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Critique de berni_29


Lettres à un jeune poète, ce sont dix lettres écrites par Rainer Maria Rilke entre février 1903 et décembre 1908, lettres adressées à un jeune homme qu'il ne connaît pas et qui a sollicité un conseil auprès de l'écrivain âgé de vingt-huit et déjà célèbre, un certain Franz Xaver Kappus, ce jeune homme souhaitant consacrer son existence à la poésie.
Ces lettres ont été publiées à titre posthume.
Elles sont d'une beauté lumineuse, éblouissante, généreuse. Il y a la manière et la matière, on y ressent l'élégance et l'empathie d'un auteur.
Non seulement il m'a semblé indispensable de lire ces Lettres à un jeune poète, mais il me semble également indispensable de les relire plusieurs fois au cours de son existence, sans doute pas trop tôt, attendre un peu que le moment de la vie s'y prête... Et alors, y aller... Tiens ! Je dirais même que ce serait une magnifique idée d'offrir ce livre à un être qui est vous est proche et cher. Pourquoi ?
Parce que derrière la beauté de ces lettres, il y a nos propres vies, ce que nous tentons d'y mettre, d'où nous venons, où nous allons, si jamais nous savons répondre à ces deux questions.
Ici il est question de solitude, la solitude de l'artiste, de distance, celle entre l'artiste et les autres, de création littéraire... Et brusquement, je me suis aperçu que cela touchait aussi autre chose, tout simplement la vie, nos vies, nos tâtonnements, nos errances, nos besoins de respiration... La manière de lire ces lettres en 1903 ou en 2019 n'est peut-être pas la même. La manière de refermer le livre et de reprendre pied dans sa vie, par contre, me semble d'une portée universelle.
Le ton est d'une très grande courtoisie, bienveillant, pour autant il n'est jamais chaleureux. Mais il n'y a jamais la condescendance qu'un artiste pourrait avoir à l'égard de quelqu'un qui l'admire. C'est presque une voix penchée sur l'épaule d'un jeune homme qui cherche à découvrir le chemin de sa vie, une voix posée à bonne distance.
Justement, cette invitation à une solitude infinie, à savoir prendre la bonne distance, prend tout son sens dans une société dissonante, bruyante, dérisoire à certains moments, où beaucoup d'entre nous sont en quête de sens. Lire et relire ces lettres est une manière, peut-être, de tenter de retrouver du sens à notre existence...
Je vous vois déjà venir avec vos gros sabots : ah ! encore un livre sur le développement personnel ?! Oui, pourquoi pas si l'on considère que les philosophes grecs, déjà, nous ont transmis l'essentiel sur la manière de bien vivre et se poser les bonnes questions. D'autres comme Montaigne, Spinoza, Pascal, Nietzsche, ont emprunté leur pas. Tiens donc, Nietzsche... Un point commun avec Rilke, ils ont aimé la même femme : Lou Andreas-Salomé. Rilke n'était pas philosophe, il était un poète. Mais est-ce bien différent, s'agissant de la poésie de Rilke ?
Ces dix lettres sont belles, splendides, bouleversantes, facilement accessibles alors que la poésie de Rilke l'est sans doute moins. Rilke les a-t-il écrites pour Franz Kappus, pour lui-même, pour nous, pour la postérité ? Qu'importe au fond... Nous en tirons la joie et la grâce de les déplier à l'infini.
Les tentatives poétiques de ce jeune apprenti poète sont vaines aux yeux de Rilke. Il le dit franchement, mais il le dit en y mettant les formes. Il argumente, il développe, il fait un pas de côté pour le dire et c'est beau.
Ces lettres sont une merveilleuse éloge de la solitude et de l'errance. Une forme d'initiation, d'apprentissage à la vie. Chaque lettre est un chemin. C'est une joie de cheminer dans ces lettres. C'est une joie aussi de vous donner envie de visiter ces lettres.
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