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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jeanine n'est pas abonnée à l'ennui. C'est certain.
Retraitée de l'enseignement, elle se retrouve seule.
Son mari a quitté le navire. Sa fille a quitté le nid et vient souvent la rencontrer. Oui, la rencontrer et pas seulement lui rendre visite distraitement.
Elle observe sa mère au point d'en dresser un portrait chapitre par chapitre.
Jeanine a une personnalité riche intérieurement. elle note des phrases, des formules à creuser, en post-it sur son frigo ou ailleurs.
La plus importante qui revient en fin de récit : "Qu'est-ce qu'une vie réussie"...
Jeanine marche aussi, longuement en regardant les gens, en laissant traîner ses oreilles, en leur parlant, en les ramenant chez elle et leur cuisine des crêpes quand ils éveillent son intérêt ou quand ils en ont besoin. Ils sont décrits dans les chapitres et certains sont très colorés ou craquants avec parfois un passé, un présent bien lourds.
le dernier chapitre, très important dresse la conclusion de cette vie remplie d'écoute des autres, des siens.
Une vie toute simple mais qu'elle a su rendre très riche, très agréable, heureuse intérieurement et extérieurement.
C'est le récit de sa fille mais...une mère ne ment pas à sa fille . On peut donc la croire.
J'ai noté 3,5 étoiles et pas plus car j'aurais voulu que les faits soient plus liés mais j'ai lu un livre qui apporte une vraie réflexion.
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Quand on abandonne toute ambition, toute prétention au pouvoir ou à l'emprise sur autrui, on n'en est que plus heureux.
La simplicité aide à vivre. La maman de Blandine Rinkel est une femme simple, et par là-même, unique.
Elle est libre, aussi. Elle agit à sa guise, sans chercher à influencer quiconque, mais elle fait le bien. Elle regarde les gens, elle les écoute. Et ça, ce n'est pas fréquent !

Ce livre est un portrait, un beau portrait de femme dessiné par sa fille. A coup de chapitres très courts, l'auteure dresse l'image d'une petite bonne femme qui n'en impose pas, mais qui ne se laisse pas faire non plus. Professeure d'anglais à la retraite, elle accueille chez elle les étrangers, qu'ils soient « bons » ou « méchants ». Les vacances, pour elle, c'est rencontrer plein de gens, et pas visiter des pierres. Elle croit en l'être humain, dans sa bienveillance naturelle, qu'elle soit fondée ou non.

En fait, je m'attendais à un roman, et j'ai été surprise et un peu déçue au début. Mais je me suis laissée charmer par cette femme toujours guillerette et si libre. Ce n'est pas souvent qu'on rencontre des gens aussi purs et aussi dénués de prétention. Un beau modèle, vraiment !
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"L'abandon des prétentions", c'est l'histoire de Jeanine, contée avec beaucoup de tendresse par sa fille. Jeanine, 65 ans, est une retraitée active, un peu excentrique, un peu naïve, mais surtout profondément gentille, qui accueille, écoute, réconforte tous ceux qu'elle croise. Une femme sans prétentions, qui apprécie les choses simples, et s'est créé son petit monde à elle. Et on aurait finalement bien envie de l'y rejoindre, tant ce petit monde respire la douceur de vivre, l'humanité et la bienveillance. Un premier roman vraiment charmant, drôle et émouvant, tout en délicatesse.
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Blandine Rinkel est née en 1991 à Rezé, Loire-Atlantique. Très talentueuse, elle est à la fois musicienne, journaliste, danseuse, ... mais aussi écrivaine : L'abandon des prétentions, publié aux éditions Fayard, est son premier roman. Ce roman n'est pas une fiction : le portrait de Jeanine est celui de la mère de l'auteur vivant dans une maison de 200 m² étalés sur trois étages dans la commune de Rezé, précitée.
Qui est donc Jeanine, cette femme que l'auteur et narratrice appelle "ma petite mère" ou encore "ma mère" ? Pourquoi la narratrice admire sa mère autant qu'elle semble la mépriser?
Tout au long du livre c'est, en effet, la naïveté - plutôt que la bonté - du personnage de Jeanine qui est passée en revue.
 
"Ce n'est pas la première fois qu'elle agit ainsi, dans la cuisine de mon enfance, cette cuisine aux ustensiles fuchsia et aux placards tapissés d'une peinture cuisse de nymphe, ce n'est pas la première fois que, dans cette pièce rose, avec l'enthousiasme d'un enfant organisant sa première tombola, elle accueille des immigrés espagnoles rencontrées au Super U, un travailleur de chantier recherché pour violence conjugale et qui a des yeux, mais des yeux...!, une Russe dont la boulimie chronophage l'empêche d'apprendre le français et des dizaines de petits garçons de 70 ans qui noient leur racisme dans l'alcool. Sitôt à la retraite, Jeanine avait appris l'arabe ('la langue du moment!') pour multiplier les rencontres de cette espèce, se sentir concernée par les conflits internationaux et , je crois, charmer les vendeurs de structures de vente Emmaüs qui, en dépit de, 'leur vision abjecte de la femme', la font drôlement rire quand elle les visite certains mercredis, avant sa séance de gymnastique."
Mais on peut lire en négatif du portrait de Jeanine l'autoportrait de l'auteur. Celle-ci se définit a contrario de sa mère qui s'est toujours satisfaite de sa situation tant par manque de confiance en elle que pour défier une société de l'image où chacun doit toujours se montrer sous son meilleur jour voire et surtout montrer plus que ce qu'il n'est.
On sent ainsi entre les lignes une certaine jalousie de l'auteur (plus que de l'admiration) qui, semble-t-il, ne peut vivre cette même indépendance.
"Près des ustensiles de couleur tendre, n'avait-elle pas d'ailleurs senti la belle âme de ce jeune homme, dont le seul défaut flagrant consistait à posséder un oeil qui disait merde à l'autre?" 
Quand au mépris que la narratrice semble porter au personnage de Jeanine, apparaît être le reflet d'une partie d'elle-même qu'elle n'aurait pas su accepter, un caractère aux nuances "paysannes" peut-être. D'ailleurs cela ne se retrouve-t-il pas dans le style d'écriture? Deux pôles s'affrontent dans cette écriture : les tournures et expressions rudes et crues prennent souvent le pas sur la recherche de la délicatesse. Est-ce délibérément que l'auteur aurait construit son roman ainsi? Rien n'est moins sûr.
Dans ce roman vous rirez surtout, mais vous serez peiné lorsque le naïveté excessive de Jeanine se fera abusée.
 
J'ajouterai enfin, que s'agissant du premier roman de l'auteur il me fait penser à un roman dont la critique est également sur ce blog : L'affaire du siècle. http://chrisylitterature.jouglar.eu/laffaire-du-siecle-marc-reveillaud/. Les deux adultes ont grandi dans une société de l'image exacerbée. Les parents, tous deux ayant subis un divorce font figure d'une autorité bâclée, et l'enfant devient adulte très jeune dans l'espoir de s'émanciper de cette enfance qui l'a déçue. Des sentiments tels que le ressentiment, le mépris affrontent l'admiration et l'envie. le sentiment d'amour se trouve gangrené, l'individu névrosé. le ton des deux romans sont toutefois différents : celui de Blandine Rinkel est très rosé.
 
Voici donc mon bilan : ce livre est un diamant brut. Il vous mettra sûrement mal à l'aise mais vous ne pourrez le lâcher avant d'avoir lu la dernière pensée que l'auteur aura exprimé sur sa paradoxale et énigmatique "mère".
Lien : http://chrisylitterature.jou..
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Jeanine a tout de la mère « tout-le-monde ».
Ce premier roman, lui, n'a rien d'un livre banal et au final, Jeanine non plus.
Non, elle n'abandonne pas ses prétentions… elle les modifie, les tourne, pour les diriger vers les autres, avec ce mélange de sincérité et d'inconscience.
Elle aime les gens, tous les gens.
Sa cuisine devient lieu de rencontres et de confidences. de gentilles confrontations aussi, parfois.
Et à l'inverse de cette jeune retraitée, l'écrivaine reste à bonne distance de son personnage/de sa mère.
Comme pour poser sur elle un regard encore plus franc, jamais dénué de tendresse.
Et les mots ressemblent aux post-its dont Jeanine ne peut se départir.
Des post-its comme des fenêtres sur la vie, sur le monde entier.
Et sur une femme incroyable.
Une véritable réussite !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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"Qu'est-ce qu'une vie réussie?"

Blandine Rinkel nous brosse ici le portrait intime de sa mère Jeanine.
Jeanine, femme brune et ronde de 65 ans, vit seule depuis le départ simultané de sa fille et de son mari. Professeur d'anglais retraitée, elle habite dans une banlieue sans grand intérêt près de Nantes.

Jeanine note ses pensées, des phrases attrapées au vol, des citations sur des post it roses qui ornent son frigo, les portes de placards de sa cuisine...
C'est une femme curieuse qui aime aller à la rencontre des gens "aimantée par tous les étrangers qu'elle croise." Pour découvrir le monde elle s'est depuis toujours intéressée aux individus étrangers à son monde, elle maîtrise de nombreuses langues et "aime fantasmer la vie des autres"
Elle a toujours fait preuve d'empathie pour les marginaux et le jour où elle a arrêté ses voyages à la rencontre des autres elle a transformé sa cuisine en "un lieu d'écoute sociale, en une salle des confidences." Sa porte est toujours ouverte pour accueillir autour d'un verre de cidre toutes sortes d'individus, émigrés, réfugiés... A une période elle va même jusqu'à héberger des ex-détenus.

C'est une femme généreuse qui économise pour pouvoir donner, avec" une générosité naturelle sans orgueil ni attente" elle va au secours de ceux qu'elle sent en difficulté mais n'aime pas par contre qu'on lui demande de l'aide.

Au fil du récit on découvre les failles de cette femme qui, issue d'un milieu rural et pauvre, a abandonné très vite ses prétentions de réussite et de reconnaissance sociale et a toujours souffert d'un gros manque de confiance en elle. "Contre la tyrannie des ambitions, elle a préféré affiner sa part sensible", c'est donc le portrait d'une mère "empêchée" que nous livre Blandine Rinkel.

Avec ses 65 courts chapitres qui reprennent des fragments de vie de sa mère, le récit est dynamique et vif porté par une bien jolie écriture. Blandine Rinkel nous fait découvrir une femme à la personnalité très attachante, insatiable de rencontres et de partage.
J'ai aimé cette femme aux belles qualités, j'ai aimé son humour, sa fantaisie mais j'ai aussi aimé la façon qu'a eue sa fille de s'approcher tendrement de ses forces et des faiblesses.
Elle analyse avec pudeur ce qui a un temps rapprocher ses parents si différents avant de les séparer, elle pointe ce qu'elle doit à sa mère dans la femme qu'elle est devenue et n'hésite pas à évoquer son agacement face à la sainteté de sa mère.
Blandine Rinkel a su trouver la juste distance pour brosser avec beaucoup de finesse ce portrait que j'ai trouvé juste, doux, grave et tendre.

Ce roman est en lice pour le Goncourt du premier roman avec Marx et la poupée de Maryam Madjidi, Un collectionneur allemand de Manuel Benguigui et Looping d'Alexia Stresi.



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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« Qu'est-ce qu'une vie réussie ? » Au bic, Jeanine recopie la question sur un post-it, puis, comme chaque jour, part marcher. Croisant, au cours de ses dérives, divers visages : un architecte syrien fuyant son pays, un danseur étoile moscovite, une mythomane espagnole…
Ne sous-estime-t-on pas, d'ordinaire, l'amplitude des voyages intérieurs suscités par ces rencontres fortuites ?
Sans doute fallait-il, pour en prendre la mesure, le regard d'un proche. C'est sa fille qui dresse le portrait de cette femme de soixante-cinq ans, en autant de fragments, composant un kaléidoscope où se confondent le monde et une mère. J'ai adoré ce livre. Portrait tendre, lucide, amusé, amusant d'une maman, Jeanine, par sa brillante fille, Blandine, parfaitement d'aujourd'hui, "aware", maîtrisant à merveille langage et écriture. Une bien attachante dame, cette Jeanine. Hors du temps, ouvertissime, foutraque, modeste, craquante. Un bien grand talent cette Blandine, née en 1991. Est-ce parce que je me suis retrouvée dans l'agaçante et joyeusement pessimiste maman que ce portrait m'a tant touchée ?
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