Citations sur Jour bleu (29)
Ce n'est plus qu'une impression : autour d'elle, du monde, de plus en plus, des valises, des mallettes, des manteaux à la main, le bruit saccadé des talons frappant le sol, des départs et des destinations. Sur la grande horloge, l'aiguille du temps brille et progresse, imperturbable. Les numéros des quais s’affichent, les sonneries retentissent et une foule matinale et compacte se met en branle. Le mouvement semble continu et prend de la vitesse. Les ombres se bousculent. Peu importe où ils vont, ces hommes et ces femmes sont déjà ailleurs.
Un jour, j'ai écrit à Christian Bobin et lui ai raconté cette anecdote. Il m’a répondu une longue lettre à l’encre noire sur papier blanc. À la fin de ce précieux courrier, cette phrase figurait: «Lire, c’est toujours venir en aide à quelqu'un. Soi-même, les autres ou tous ces fantômes qui nous sont chers et sans lesquels notre vie paraîtrait moins réelle. p. 135
Ma tête à couper, on est tous pareils. On ne rêve que de cela. D'un amour qui sait ce qu'il est. D'un amour qui ne demande rien. D'un amour tout court. Prêt à justifier la plus longue des attentes. Le reste? Le reste, franchement, je ne vois pas.
J'attrape au vol un peu de paix, nous échangeons des paroles toutes simples, des paroles douces que je ne cherche même plus à comprendre, mais qui coulent comme du miel, comme la pluie ou l'eau des fontaines, et me rendent à cette unique espérance que demain, tout ira bien.
De sa sacoche vieillie dépassaient des magazines, des feuillets abîmés, noircis de notes mystérieuses, et un livre de poche écorné. Je le soupçonne de lire trop vite. De lire trop vite comme on peut faire l'amour trop vite, en étant empressé, excité, fasciné par l'histoire nouvelle, mais en sachant que le livre est là, que l'on pourra y revenir, le regarder en face et l'habiter encore.
Une femme attend un homme au train bleu Gare de Lyon. La scène semble banale mais l'auteure nous emmène dans les réflexions profondes de son personnage grâce auxquelles on découvre les débuts de cette relation, son histoire plus ancienne, ses envies. Une femme en liberté qui arrive volontairement très en avance à la gare pour prendre le temps, s'accorder ce moment suspendu.
Un livre magique.
Un jour, ele a craqué. Elle a perdu des kilos, elle n'avaitplus faim, elle était épuisée. Parvenue a L’extrémité de ses forces D'un seul coup, sa santé s'est dégradée Couchée sur son lit, dans le creux du matelas, chaque mouvement lui était douloureux Le jour passait à la nuit, elle ne dormait pas, la bouche seche, le coeur lound, elle n'était plus qu'une masse inerte, sans nom, sans consistance. sans désir, C'est une maladie qui vous tombe dessus parait-il : plus rien ne fonctionne, c'est aussi absurde que cela et on nc peut pas savoir combien de temp cela va duret.
Ce cafë est-il renseigné dans les guides ouristiqes comme le meilleur endroit pour se quiter dans Paris Personne nest prèt pour cela. On attend, on cherche comment arrondir des angles deja effrités, on ne dit rien, puis un jour vient la débâcle. On a beau essayer de se rattraper commme un chien mendiant ses caresses, cest trop tand. Ce couple vole en éclat de l’intérieur
Elle s'est contentée de courir jusqu'ici, d'arriver en avance, très en avance même, dans un mouvement superbe d'abandon et d'entêtement futile, bras ouverts à la récolte. Elle n'entend pas le vent souffler au-dehors, ni la pluie fine glisser sur le toit. Elle ne se souvient pas de l'orage de cette nuit. Elle ouvre les boutons de sa veste pour faire respirer sa peau, alléger la boule au fond de son ventre, cette petite douleur lancinante que l'on ressent devant ce vide, ce vide qui n'évoque rien de rassurant. Il lui suffirait d'une seconde pour faire volte face mais elle refuse d'être totalement effrayée par le risque qui se tient droit devant elle et la toise à quelques heures à peine de leur supposé rendez vous.
Coup de coeur pour ce huis clos dans une gare. Une femme attend un homme, au café de la gare "Le train bleu". Elle devient alors spectatrice de la vie des passants, décrivant avec finesse la psychologie humaine. Les autres raniment ses propres souvenirs : son enfance, sa famille, sa romance avec le photographe. Aurelia ringard signe un premier roman extrêmement poétique de bout en bout sur l'amour, l'attente.