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EAN : 9782916136721
104 pages
Les éditions du Sonneur (09/05/2014)
4.75/5   2 notes
Résumé :
Le cerveau détruit par la maladie d’Alzheimer, Huguette réside désormais à l’hospice, dans la petite ville où elle est née et où elle a presque constamment vécu. Ses cousines, sa belle-sœur, sa voisine, une visiteuse catholique dres­sent son portrait, chacune à sa façon, chacune à son tour. Un portrait qui est en même temps le leur. Derrière les vertus proclamées de ces existences honorables, le ridicule, l’égoïsme, la méchan­ceté. Et il y a aussi les employés de l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"A ceux dont le métier est de prendre soin des vieux."

Comme c'est mon cas, ce livre m'est donc dédié. C'est la raison pour laquelle ma libraire indépendante préférée a pensé à moi en le recevant ce matin. Aussitôt acheté et rapporté à la maison, je me suis plongée dedans jusqu'à avoir tourné la dernière page.

Et même si chez nous, on ne parle pas simplement des vieux mais de vieux amis, ce que Marie-Noël Rio évoque de la vieillesse, des pertes de mémoire, de la vie en établissement, des réactions du personnel, de la famille et de l'entourage... ont largement fait échos chez moi.

Le sujet n'est pas réjouissant et ce d'autant plus que tout sonne très juste.
J'ai particulièrement apprécié la manière dont l'auteur s'en est emparée.
Depuis qu'elle a la tête dans les nuages, Huguette a quitté son domicile pour entrer dans une maison de retraite. Malgré son nom "Mon Foyer", elle a bien du mal à s'y habituer et ce ne sont pas les visites qui rythment son quotidien ni les activités qui adoucissent son regret de ne plus vivre chez elle et ce d'autant plus quand elle retrouve tous les autres résidents dans la salle à manger.

L'auteur donne la parole à tour de rôle à chaque personne qui entoure Huguette. Et on ne s'y perd pas du tout grâce à la description de chacun d'eux en début de roman. Et si notre tête à nous aussi a tendance à partir légèrement dans les nuages, il nous suffit de nous y reporter pour que tout soit à nouveau très clair.

J'ai bien apprécié le fait que l'auteur donne en premier la parole à chaque personnage. Elle a d'ailleurs intitulé ce chapitre "Dépositions" On découvre ainsi ce que chacun pense d'Huguette et ce qui les lie ensemble. Qui l'aime vraiment pour ce qu'elle est, qui profite d'elle, qui est en relation avec elle juste par obligation ou du simple fait des liens de famille...

Puis on passe à Huguette elle-même et c'est comme si je m'étais mise à sa place. Bien évidemment ce que certains personnages pensent être de l'altruisme est finement perçu comme de l'intérêt par cette dernière qui n'est pas du tout dupe.
C'est la première fois que je lis un livre où l'évolution de la perte de mémoire est évoquée de manière aussi lucide. Car certains passages de l'histoire sont évoqués plusieurs fois et Huguette ne les évoque pas de la même manière à chaque fois car entre temps son état s'est malheureusement dégradé.

Ne vous arrêtez pas au thème qui peut vous sembler rébarbatif car l'auteur a un réel talent. J'ai senti un profond respect et de l'amour pour nos vieux amis qui sont acceptés tels qu'il sont avec leurs forces et leur faiblesses. Et puis le livre se termine sur un très bel hommage rendu par Laure à sa belle-mère Huguette. Magnifique.

Pour moi ce livre constitue un nouveau vrai coup de coeur en matière de littérature sur le thème très porteur et d'actualité des personnes âgées.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
p. 9 "Même quand on a plus sa tête on souffre de solitude, c'est évident. Quelqu'un, qu'on le reconnaisse ou pas, c'est tout de même une présence humaine, une chaleur, une affection humaine. Même au fin fond de tout on est capable de sentir ça. Ceux qui n'ont pas de visites déclinent plus vite que les autres, c'est sûr."
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p. 53 "Elle s'est mise dans la positionne fœtus. Ils font tous ça les derniers temps. Quand ils sont en fin de vie. Ici on ne parle pas de la mort, c'est interdit par le règlement du personnel, on dit "en fin de vie". C'est plus doux. On n'aurait que la mort à la bouche, autrement, parce qu'ici il ne s'agit pas que de cela, de la mort, ou de la fin de vie comme on voudra. Quand on entre ici, c'est dans l'attente de ça, ce n'est pas pour se refaire une santé. Ici, c'est une usine de fin de vie. On s'habitue. C'est un travail comme un autre."
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p. 98 "Et puis vous n'avez plus écrit, vous n'avez plus parlé, vous vous êtes retirées au fond de vous, là où personne ne pouvait vous atteindre. C'est ce qu'on dit, ça rassure, et comment savoir ? Comment savoir ce que voyaient vos yeux, ce qu'entendaient vos oreilles, ce que sentait votre peau, quelles images faisaient frémir votre vieux corps exténué, quelles terreurs crier et gémir ? Si longtemps encore. Si longtemps où vous n'acceptiez pas de mourir, où vous vous êtes battue de toutes vos forces contre le néant qui vous cernait."
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p. 76 "Elle m'a transmis les salutations et les amitiés des dames du club de lecture et m'a proposé de m'apporter un livre par mois et de venir chercher mon compte-rendu. C'est très gentil à elle et je l'ai vivement remerciée. Mais je n'ai pas pu accepter : j'ai beau prendre des notes, j'oublie au fur et à mesure, à la fin d'un chapitre, j'ai oublié le début, et d'un jour à l'autre je ne sais même plus de quoi il est question dans le livre que j'ai en train."
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p. 15 "Et puis ces dernières années il a fallu la placer, elle avait perdu la tête, elle ne pouvait plus rester chez elle. Nous ne l'avons pas laissée tomber, nous avons continué à aller la chercher pour les fêtes, quoiqu'elle se soit assez rapidement dégradée et que la recevoir soit devenu de plus en plus problématique. Maintenant la question ne se pose plus, elle déraille complètement, on n'a plus le droit de la sortir."
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