"Altipiano ou cheminer avec Mario Rigoni Stern", Loïc Seron, éd. Rue d'ULM EDS
Un beau livre conseillé par Stéphane Nappez, co-fondateur de l'association Baraques Walden.
Entretien mené à l'Abbaye de Jumièges. (Département de la Seine-Maritime)
Vidéo : Paris Normandie
Mario Rigoni Stern
Monique Baccelli (Traducteur)/5 12 notes
Monique Baccelli (Traducteur)/5 12 notes
Résumé :
LES ARBRES de Mario Rigoni Stern ont la même beauté austère que les personnages de ses livres. Il n’en parle pas seulement comme un botaniste nourri de culture classique qui connaît toutes les vertus des arbres et de leurs fruits : il accroche aussi à leurs branches comme les boules d’un sapin de Noël, souvenirs d’enfance et de guerre, histoire de cet Altipiano au climat rude dont il est originaire. « ... et si, à la fin, j’ai réussi à vous communiquer un peu de mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1)
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Ayant lu Lointains hivers ( éditions Mille et une nuits) récit autobiographique de Mario Rigoni Stern (écrivain italien des plus populaires à présent décédé) où le bois revient en vrille, un bois porteur d'émotion car lié à des souvenirs (bois joyeux des premiers skis, bois brûlé pour bataillon de chasseurs alpins en déroute, bois échangé pour ne pas mourir de faim, four à bois dorant les pommes de terre d'un couple amoureux), on ne peut qu'apprécier Arbres en liberté où l'auteur revient arbre par arbre (de son propre jardin ou de la forêt alpine italienne) sur son amour des arbres." Un amour né du jour où l'on a demandé aux écoliers d'Asiago de repiquer des jeunes plants d'épicéas pour masquer les clairières nées sous les roues des chars et la bourées sous les obus". Un amour animé du désir de reconstruction. Chaque arbre cité est relié à des références littéraires (citations de Tchékov, Pline l'ancien..), est mis en valeur (ex:l'épicéa est utile pour fabriquer les mâts des voiliers, le pin sylvestre pour les calames, l'if est sculpté..),est relié à une symbolique (ex:le tilleul arbre de la justice) à la mythologie ou à un souvenir. Arbres en liberté est surtout à visée écologique!
Citations et extraits (5)
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Un voyageur venu de la lointaine Sibérie, où pousse le "Larix sibirica", a raconté que certaines populations primitives le considèrent comme un arbre cosmique, par où le Soleil et la Lune descendent sous forme d'oiseaux d'or et d'argent.
(Larix sibirica ou Mélèze de Sibérie)
(Larix sibirica ou Mélèze de Sibérie)
Lorsque j'étais enfant, dans le monde végétal, ce n'étaient pas les bouleaux qui attiraient mon attention ; les arbres qui me fascinaient c'étaient les mélèzes et les grands sapins et, parmi les arbustes, le saule des chèvres et le cytise que je recherchais en bordure des prés pour y trouver des fourches de lance-pierres ou des bâtons pour fabriquer l'arc et les flèches de nos jeux.
Les bouleaux, je ne comprenais pas leur beauté ; au printemps nous jouions près d'eux quand la neige fondait, sans même lever les yeux vers leurs célestes branches. Et la coutume de nos ancêtres, qui en mai déclaraient leur amour aux jeunes filles du village en déposant des branches de bouleau à peine écloses devant la porte de leur maison, s'est perdue au contact de la civilisation méditerranéenne.
Les bouleaux, je ne comprenais pas leur beauté ; au printemps nous jouions près d'eux quand la neige fondait, sans même lever les yeux vers leurs célestes branches. Et la coutume de nos ancêtres, qui en mai déclaraient leur amour aux jeunes filles du village en déposant des branches de bouleau à peine écloses devant la porte de leur maison, s'est perdue au contact de la civilisation méditerranéenne.
Quand je rencontre un arbre déraciné par le vent, ou fendu par la neige, ou rongé par un loir, ou mordu par un cerf, j'en suis peiné ; mais quand je vois une écorce gravée par un couteau barbare ou un arbre abattu par une hache clandestine, j'éprouve amertume et rage car si c'est une preuve de civilisation de cultiver les bois, c'est une régression et un acte de sauvagerie que de les dégrader et de les détruire.
En 1888, Tchekov écrivait:"Tous ceux qui ont des connaissances scientifiques comprennent qu'un morceau de musique et un arbre ont quelque chose en commun,que l'un et l'autre sont créés par des lois également logiques et simples."
L'amour que l'auteur porte aux arbres est peut-être né du jour où l'on a demandé aux petits écoliers d'Asiago de repiquer de jeunes plans d'épicéas pour masquer les clairières nées sous les roues des chars et labourées par les obus.
Monique Bacelli
Monique Bacelli
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