Ce qui est intéressant dans ce roman sur le handicap, c'est qu'il est abordé non pas du point de vue de l'handicapé, mais de celui de son frère qui souffre tout autant de la situation : "Si j'ai le malheur de me plaindre, mes parents me font vite comprendre que je dois cesser mes lamentations. J'ai été plutôt gâté par la vie, puisque j'ai hérité d'un cerveau complet. Pas Sasha. Voilà, l'essentiel est dit."
Même s'il adore son frère dont il est très proche, Hugo n'en peut plus de jouer le baby-sitter chaque soir parce que ses parents sont pris par leur travail. La responsabilité est très lourde pour l'adolescent et on peut le comprendre : aller récupérer Sasha à l'institut spécialisé après les cours, lui faire prendre son goûter, sachant que son handicap nécessite énormément de rituels et de patience si l'on veut éviter ou canaliser les crises. Hugo ressent le besoin de souffler un peu (il n'a que treize ans !), d'être un peu seul, au calme, et libre de se détendre au lieu d'avoir constamment la charge de ce "petit grand frère".
Et puis surtout, Hugo voudrait "qu'on fasse semblant de l'aimer un peu", lui qui n'ose parler de rien avec ses parents parce qu'ils ont déjà "assez de soucis avec Sasha". Alors pour combler son besoin d'exister auprès des autres, il joue le rebelle en classe, participant à un concours d'infractions au règlement avec Charles et sa clique, bâclant ses devoirs et même ses rédactions alors qu'il a l'an passé gagné un concours d'écriture. Bref Hugo renie tout ce qu'il est, s'enfonçant dans une spirale infernale de mensonges qui le dégoûte toujours plus de lui-même. Il va même jusqu'à gommer son frère de sa vie, s'en inventant un autre auprès des copains : un grand frère expert en exposés et en séduction... tout le contraire du vrai.
La situation en enflant de la sorte ne pouvait que mener au clash. Un clash salvateur qui permettra à chacun d'exprimer son ressenti et de repartir sur de bonnes bases (ouf !). Hugo comprendra qu'on ne peut pas empêcher le regard des autres et qu'il faut apprendre à vivre avec... Que parfois ce regard peut évoluer. Et surtout que le plus important, c'est celui que l'on porte sur soi-même.
Une histoire touchante qui sonne juste !
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