec la vieille et son barda chasser le boeuf musqué. Voici le descriptif du barda : (ça vaut son pesant de cacahouètes)…l'équipement de Lady Herta était l'équipement standard d'un safari sans prétention. Il consistait en une tente pour la nuit agrémentée d'une véranda couverte, une tente de bain qui pouvait contenir une baignoire pliable et un système de douche, des WC chimiques, une tente de cuisine, de la vaisselle et des couverts pour 18, trois tables, un lit de camp, trois chaises pliantes, ainsi que des provisions de bouche pour 14 jours. En plus, on trimbalait une caisse de 6 bouteilles de gin et une autre de 12 bouteilles de champagne Louis Roederer. Côté équipement de chasse, on trouvait des fusils et des munitions pour exécuter tout gibier depuis le lemming jusqu'à l'ours, dans un rayon de 100 kilomètres, quatre machettes courbées, une chaise de chasse à un pied, un lasso, ainsi que 8 crécelles pour rabattre le gibier...(pas mal, hein?). L'expédition elle même est à mourir de rire, que dis-je à suffoquer de rire.

"Le rat" est aussi un très bon épisode quoique les âmes sensibles qui n'aiment pas les rats, doivent s'abstenir sous peine de faire des cauchemars. En tout cas, ici les gars vont se venger de cruelle manière du Capitaine Olsen, lequel en plus de filou, est un menteur.

(J'ai encore deux livres à lire. Je me régale d'avance).


Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Jørn Riel nous raconte des histoires invraisemblables venues du fin fond des terres glacées du Groënland.
Avec un tout petit peu moins de cocasseries potaches que dans le précédent ouvrage, Un safari arctique est un recueil de nouvelles, de racontars comme le dit l'auteur, truculentes, savoureuses, hénaurmes, ... à la dimension des landes désolées du pays.
Jørn Riel maîtrise parfaitement l'art de raconter une histoire. Et le plus souvent, il met en scène un personnage qui lui-même, se fait conteur pour ses compagnons. Cette mise en abyme est également celle du gars qui raconte l'histoire du gars qui lui a raconté ...
À chaque étape ou étage, l'histoire est, comme il se doit entre gens de bonne compagnie, embellie, enjolivée. Les fanfaronnades deviennent encore plus exagérées et les invraisemblances encore plus vraies. Si Tartarin n'avait pas été de Tarascon, il eut été de Fimbul ou de Bjørkenborg assurément.
L'histoire d'Emma par exemple, est extraordinaire : à plusieurs reprises, Jørn Riel nous donne le fin mot de l'affaire, la clé de l'histoire, mais non, rien n'y fait, comme les chasseurs du Groënland on a tellement envie de croire à cette jolie histoire qu'on se laisse emporter au fil des quelques pages et on se laisse surprendre par la chute qu'on nous avait pourtant déjà dévoilée. Chapeau !
La nouvelle qui donne son titre au recueil est également un morceau d'anthologie quand une riche et noble dame s'en vient chasser le boeuf musqué aux côtés de nos rudes gaillards, puants et barbus :
Quelques petites nouvelles qui s'enchaînent et se répondent, sans vraiment se suivre mais quand même, qui brodent toute une galeries de portraits de ces chasseurs de peaux venus passer quelques hivers sur la banquise groënlandaise et qui ne repartiront peut-être jamais, trop heureux d'être là, seul(s) et loin de tout.
Dépaysement garanti : Jørn Riel a vécu plusieurs longues années au Groënland dans une base scientifique et désormais, comme le dit son éditeur, il 'décongèle' dans la jungle de malaisie avec en tête, tout plein d'histoires à raconter aux papous.
Pour celles et ceux qui aiment les histoires tout simplement.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
- La bobonnes, grogna Bjorken en massant ses épaules douloureuses, là où la baignoire pliante avait pesé tout l'après midi, on devrait pas laisser des calamités pareilles battre la campagne avec un fusil chargé. Qu'est-ce qu'elle raconte encore, Anton ?
- Quelque chose au sujet de bouffer des indigènes.
Herbert rigola.
- Elle a sûrement été chez les cannibales aussi, faut croire. Et là, hé, ben bordel, là au moins elle peut circuler sans risque. Vous imaginez, être cannibale et recevoir la visite de ce genre de châssis, ça vous ferait presque devenir végétarien.
[ ... ]
Lady Herta, elle constituait, elle, en revanche, une déception pour Valfred. La dame était plate comme une planche à laver, habillée comme un bonhomme, froide et muette comme une huître des bancs de la Baie des Rennes. Si Bjorken appelait ce sac d'os une dame, c'était parce que Bjorken ne savait pas comme se présentait une dame. ....
- Beurk, fit-il, et il passa devant Lady Herta ....
[ ... ]
... Vous vous imaginez de voir ce spectre hanté le pays tout l'hiver...
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"Les chasseurs est-groenlandais ne sont, en fait, pas différents des autres gens ailleurs, de par le monde. Ils ont simplement d'autres possibilités. A celui qui vit toute sa vie derrière le grillage protecteur de la société, imaginer de vivre en Arctique doit donner la chair de poule: la désolation des étendues de glace, la solitude effrayante, une existence chaste de moine dans un monde infini et ingrat. Il est difficile de comprendre qu'on y reste, de sa propre volonté, année après année, et qu'en plus, on s'y plaise.

"Mais pour qui a le désert dans le sang, c'est différent. La désolation n'est jamais désolante. Chaque montagne, chaque vallée, chaque fjord et chaque iceberg cachent des surprises. La solitude est rarement trop lourde à supporter et souvent l'isolement donne un merveilleux sentiment de liberté. Le pays polaire est plein de vie et de changements. Il n'y a pas d'obstacle, si ce n'est les éléments, pas de patron, si ce n'est la nature, et pas de lois, si ce n'est celles qu'on décide entre hommes. Les gens de là-haut ne sont pas différents, mais peut-être simplement un peu plus heureux à cause des circonstances."
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Mais pour qui a le désert dans le sang, c’est différent. La désolation n’est jamais désolante. Chaque montagne, chaque vallée, chaque fjord et chaque iceberg cache des surprises. La solitude est rarement trop lourde à supporter et souvent l’isolement donne un merveilleux sentiment de liberté. Le pays polaire est plein de vie et de changements. Il n’y a pas d’obstacle, si ce n’est les éléments, pas de patron, si ce n’est la nature, et pas de lois, si ce n’est celles qu’on décide entre hommes. Les gens de là-haut ne sont pas différents, mais peut-être simplement un peu plus heureux à cause des circonstances.
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Même si on savait par expérience que Bjørken avait tendance à l’exagération, ses mots eurent un effet, pour ainsi dire, paralysant. Ils provoquèrent plusieurs minutes de silence. Les hommes étaient assis au soleil comme une bande de coquelets apeurés, ne sachant de quel côté courir. Parce que, naturellement, leur première pensée, ce fut la fuite. Ensemble, ils avaient été en sécurité, persuadés que tout irait comme il faut cette saison. Ils s’étaient reposés là, à se réjouir de tout et se sentant sûrs de la grande paix sacrée de l’hiver à venir. Et tout d’un coup, voilà qu’un bateau se pointait à travers les glaces avec une dame à bord.
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Il commença à comprendre ce qui avait fait venir l’oiseau ici. Il prit conscience tout à coup de la fantastique attirance que ce désert suscitait. Il tourna le dos à la mer couverte de blocs de glace et regarda les terres. A nouveau, son âme se gonfla d’éternité. Les montagnes remplirent tout
son champ de vision. En bas, elles étaient couvertes d’énormes amas de neige, ronds, séduisants, presque doux comme des femmes. De longues guirlandes brunes couraient sur les versants de montagne où la neige avait fondu, et en haut, les pics gigantesques s’étiraient vers le ciel clair comme des clochers d’église. Pour la première fois de sa vie, Anton voyageait en lui-même. Il était quelque part en dehors de son corps, quelque part entre le fond de la vallée et la voûte infinie du ciel. Il ne voyait rien, n’entendait rien et ne se souvenait de rien.
Il sentait en lui une liberté intense, cette liberté dont il avait toujours rêvé, et qu’il s’était toujours souhaitée à travers ses rêves. Cette liberté que l’immense pays polaire avait patiemment, trois ans durant, tenue offerte devant lui.
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Videos de Jorn Riel (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorn Riel
Jørn Riel est né au Danemark en 1931.
Parti avec lexpédition de Lauge Koch en 1950, il a vécu 16 ans au Groenland. Du fatras des glaces et des aurores boréales, il rapportera une bonne vingtaine douvrages, soit à peu près la moitié de son œuvre à ce jour. Le versant arctique des écrits de Jørn Riel (dédié pour une part à Paul-Emile Victor quil a côtoyé sur lîle dElla, pour lautre à Nugarssunguaq, la petite-fille groenlandaise de Jørn Riel) est constitué dabord par la série des racontars arctiques, suite de fictions brèves ayant toujours pour héros ou anti-héros magnifiques les derniers trappeurs du nord-est du Groenland, paumés hâbleurs, écrivain de pacotille, tireur myope, philosophe de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux, bourrus bienveillants, tous amoureux de cet être cruellement absent de la banquise, la femme. Au-delà du rire, parce que les livres sont de nature à dérider les plus mélancoliques, cest bien toute une nouvelle vision du monde que nous offre Jørn Riel.
Il vit aujourdhui en Malaisie. Histoire de décongeler, se plaît-il à dire. Mais derrière la boutade se cache quelque chose de plus fondamental. «Jaime la nature, quand il y en a assez, les étendues de glace de larctique et la jungle tropicale.» Et cette nature, et les hommes qui la vivent encore, Jørn Riel va maintenant les retrouver, quelques mois chaque année, parmi les papous de lIrian Barat en Nouvelle Guinée. Qui vivent encore à lâge de pierre, et navaient jamais vu dhomme blanc avant lui
Transfo Maton
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