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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une très belle histoire d'amitié avec en toile de fond tous les évènements sociaux des années 80 à 2000.
Summer, fille d'une ex-hippie
Jean-Charles, fils de portugais
Douma, fils d'une ex-bourgeoise et d'un sénégalais thésard à la Sorbonne
Ces trois là sont inséparables depuis l'enfance. Un seul être à trois têtes.
Ils grandissent dans le même immeuble, à la Goutte d'or, puis les déménagements les séparent, mais toujours ils se retrouvent, tout au long de leur vie, et toujours ils ne font qu'un, toujours en totale fusion.
C'est un livre qui se lit lentement
On jongle un peu avec les époques mais sans se perdre vraiment.
Cette amitié indestructible fait chaud au coeur.
L'entrée dans la vie adulte n'est facile pour aucun d'entre eux, mais leur lien est tellement fort que rien ne peut les abattre.
L'écriture est irréprochable. Les personnalités des personnages sont très fortes et extrêmement bien dépeintes.
Malgré le temps mis à lire ce livre, aucune sensation d'ennui, jamais.
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Les propos odieux de Jacques Chirac en 1991 sur les étrangers de la Goutte d'Or "si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur" sonnent toujours de façon honteuse à mes oreilles. le texte de cette intervention se trouve en exergue de ce roman qui choisit de nous emmener dans un des immeubles du boulevard Barbès à Paris. Pour voir comment les gens y vivent. Et c'est à travers une fratrie peu banale que Sonia Ristić trame son roman publié aux éditions Intervalles, intitulé '"Des fleurs dans le vent".
On y retrouve trois enfants de familles différentes qui, dès leur plus jeune âge, ne vont plus vouloir se lâcher pour former une créature à trois têtes mêlée emmêlée.
Deux garçons, Jean-Charles alias JC et Alain-Amadou alias Douma et une fille, Summer ont pour point commun de manquer d'amour paternel, leurs pères étant violant, défaillant ou absent. Français, ils sont d'origine diverse, portugaise, bretonne ou franco-sénégalaise et puiseront dans leur amitié sans faille les ressources pour grandir.
De l'élection de François Mitterrand en 1981 à celle de Nicolas Sarkozy en 2007, c'est l'histoire d'une génération avec en toile de fond les grands moments politiques, économiques ou sociaux qui ont marqué nos vies.
Ils militeront, chacun à leur façon, pour le respect, le partage et la solidarité. JC militera à Act-Up, Douma avec les intermittents du spectacle et Summer au sein du système éducatif.
Et même si Douma a fait de la prison, ils sauront se soutenir et regarder ensemble vers l'avenir, sans désespérer.


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"Des fleurs dans le vent" de Sonia Ristic
Éditions Intervalles
Parution le 12/04/2018
Prix Hors Concours 2018

Trois amis. Summer, Jean-Charles (JC) et Alain-Amadou (Douma). C'est leur histoire. Au singulier parce qu'elle est singulière. Ils ont grandi ensemble, dans le même immeuble. Depuis tous petits, comme des triplés, main dans la main, coude à coude.
"Aldina a crié en voyant la créature mêlée emmêlée à trois têtes. Véronique et Françoise ont accouru, chacune attrapant son rejeton et et tentant de le dégager de l'étrange étreinte."

Une déambulation dans le temps, alternant leurs passés et le temps présent, nous apprend à faire leur connaissance.
Quoiqu'il arrive, ils se sont faits la promesse de toujours être ensemble. Ce bonheur des instants partagés, qui deviendront des souvenirs jamais oubliés.
"Quoi qu'il arrive, on se démerde pour rester toujours ensemble. Promis. Promis."

Et puis la vie continue, leurs vies s'éloignent quelque peu sans pour autant qu'ils se perdent de vue... mais c'est différent. L'éloignement change leur relation... Leurs sentiments évoluent, l'âge avançant et leur perception des autres diffère.
"Sur la pointe des pieds, l'enfant s'en va."

La vie les a blessés, a fait d'eux des êtres cabossés, parfois perdus, rendant les attaches plus fébriles, fragilisant les contacts avec leur famille. Mais toujours ensemble, de près ou d'un peu plus loin... Tous les trois.
Chacun son chemin, chacun sa destinée... Ils avancent, chacun avec toujours dans le coeur et la pensée, les deux autres... Ils tombent. Ils se relèvent. Ils rebondissent. Ils s'accrochent.

Je ne veux pas vous en raconter plus sur leurs histoires au risque de déflorer ces jolies rencontres.
Sonia Ristic dessine sur un mur blanc cette formidable fresque amicale, totalement addictive. Comme peinte au pinceau, fin, aux couleurs tantôt tendres tantôt vives... Son titre aurait pu être "Des coeurs dans le vent" parce que rien ne pourra jamais altérer cet amour amical. Cette lecture a semé en moi cette petite graine, portée par leur souffle, qui un jour germera et pour l'instant laisse dans mon esprit son empreinte indélébile et déjà nostalgique... Un veritable coup de foudre !

"On passe son enfance à désirer être un adulte, et le reste de sa vie à idéaliser son enfance."

https://littelecture.wordpress.com/2019/05/07/des-fleurs-dans-le-vent-de-sonia-ristic/
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30 ans de vies : c'est ce que raconte Sonia Ristic dans son roman.
Les trente années pas toutes glorieuses de JC, Douma et Summer commencent à Paris rue Mirha, dans le même immeuble. Pour ceux qui comme moi ne connaissent pas Paris comme leur poche, parce qu'ils vivent en province, on se repère un peu grâce au boulevard Barbès, et la rue Mirha, c'est tout près.
On a vite compris que ces trois-là, même s'ils n‘ont que trois ans dans les premières pages ont déjà leur histoire fichtrement imbriquée dans la grande : du franco-sénégalais à la mère célibataire en passant par la famille portugaise, les 3 tout-petits vont se tenir serrés, tellement soudés que ces liens-là vont les faire avancer et gérer ces grands et petits moments qui font une vie.
« Les fleurs dans le vent » raconte. JC, ou plutôt Jean-Charles, Douma, ou plutôt Alain-Amadou et puis Summer ont aussi dans leurs prénoms des Histoires, avec un grand H qui racontent autant leurs parents que la France des années 80-90.
Sonia Ristic publie un roman, mais on a aussi le sentiment de feuilleter un album photo, avec des vraies photos, et elle nous raconte ces anecdotes qui n'en sont pas, ces grands moments de l'histoire de la France et du monde en même temps. le temps passe, les années 90 amènent leur lot de bouleversements, les conflits, les adolescences, les amours et les désamours.
Le trio, comme une créature à trois têtes, a ses premiers souvenirs en 1981, le 10 mai précisément avec le « crâne de Tonton à la télévision ». Il va continuer son bonhomme de chemin, et on a l'impression d'avoir passé une trentaine d'années avec eux, à les voir s'inquiéter ou souffrir, se tenir la main ou se « marrer comme des baleines » !
Le roman est autant le portrait de personnages que celui de la société. Sonia Ristic donne à voir que nos origines nous façonnent certes, mais ne nous obligent pas !
Merci pour cette belle lecture que je ne manquerai pas de recommander à ceux qui n'étaient pas bien vieux au début des années 80 pour raviver des souvenirs, et à ceux qui n'y étaient pas et qui les découvriront avec l'oeil amusé et parfois piquant de Sonia !
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« Personne n'ose provoquer l'avenir. Il faudrait être fou pour provoquer l'avenir. »
Naissance de l'amour, film de Philippe Garel.

Les lumières dansent dans la cage d'escalier, boulevard Barbès. le yukka de la concierge n'est pas le seul à souffrir de cette période où l'âge fait défaut pour Summer, Douma et JC. Les trois amis se retrouvent quotidiennement et depuis leur prime enfance, dans ce hall. Triskèle de notre mémoire commune, face à l'écran le 10 Mai 1981. La tête de tonton, nos parents crient de joie ou de colère, c'est selon. On se souvient encore de l'image pixellisée du nouveau président. Entre les pages, le kaléidoscope d'une génération désenchantée. La politique s'use. Que nous soyons fille de bobos, post 68, comme Summer, ou fils d'immigrés, bosseurs et acharnés pour se faire une place dans un « nôtre pays » comme Douma ou encore fils de ceux qui expriment leurs peurs à coups de poing pour souligner leur regard haineux sur les différences, comme JC. Nous sommes tous enfants de ceux-là et cette souffrance suggérée par Sonia Ristic dans les pas de côté. La mémoire partagée s'impose au fil du texte. C'est l'histoire d'une jeunesse qui emprunte le chemin de la vie sans savoir où il mène ; c'est la voie actuelle sans reconnaissance matérielle ni reconnaissance sociale. Des Fleurs dans le vent nous fait partager ce quotidien de trois jeunes amis, leur choix de vie, parfois marginal, tantôt léger ou grave, sur plusieurs années de 1980 à 2000 et les majorités silencieuses de nos souvenirs en commun. Des fleurs dans le vent: des fleurs vivaces pour certains, des mauvaises herbes pour d'autres. Fragments de différentes époques de leur vie, leur histoire est constamment reliée à la nôtre. Une fiction flottante sur la différence au moment où la République est allée trop loin sur le chemin du désamour de ses enfants.
« [...] ne laissez jamais la couleur de votre peau vous définir. Ne laissez surtout jamais personne vous définir par rapport à ce qu'il voit dans cette couleur de peau. »
J'ai été troublée en refermant le livre de Sonia Ristic, en laissant ces fleurs au vent quand la poésie, la vérité et la beauté surgissent des bouches des égarés, dans leur urgence de vivre à l'heure où la jeunesse vacille au coeur des tempêtes de notre siècle.
Des Fleurs dans le vent de Sonia Ristic, éditions Intervalles.
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Sonia Ristić a, quel honneur -pour moi évidemment-, déjà été chroniquée sur ce blog pour son roman La belle affaire. Un avis mitigé que j'avais rédigé alors. Cette fois-ci, je tergiverserai moins parce que j'ai beaucoup aimé Des fleurs dans le vent. Au fil des pages, on retraverse -"re" pour les moins jeunes d'entre nous- les années 80, 90 et 2000. J'ai aimé cette image de "la créature mêlée emmêlée" qui naît ce soir du 10 mai 1981 : "trois corps d'enfants accrochés les uns aux autres par les dents et les ongles" qui revient si ce n'est dans cette position exacte au moins dans le lien qui unit ces trois-là. Ils sont besoin de se sentir, de se toucher, de vivre.

Roman initiatique, celui du passage de l'enfance à l'âge adulte. Roman d'une génération, d'une amitié hors du commun. Chacun aura son histoire individuelle, mènera sa vie comme il l'entend mais toujours sous le regard des deux autres. Pas de jugement, juste de l'écoute, de l'ouverture d'esprit et de la compréhension.

Sonia Ristić ajoute à son histoire d'amitié les origines, les familles, les éducations diverses. C'est dans la différence que l'on s'enrichit, cela reste un adage fort, à maintenir à tous prix, l'auteure l'illustre ici à merveille.

Son roman est fin, pose des questions sur l'amitié, la solitude, l'amour, la manière de "réussir" sa vie -que je mets volontairement entre guillemets car pour moi, c'est quasiment un oxymoron. On peut réussir un plat, une rénovation de maison, un tricot, ... mais sa vie, on la vit. Point. Qui peut juger d'une vie réussie ou pas ?

Sonia Ristić invente de beaux personnages, qui ne vont pas toujours très bien certes, mais qui essaient de relever la tête, qui se bougent pour rebondir, pour vivre tout simplement. Son roman est ponctué des grands événements des trente dernières années, une toile de fond qui peut aussi expliquer certaines bifurcations prises par certains d'entre nous qui n'ont pas suivi un chemin tout tracé et rectiligne et des attitudes et comportements de maintenant, entre repli sur soi, peur de l'autre, extrémismes, ... . Roman fin et émouvant, tendre et pour autant pas mièvre ni complaisant. Il y souffle -malgré ce que j'ai écrit plus haut- un petit vent d'optimisme et de joie de vivre qui me sied parfaitement. Longtemps -tant mieux- me hantera l'esprit cette "créature mêlée emmêlée".
Lien : http://www.lyvres.fr/
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