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Lorand Gaspar (Traducteur)Armel Guerne (Traducteur)
EAN : 9782020867948
223 pages
Seuil (01/05/2006)
4.29/5   54 notes
Résumé :
" Nulle part, ô bien-aimée, le monde ne sera comme à l'intérieur de nous-mêmes. Notre vie s'use en transfigurations. Et de plus en plus mince, le dehors, disparaît. "

L'écriture des Elégies de Duino, débutée entre Venise et Trieste en 1912, fut achevée dix ans plus tard en Suisse, en même temps que la rédaction des Sonnets à Orphée. Dans ces poèmes, la mort n'est plus seulement le " fruit qui mûrit à l'intérieur de la vie ", mais " la face cachée de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je viens de terminer une première lecture de ce recueil de poemes. C'est une très agréable decouverte. Mais je pense que la traduction peine à rendre fidèlement la version originale. Malheureusement, à moins d'apprendre l'allemand, je devrai m'en contenter. Je ressens, à la lecture de ces poèmes, une grande émotion. Les élégies sont, selon le Larousse, des poèmes centrés sur les thèmes de la mélancolie, et de la mort, thèmes qui me sont chers. L'homme, face à son destin, n'est que de passage sur cette terre.
Il faut souvent relire ces strophes, à voix haute, pour s'en imprégner. Il s'en degage une réflexion sur le passage du temps, et la mort.
C'est un livre que je vais certainement relire souvent.
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Frustration. Il faudrait le vivre en allemand. Je vois le texte original, y saisit des mots au vol, des bouts de phrases, puis je lis la traduction, souvent en me disant que ce n'est pas cela, qu'en allemand, c'est plus simplement dit, que traduire la poésie est impossible, que le langage de Rilke demeure fondamentalement étranger à mon esprit francophone, qu'il y a trop d'abstraction et de pensée dans ce que je voudrais concret, rapide, sonore et limpide. Comme souvent, un poète passe, intouchable et lointain, comme un ange, et je reste sur les planches, albatros qui ne pige rien au brûle-gueule des mots qui donnent la nostalgie d'avant Babel.
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Pour cette chronique, je choisis donc l'esquive et prends le parti de comparer deux traductions : celle de J.-F. Angelloz chez Flammarion, et celle de Roger Lewinter republiée récemment aux Éditions Héros-Limite.
Concernant le contenu, la traduction de J.-F. Angelloz et la restitution de R. Lewinter sont très différentes. Si celle de J.-F. Angelloz est très fluide, très « française », celle de R. Lewinter accroche d'avantage le regard et perturbe le lecteur. Elle nécessite d'avantage d'attention à la lecture, il faut reconstruire le sens des phrases qui n'est plus donné aussi facilement que dans le texte d'Angelloz. R. Lewinter a visiblement souhaité s'attacher à la métrique, il a souhaité conserver, coûte que coûte, le nombre de pieds de chaque vers de R. M. Rilke. Les conséquences s'en ressentent sur les constructions de phrases. le sens du texte devient beaucoup plus difficile à saisir pour un francophone, et nécessite d'avantage d'attention de la part du lecteur.
Lien : http://synchroniciteetserend..
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Une jolie découverte que ce recueil de poèmes bilingues ; j'ai pris grand plaisir à découvrir ce poète dont certaines élégies ou sonnets m'ont plus touchée que d'autres.

J'ai tenté de le lire en allemand, certaines parties sont d'une difficulté inouïe tandis que d'autres sont plus faciles d'abord, bien qu'il soit difficile d'en saisir la finesse...Lorsque j'ai pris le temps de comparer la traduction française et le texte original, j'ai été surprise de constater les différences, même si je les comprends mieux à la lecture des quelques critiques très intéressantes qui développent la problématique à traduire l'allemand, et les différentes écoles qui s'y prêtent.

Il me semble que Rilke a également écrit en français, je me pencherais sûrement sur ces oeuvres pour mieux le comprendre...Et retenter de le lire en allemand !
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
LA DEUXIÈME ÉLÉGIE
...
Amants, - accomplis l'un dans l'autre -, je vous demande
qui nous sommes. Vous vous saisissez.
Avez-vous des preuves? Voyez, il arrive que mes mains se rencontrent
ou qu'elles abritent l'usure de mon visage.
Cela me rend conscient quelque peu.
Pourtant, qui oserait être pour si peu ? Mais vous
qui grandissez dans l'extase de l'autre jusqu'à ce que, vaincu, il vous implore :
assez ;
vous qui vous enrichissez sous les mains de l'autre comme le raisin des bonnes années ;
vous qui, parfois, vous abandonnez, seulement parce que l'autre prend le dessus,
je vous demande qui nous sommes.
Je sais, vous vous touchez avec tant de bonheur,
parce que la caresse vous préserve,
parce que l'endroit que vous couvrez tendrement ne se dérobe point,
parce que sous elle vous pressentez la durée absolue.
Ainsi vous promettez-vous l'éternité, presque dès l'étreinte,
pourtant, lorsque vous surmontez la frayeur du premier regard,
l'attente près de la fenêtre, et les premiers pas ensemble une fois
à travers le jardin : amants est-ce encore vous ?
Quand vous portez une bouche vers l'autre et l'y appliquez pour boire,
oh, comme il échappe étrangement à son acte celui qui boit !
La prudence des gestes sur les stèles attiques ne vous a-t-elle jamais étonnés ?
Amour et adieu, étaient avec tant de légèreté posés sur les épaules,
qu'ils semblaient faits d'une autre étoffe que chez nous.
Rappelez-vous les mains, comme elles reposent sans poids
alors que les torses sont bâtis puissamment.
Maîtres d'eux-mêmes, ils savaient: nous sommes cela,
et ceci, de nous toucher ainsi, nous appartient ;
les dieux nous saisissent avec plus de force. Mais c'est affaire des dieux.
Puissions-nous trouver, nous aussi, une parcelle de terre fertile
qui nous appartienne, claire, étroite et humaine,
retenue entre courants et rochers.
Car notre propre cœur nous dépasse toujours, comme celui des anciens.
Et il ne nous est plus donné de le reconnaître dans des images apaisantes,
ni dans des corps divins, où plus grand
il se contient.

Traduction de Lorand Gaspar



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Neuvième Élégie - extrait
     
Mais parce qu’être ici est beaucoup,
qu’apparemment tout ici a besoin de nous ; ces choses éphémères,
étrangement, nous concernent.
Nous, les plus éphémères.
Une fois chaque chose, seulement une fois.
Une fois et jamais plus. Et nous aussi
une fois. Jamais plus.
Mais ceci, avoir été une fois – même si ce ne fut qu’une fois –
avoir été de cette terre, cela semble irrévocable.
     
     
Elle fut commencée à Duino en mars 1912, la majeure partie du texte date du 9 février 1922 au château de Muzot.
     
Traduction de Lorand Gaspar [pour les Élégies], p. 79-81.
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Traduction du premier sonnet par J.-F. Angelloz

Alors un arbre s’éleva. O pure élévation !
O chant d’Orphée ! O grand arbre dressé dans l’oreille !
Et tout se tut. Pourtant, au sein même de l’unanime silence
s’accomplit un nouveau recommencement, signe et métamorphose.



Des animaux de silence s’arrachèrent à la forêt,
claire et libérée, des gîtes et des nids ;
et il apparut alors que ni la ruse,
ni l’angoisse ne les rendait à ce point silencieux,



Mais le désir d’entendre. Rugissement, cris et bramements
semblaient petits dans leurs cœurs. Et là ou jusqu’alors
il y avait à peine une hutte pour accueillir un tel chant,



un pauvre abri, né du plus obscur désir,
avec une entrée dont les montants tremblent,
là, tu leur créas dans l’ouïe des temples.
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Traduction de R. Lewinter



Un arbre, là, monta. O pur surmontement !
O, or, chante Orphée ! Arbre, dans l’oreille, haut !
Et, tout, fit silence. En ce silence pourtant,
départ s’engageait autre, commencement, signe !



Bêtes d’impassibilité, de nids, de gîtes,
éparse, claire, de la forêt débuchaient,
et il advînt, que, là, non, en elles, de ruse,
non plus que de crainte, si légères, étaient,



mais, d’entendre. Petits, en leur cœur, paraissaient,
rugissement, brame, cri. Et, à peine encore,
qui cela, reçût, où même n’était de hutte,



à notre soin le plus obscur, refuge donné
qui, ouvert, tel branchage, frémissant se dresse,
là, un temple tu leur créas, dedans l’ouïe.
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Quatrième élégie

Arbre de la vie, à quand votre hiver ?
Nous ne sommes pas accordés.
Ni avertis comme les oiseaux migrateurs.
Dépassés et tard, nous nous levons soudain dans le vent
pour retomber plus loin dans l'étang indifférent.
Conscients de fleurir et de flètrir en même temps.
Et quelque part marchent encore des lions,
ignorant toute faiblesse dans leur magnificence.
(...)
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