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EAN : 9782070284481
168 pages
Gallimard (05/04/1973)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Le Mur dans le miroir se compose de deux grandes suites de poèmes. La première contient quarante-cinq textes écrits entre le 3 novembre 1967 et le 27 janvier 1968 à Léros, où Ritsos était déporté, la seconde série a été composée entre le 21 mars et le 9 septembre à Athènes, Delphes, Corinthe et Samos. On y trouve le journal d'un prisonnier, mais surtout une suite de natures mortes, de tableaux qui témoignent du monde tumultueux et souffrant, des attentes, des espoir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le kaléidoscope poétique de Yannis Ritsos

“Ainsi nu, ainsi désarmé au milieu de tant de bruit, il entendit le silence se dresser en lui”

Le poète athénien, fait prisonnier par la Dictature des colonels, nous entraîne, depuis sa détention, de l'autre côté du miroir brisé de ses espoirs de liberté.

“La poésie non plus donc.” C'est dans cet archipel de verre disloqué que la poésie de l'écrivain grec prend toute sa dimension, la douceur et la mélancolie se mêlent à la dureté et l'injustice crasse, les statues sont les témoins interdits du malheur qui frappe les humains dans l'indifférence d'un silence assourdissant.

Ritsos possède l'art de l'association d'images et d'idées. Il vise souvent juste et sait toucher son lecteur par le chemin le plus court, une alchimie des mots proprement bluffante.

“Il ne nous restait plus donc qu'à changer la nuit de sens.”

Ritsos ne fait pas qu'émerveiller son lecteur par la beauté de ses vers, il est encore un conteur d'histoires. Sa poésie semble toujours un moment charnière, un instant pris sur le vif d'une histoire plus longue, qui vient de loin et que l'on devine immédiatement avant et après les quelques lignes diaphanes et marmoréennes, légères et lourdes à la fois. le lecteur savoure ces strophes arachnéennes, au milieu de la page d'une “ténébreuse, indescriptible blancheur.”

“Les nuits sentaient la peau d'orange.”

C'est finalement avec Ismène, long monologue poétique inspiré par la soeur d'Antigone et fille d'Oedipe, que Ritsos assume désormais une narration totale, en prose, et une tension, un souffle en apesanteur au dessus du gouffre aspirant de la solitude mais qui résiste ; une voix unique (reprise pour la radio par Isabelle Adjani).

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Je découvre, encore une fois grâce à un podcast France-Culture, le poète grec Yannis Ritsos.
Entre 1966 et 1971, il donne la parole à Ismène, la soeur d'Antigone, dans un long poème dramatique. C'est ce texte, traduit du grec par Dominique Grandmont, qui a été mis en scène, dans le cadre de l'émission « Avignon fictions », une réalisation d'Alexandre Plank.
Isabelle Adjani prête sa voix à une Ismène, vieillissante, et interprète une sorte de plaidoyer en faveur de l'existence Dans l'oeuvre de Yannis Ritsos, Ismène est la dernière survivante d'une famille et d'un monde révolu. Dans le soir qui tombe, elle se met à parler, s'adresse à Antigone, sa soeur défunte, à qui elle reproche sa rigidité, et à un jeune homme, visiteur silencieux et attentif, dans une ultime tentative de se rendre justice à elle-même, d'expliquer pourquoi elle a choisi la vie.

Même morte, Antigone est bien présente dans le discours d'Ismène, qui semble ne se définir qu'en opposant, encore et toujours, leurs personnalités antagonistes. le jeune visiteur est également fasciné par le souvenir de la défunte.
Dans la tragédie de Sophocle, le personnage d'Ismène tient peu de place ; elle accepte sa condition de femme soumise, résignée d'avance. Elle est la voix de la raison, conciliante, temporisatrice. Si elle se montre solidaire de la faute de sa soeur, c'est à la manière d'une suiveuse.
Yannis Ritsos lui permet de se justifier, de faire valoir ses valeurs personnelles, très féminines, un rien futile, liées aux souvenirs d'enfance et d'adolescence. du fond de sa solitude, elle espère encore en la vie, éprouve des désirs ; mais y croit-elle vraiment ? A-t-elle simplement besoin de se rassurer ? Est-elle encore vivante ? Comment exister quand on est la soeur d'Antigone ?

Un très beau texte…
Une interprétation magistrale…

https://www.franceculture.fr/emissions/avignon-fictions/ismene-de-yannis-ritsos

https://www.facebook.com/piratedespal/
https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/

#lesglosesdelapiratedespal
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
INDEPENDANCE SECRETE

Ces cinq nuages, presque semblables, comme s'ils nous étaient familiers
ou confusément agréables, - sans doute à cause de leur nombre,
ou bien de nous apercevoir que nous pouvions encore compter,
ou tout simplement observer. Après quoi nous prêtâmes attention
aux nuances - roses, tirant sur le violet.
C'est alors
que le sifflet se fit entendre. Nous nous levâmes. Ils nous firent passer
un par un devant la porte, et nous comptèrent. Nous souriions.
Nous savions bien que nous étions restés
en dehors de leur compte, avec ces cinq nuages et la lune si jeune.


23. I.68.
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Ma soeur c'était comme si elle avait honte d'être une femme.
C'était peut-être cela,
son malheur. Et c'est peut-être pour cela qu'elle est morte.
Chacun de nous voudrait, sans doute,
être autre chose que ce qu'il est. L'un le supporte plus ou moins bien,
et l'autre pas du tout. La destinée, comme on dit, nous retient prisonnier dans le cercle de l'impossible,
et nous tournons autour du puits, au fond duquel reste enfermé,
énigme sombre et insoluble, notre visage. Ma soeur, elle,
refusait tout conseil, toute concession - inflexible et désespérée.

Extrait de "Ismène"
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SUITE

Je t'ai pris la main d'entre les années.
Un de tes ongles était cassé - je l'ai remarqué.
Au vent brillaient les feuilles jaunes.
Ainsi le début aura suivi la fin.


Samos,24.IX.71
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CELA, OUI


Mer calme. L'ombre du poisson
qui passe sur l'autre poisson. Midi.
Ce que tu as vu, ce que tu as dit,
ce que tu n'as pas dit, ce que tu as atteint,
en profondeur, de transparence inaccessible.

Athènes, 21.VI.71
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"ESQUIVE

Nous buvions notre café dans le jardin, quand on vint nous dire :
“Eugénie est morte.” Les fauteuils étaient en osier,
les verres davantage en verre.
Puis le soir tomba.
La pleine lune vint noircir les statues,
dans une inversion tranquille qui n’était en rien
une justification ou un refus, mais simplement une remarque."
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Videos de Yannis Ritsos (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yannis Ritsos
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
+ Lire la suite
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