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Critique de Laurence64


Masse critique septembre 2012:

Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est du moins ce que l'on prétend. Peut-être, peut-être. Aragon est un trop grand poète pour que j'ose le contrarier, même mort. On ne sait jamais… Dès fois que son fantôme me tirerait par les pieds. Mais essayons autre chose; nuançons. "Les moments joyeux et délicieux de la vie se partagent sans retenue". Moins péremptoire, la phrase sonne vrai. Aussi vrai que Jørn Riel qui l'écrit dans sa préface. Question de décence inuit, d'ailleurs. Car l'homme inuit, à l'inverse de ma grand-mère, trouve malséant d'évoquer les expériences tristes ou désagréables. Merci Jørn Riel! Je respire et j'envisage de soumettre ma savoureuse lecture à mon atrabilaire aïeule. Histoire de lui apprendre à voir le verre à moitié plein (de rhum norvégien fait maison) plutôt qu'à moitié vide. J'en suis certaine: malgré son arthrose et son percepteur, son rhume des foins et son malotru de voisin, ma grand-mère a, elle aussi, une vie de racontars à dévoiler. Mais il lui manque le talent. Il n'est évidemment pas ici question des ragots du village dont les commères aiment à se nourrir (particulièrement ma grand-mère) mais de ces instants que l'on suçote avec bonheur tout au long de son existence. Quitte à radoter.

Né au Danemark, Jørn Riel, digne fils de son père, découvrit l'Afrique très tôt, sur un isthme au nom imprononçable (je me suis pourtant entraînée). Ce premier racontar honorerait Marcel Pagnol. Empreint de la fraîcheur et de la fausse naïveté des souvenirs d'enfance, j'ai dégusté le récit et me suis offert quelques éclats de rire. J'aurais aimé planter ma tente là, dans les broussailles, mais , à peine installée, il m'a fallu déménager pour entendre le second racontar qui bondissait dans le temps et me propulsait au côté d'une déesse aussi grecque que moi.

Jørn Riel égrène quelques moments clés de son existence. La première aventure, le premier amour, la première fois , la première trahison, la première expédition… Et quelques racontars plus loin, l'oie de Noël! Ah, cette oie de Noël en mai qui m'a donné envie de me retrouver dans le Nord-Est du Groenland à me geler la carcasse en éclusant du schnaps. Ce qui est n'importe quoi. Ou J'aurais été congelée ou mon foie n'aurait pas supporté. Il faudrait faire attention aux lectures que l'on a. Quoique. Celle-ci est roborative avec ou sans viande d'ours ou de boeuf musqué, avec ou sans whisky, rhum, vin, schnaps.

J'ai sauté de racontar en racontar, jusqu'au seizième. J'allais me précipiter sur le dix-septième quand la table des matières a mis un terme à mon plaisir. L'imbécile. Alors, j'ai tourné de nouveau les pages du livre, éprouvé l'épaisseur du papier qui a malheureusement perdu son agréable couleur rose, me suis arrêtée sur les illustrations de Hervé Tanquerelle et regretté de n'avoir pas fait durer davantage ma lecture. Plus jamais je ne dirai que je n'aime pas les récits de voyage. Ma grand-mère me le serinait: avant de dire on n'aime pas, on goûte!
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