L'ouvrage de
Bernadette Rigal-Cellard offre un excellent panorama sur la religion de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours plus connu sous le nom des Mormons. Didactique et sans parti pris, l'auteur nous explique comment une aussi jeune religion, fondé en 1830, a pu réussir à dépasser son statut de groupuscule fanatique utopique pour atteindre celui d'une religion chrétienne a quasi égalité avec le catholicisme ou le judaïsme dans sa structure hiérarchique et disposant d'un nombre considérable de fidèles (environ 18 millions dans le monde).
Ce qui me frappe dans ce livre, c'est de voir comment l'histoire de l'évolution du Mormonisme a pu être aussi liée à celui des Etats-Unis d'Amérique. C'est véritablement l'esprit des pionniers américains qui s'est insufflé dans l'esprit de cette religion, surtout à ses débuts, avec son utopie de la nouvelle Jérusalem devant se construire sur les bords du lac salé de l'Utah, c'est-à-dire la future ville de Salt Lake City.
Sur le point de vue du dogme, les Mormons reprennent un pan de la théologie que les catholiques ont oublié ou mis de côté, le millénarisme et la tendance à l'apocalypse, c'est-à-dire la croyance en l'arrivée prochaine de la fin des temps. le Dieu des Mormons n'est pas véritablement celui des protestants ou des calvinistes, mais plus selon les mots de l'auteur, une sorte « d'entraineur sportif » cherchant à sélectionner un fidèle pour qu'il mette en application ses talents sur Terre. le travail, la famille, sa place dans la société étant un choix fait par le fidèle avant de naitre, c'est-à-dire durant son existence pré-terrestre. Ce choix devient donc une sorte de prédestination dans sa vie actuelle, en cela, on se rapproche de la doctrine calviniste. Mais là où les Mormons sont réellement différents des autres religions évangéliques et protestantes, c'est dans la réutilisation de la Gnose, c'est-à-dire qu'à travers la connaissance, un individu peut se dépasser, se libérer de ses entraves, et participer au divin, pour en fin de compte, devenir lui-même un dieu. Dieu n'étant qu'un homme exalté. Cependant, sur le salut de l'âme, l'homme ne peut pas compter que sur lui-même, il a besoin de la rédemption du Christ, c'est à dire en somme, de l'Eglise. L'innovation est donc encadrée.
Sur le reste, ce livre lève le voile sur les différentes polémiques et mystères qui entourent les Mormons, en particulier sur la polygamie qui était pratiqué à ses débuts et son expérience sur le baptême des morts à travers la recherche généalogique. Plutôt conservatrice et républicaine, l'Eglise a aussi eu quelques démêlés avec les personnes d'origine africaines qui n'avaient pas le droit de faire parti de la prêtrise jusqu'en 1978 (où une mystérieuse « révélation » a permis à l'Eglise de lever cette interdiction). On a aussi quelques passages sur la vie de Mitt Romney, candidat aux présidentielles américaines de 2012, qui n'a pas été particulièrement enchanté par ses années passées en France comme missionnaire de l'Eglise.
Pour conclure, je dirai que ce livre est un excellent moyen de connaitre et de comprendre un peu mieux cette religion. J'ajouterai que pour ma part, le livre m'a permis de corriger certains de mes préjugés sur les Mormons, sans pour autant adhérer pleinement à leur vision du monde. Salt Lake City fait parti de mes destinations touristiques à visiter dans un futur proche ! Je remercie aussi Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre du concours Masse Critique.