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EAN : 9782357661370
Editions Les Echappés (14/09/2017)
4.33/5   9 notes
Résumé :
En 1997 : Maurice Papon est reconnu coupable de complicité de crimes contre l'humanité pour son rôle dans l'arrestation de 1 600 Juifs, alors qu'il était secrétaire général de la préfecture de la Gironde entre 1942 et 1944. Son procès aux assises a marqué les esprits. Parce qu'il a duré 6 mois.

Parce que de nombreux témoins ont été appelés à la barre. Parce qu'il n'était pas sans remémorer le procès de Klaus Barbie (1987), lui aussi accusé de crime c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le procès Papon, un fonctionnaire de Vichy au service de la Shoah, regroupe le remarquable travail de Riss (Laurent Sourisseau) qui était l'envoyé spécial de Charlie Hebdo – journal dont je suis un fidèle abonné - durant les six longs mois qu'a duré ce procès, du 8 octobre 1997 au 2 avril 1998.
Laurent Joly, historien, directeur de recherche au CNRS, a préfacé ce bel album, ouvrage indispensable permettant d'aller au fond du problème représenté par un homme qui occupa les plus hautes fonctions de la République française. En effet, s'il fut député, maire, préfet de police à Paris (1958-1966) et même ministre du budget sous Giscard, de 1978 à 1981, il fut secrétaire général de la Préfecture de Bordeaux, sous l'occupation, de 1942 à 1944.
Riss écoutait, observait, dessinait. Il était placé tout près de Papon et ne manquait pas de croquer ses mimiques, ses réactions véhémentes, sans oublier de noter ses réparties, tous en soulignant ses silences éloquents.
Ce procès arrive au bout de seize ans de procédure et c'est, en France, le troisième procès pour crimes contre l'humanité après Barbie en 1987 et Touvier en 1994. Les longs débats, le défilé impressionnant de frères, de soeurs, de fils, de filles, même de neveux et nièces de déportés jamais revenus du camp d'extermination d'Auschwitz, tout cela est bien rendu. Si, au premier coup d'oeil, la lecture des bulles qui s'enchaînent et semblent se mêler, peut paraître rébarbative, il suffit de se plonger dans le texte noté manuellement par Riss pour être absorbé, captivé, impressionné par tous ces témoignages souvent émouvants.
Malgré tout, Riss n'oublie pas ceux qui viennent défendre Papon. Ce sont souvent des amis ou des personnes qui ont exercé le pouvoir comme Mesmer, Barre, Guichard ou encore l'ancien préfet Doublet et même Amouroux, journaliste, historien. Pour eux, Papon n'est ni responsable, ni coupable alors que de nombreux documents viendront démontrer le contraire.
Le procès Papon est conté de manière vivante, bien illustré et tout est bien articulé et bien présenté. Cet album d'une grande qualité éditoriale s'articule en six grandes parties :
- le curriculum vitae de Papon : les témoins de moralité ; les historiens.
- Les organisateurs des persécutions anti-juives à Bordeaux.
- Papon au service des questions juives de la préfecture à Bordeaux.
- Les crimes contre l'humanité reprochés à Papon : déportation de Léon Librach, convois du 18 juillet 1942, du 26 août 1942, du 21 septembre 1942, du 26 octobre 1942, du 25 novembre 1943, du 30 décembre 1943, du 12 janvier 1944 et du 13 mai 1944.
- Papon et la Résistance ; Papon et l'épuration ; les associations parties civiles.
- Les plaidoiries des avocats des parties civiles ; le réquisitoire du parquet ; les plaidoiries des avocats de la défense ; le verdict.
C'est, bien sûr, la quatrième partie la plus importante. Malgré ses dénégations, il est prouvé que Maurice Papon ne pouvait ignorer le sort réservé à ces 1690 juifs de Bordeaux livrés aux SS pour Auschwitz. Cet homme, secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, bien secondé par un secrétariat efficace et toujours en relation avec les nazis installés dans sa ville, fournissait des listes, faisait même du zèle. Comme beaucoup d'autres, il n'hésita pas, à la Libération, à se faire passer pour un grand résistant…
L'ensemble de cet album n'est jamais monotone car Riss varie son récit avec des doubles pages, quelques touches de couleur, ajoutant des détails révélateurs et insérant des documents incontestables comme ces photos et articles parus dans Match en 1938 et 1940. Je regrette juste que ce livre ne soit pas paginé et qu'une table des matières ne recense pas les grandes parties de l'ouvrage.
Toujours pour rompre une certaine monotonie qui pourrait rebuter le lecteur, je remarque cette double page dactylographiée racontant l'hallucinant aller-retour de Marie Reille, envoyée à Auschwitz par Pierre Garat, subordonné direct de Papon, au Service des questions juives.
Enfin, comment ne pas s'attarder sur cette pleine page impressionnante avec un Papon, visage fermé, bras croisés - portrait sévère repris sur la couverture de l'album – l'homme est entouré par une cascade de mots résumant bien la vie de cet homme à la préfecture de Bordeaux.
« Pendant deux mois, la cour d'assises a examiné les neuf cas de crimes contre l'humanité reprochés à Maurice Papon. Pendant deux mois, la cour d'assises a résonné des mêmes mots, des mêmes expressions, revenant inlassablement. Pour exterminer 6 millions de Juifs, une vingtaine de mots suffisent… »
Le procès Papon, un fonctionnaire de Vichy au service de la Shoah, est un extraordinaire travail réalisé par Riss et je remercie Babelio et les éditions Les Échappés / Charlie Hebdo de m'avoir permis de plonger dans cette tragique période à n'oublier sous aucun prétexte.

PS : jusqu'au 3 mars 2024, au Mémorial de la Shoah, à Paris, une exposition présente : « Riss : le Procès Papon »

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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D'octobre 1997 à avril 1998, soit pendant six mois, Maurice Papon, ex-secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, ex-préfet de police de Paris, ex-ministre, va être jugé pour crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir participé entre 1942 et 1944 à la déportation de 1690 juifs de Bordeaux vers Auschwitz notamment. Durant ce procès, Papon et ses avocats vont nier toute responsabilité et feindre de ne pas savoir ce qui attendait les personnes juives déportées alors que dès 1941, les journaux et émissions radio diffusaient des reportages sur les camps de concentration. Au procès Papon, se succéderont hommes politiques, résistants, anciennes secrétaires de préfecture, déportés ou familles de déportés ; certains accusent, d'autres absolvent. Finalement M. Papon sera condamné à dix ans de réclusion pour complicité de crimes contre l'humanité.

J'étais curieuse de découvrir cet album qui illustre le procès de Maurice Papon sur ces pages sordides de l'histoire de la France sous l'Occupation.
Ce livre est pour moi assez atypique par sa construction en larges pages illustrées et en noir et blanc. Il alterne des représentations de journées du procès et des reproductions de journaux de l'époque, il est à la fois documentaire et "romancé" en quelque sorte.
Sa lecture est parfois complexe et très dense, il m'a fallu plusieurs jours pour découvrir cet album ; elle ne ménage pas la sensibilité du lecteur et privilégie la vérité historique avec justesse. Je salue ici le travail remarquable de Riss, un des seuls journalistes qui a assisté à tout le procès jour après jour. La préface de Laurent Joly, historien, est aussi intéressante et éclaire bien le contexte historique de l'Occupation.
Malgré toutes les dénégations de Papon, ses mensonges, son hypocrisie, on n'a pas de pitié pour ce personnage qui a envoyé à la mort tant d'innocents, prenant souvent seul lui-même ses décisions. Malgré son grand âge, dix ans c'est peu et certainement pas assez pour "racheter" la mort de tant de victimes.
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Des Papon dans la tête.
Paru en 1998, « le procès Papon » est réédité en 2017 avec des ajouts notables de documents d'époque et de dessins inédits. En couverture, Papon croise les bras et regarde de face. En arrière-plan, sur fond rouge, la préfecture de Bordeaux accentue l'aspect massif du vieil homme, bras droit d'une répression sans état d'âme.
Maurice Papon (1910-2007), haut fonctionnaire longtemps intouchable a été condamné, après six mois de procès en cour d'assises et 95 audiences, à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité. Il purgera trois années en prison avant de bénéficier d'une remise en liberté pour état de santé.
Adoubé par ses pairs (Wollinski, Gébé, Cabu), Riss est un dessinateur de presse exceptionnel, blessé lors de l'attentat contre Charlie Hebdo (7 janvier 2015) et toujours dans le collimateur d'une fatwa. Assidu de la salle d'audience, Riss n'en manquera pas une seule, crayon en main et regard aiguisé. Sismographe de la déflagration bien-pensante, le dessinateur croque à tout va et n'omet rien de ce qui se dit et se montre. Papon est en ligne de mire et ses gesticulations cabotines ne font que mieux accuser son narcissisme pervers.
L'ouvrage est dense, bourré de dessins et de dialogues pris sur le vif. Malgré un aspect chargé, les pages se lisent aisément et captivent. L'émotion devient palpable quand les parties civiles s'expriment. Papon, marionnette en roue libre, sûr de son fait et de sa personne, est inoubliable dans son rôle de notable bafoué et de fonctionnaire dépassé par les événements. Il pleure en choeur avec sa femme quand les convois de déportés partent pour Auschwitz et ses larmes cautionnent l'amour du travail bien fait.
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BD publiée en 1998, rééditée en 2017, Riss livre un travail remarquable sur le procès Papon qui se déroula entre 1997-1998.

C'est un ouvrage dense, et documenté. Les dessins sont extrêmement réalistes à l'image de croquis de prétoire. le lecteur est immergé au coeur du tribunal entre le bourreau, ses défenseurs, les victimes et les parties civile, pourtant 26 ans se sont écoulés depuis la fin des débats...

Le récit est sans concession. Certains témoignages sont aussi rudes à lire que dans un livre. Il m'a parfois fallu faire des pauses. Les extraits de pièces à conviction et de journaux d'époque donnent à cet ouvrage une dimension qui va au-delà de la BD classique.

Les choix de dispositions des personnages très variés, la quasi monochromie des dessins, l'organisation des dialogues, la scénographie des planches concourent pleinement à l'intensité ressentie à la lecture de cet ouvrage.

Un grand bravo à Riss !
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BD reçue via une masse critique Babelio.
C'est une période et un des moments historiques qui m'intéresse sincèrement.
C'est un sujet difficile ; il est aussi difficile à traiter en BD.
Je trouve qu'au-delà du sujet et du traitement, la BD n'est pas le bon support pour ça.
Trop de texte, pages trop chargées. La lecture devient poussive.
J'ai apprécié les encarts de “vrais journaux” et les photos ajoutées à la BD. Cela ancre le moment dans la réalité.
La mise en page est dure et belle.

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
On nous avait dit : « De grands résistants vont venir soutenir Papon au procès. » En fait de résistants, c’est tout « Le Figaro magazine » qui a défilé à la barre. Membres de la haute finance, hauts fonctionnaires, patrons, tous sont venus soutenir un des leurs, un de leur espèce, de leur caste, de leur classe sociale. SANS RIEN CONNAÎTRE AU DOSSIER ! Où est la Résistance là-dedans ? Réaction féodale et automatique d’une classe habituée à diriger, venue faire la morale aux enfants des cordonniers, des chiffonniers et brocanteurs juifs de Bordeaux, déportés par Papon et exterminés à Auschwitz.
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Mais ce qui est grave, c’est que la cour n’a pas retenu la complicité d’assassinat. En d’autres termes, pour la cour, Papon ne savait pas que tous les Juifs qu’il déportait seraient assassinés et ce, malgré tous ces débats où Papon s’est si souvent trahi et a dévoilé sa connaissance du « sort cruel ». Les apôtres de Vichy auront beau jeu d’exploiter cette décision pour l’appliquer à Vichy. Mais déjà, la salle se vide. Tout est fini. Je passe devant Papon et observe une dernière fois le visage terrible du cynisme.
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Des échappatoires, il y en a eu. Une marge d’autonomie existait pour l’administration car elle existait pour le gouvernement. C’est le fondement de la collaboration.
Les Allemands notent dans leurs rapports : « La coopération de l’administration française a dépassé ce qu’on pouvait attendre d’un pays occupé. »
En terre chrétienne, la disparition des Juifs a toujours été un souhait général.
(Philippe Burrin, historien suisse)
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En 1942, la guerre change… la guerre devient une guerre d’extermination. Hitler décide de franchir le pas et d’exterminer les Juifs et la culture juive en Europe… le gouvernement de Vichy décide de coopérer à ce projet. Les Français en arrivent à fournir de leur propre initiative des Juifs de la zone sud où il n’y a pas de troupes d’occupation.
(Robert Paxton, historien américain auteur de « La France de Vichy »)
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Léon Librach était mon cousin. Je suis né en Pologne en 1924. En Pologne, j’ai vite compris que nous étions à part. Les relations avec les Polonais étaient tendues. Il fallait se méfier. Même entre les enfants. Pour aller à l’école, il y avait 3 kilomètres à faire à pied. Nous marchions du côté gauche et les enfants polonais sur le trottoir de droite, et, au carrefour, on se jetait des cailloux… Quand il y avait des processions de Polonais avec la Madone, ma mère mettait des rideaux mouillés devant les fenêtres au cas où il y aurait des jets de pierres contre les vitres. « Ça vaut mieux », disait ma mère.
(Herz Librach, dernier survivant de la famille Librach en Europe.
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