🐺Chronique🐺
« Tu peux dégager, si tu veux. »
Mais enfin, reste un peu, quand même. Si tu veux, je te parlerai de nuages noirs, de danse contemporaine, de souvenirs bleus...Mais tu peux dégager. Tu pourrais, effectivement. Personne ne te force à rester, et pourtant, tu sais que la curiosité, l'intensité de la joie, et cet élan ambigu qui nous pousse
Vers la violence est une force attractive, à elle seule. Attrayante autant que repoussante. Je sais donc, que tu vas rester. Parce que c'est comme ça, l'appel du loup, de la forêt, de la mer ou de la violence est incroyablement ensorcelant. Lou m'a racontée, et j'ai voulu rester. Rester pour comprendre, comment on aime et on repousse un père. Comment on (s') éprouve à la sensation du couteau, comment on sort de l'oedipe, comment on devient déesse virile…Comment on enlève la tache…Et plus je regardais Lou, plus j'apprenais. Plus j'étais connectée avec la synchronicité, le loup, le reflux, et plus, je restais. Je ne voulais pas dégager. Je regardais Lou se défaire de sa construction, de ses douleurs, de ses sensations, pour aller, ailleurs, que Vers sa violence…Et c'était envoûtant.
La violence. Instantanée. Instinctive. Acquise. Dans les mots, dans l'emprise, dans le souffle, dans le sang, dans l'histoire…Parce que le loup, n'est jamais loin de l'homme, il se joue des guerres inévitables... À la tête, au coeur, au bout des doigts, Mordante, est la vitalité de la violence. Mais qu'est-ce qu'on fait de cela, quand elle s'immisce dans la relation père-fille?…Qu'est-ce qu'on fait d'un héritage et de l'augmentation? Parfois, on l'aiguise, comme Lou, et c'est ce qui m'a fascinée. La pointe du couteau, effilée, qui écrit la rupture. le tranchant obligatoire et nécessaire de la virilité filiale pour accéder à la puissance résiliente de la féminité. Se retrouver Inné-vitablement vivante, sur une page blanche, au creux d'une vague, ou dans un jeté exaltant…
J'ai aimé le trouble qui transparaît, de ce roman. L'ambivalence qui se trouve dans l'intimité de cette relation entre Lou et Gérard ramène la part d'animalité en chacun d'eux, mais forme le message et la transmission. Quelque chose qui se situe entre la faille, la répugnance et l'amour. Ni tout à fait compréhensible, ni fondamentalement pardonnable. J'ai admiré la femme qui se révèle dans ce magma d'énergies positives et négatives. La plume de
Blandine Rinkel est belle, évocatrice, sensorielle. Elle remue de l'intérieur toutes sortes d'émotions tues, rouvrant ça et là, les blessures et les désillusions de l'enfance, pour peut-être que l'on accède à un petit moment exceptionnel d'être, « plus que vivant », le coeur, un petit plus que palpitant…Et le loup du dedans, tu le sais, qui s'étire, de joie excessive…Tu peux dégager maintenant, je pourrais bien mordre, mais non sans te recommander, la gueule bien ouverte, de t'en aller,
Vers la violence…
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