AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le chant de ma soeur : Edition bilingue français-grec (12)

Ma soeur,
je ne suis plus poète
je ne suis pas digne d'être poète.
Je suis une fourmi meurtrie
qui a perdu son chemin
dans la nuit infinie.
Je remue la cendre
des Avrils embrasés
et je ne trouve pas une étincelle
pour allumer l'antique poêle.
C'est toi qui a soupesé
les trésors des siècles
dans ta paume délicate.
C'est toi qui a renversé les cimes
où reposaient les poètes.
Et moi je ne suis plus poète.
Je le sais,
les poètes
ne souillent pas de leurs larmes
les cités de cristal.
Ils veillent
avec leur regard égal et sans trouble
afin de mesurer
les effrois de la lumière
et les pulsations de l'univers.
Pourtant moi,
ma soeur, je veille
mesurant tes pulsations
et ton souffle.
Je me fortifie, tour nocturne,
dans l'impénétrable fracas
des tonnerres entrecroisés
et je touche résolu les foudres.
Les arcades de la lumière se sont effondrées
sous tes paupières.
Rien d'autre ne vit
en dehors du cycle funèbre
que tes yeux incisent dans la création.
Je ne veux pas
que les tambours des triomphes
annoncent ma gloire
dans les forêts du printemps.
Ton sourire le tien
me suffit.
La fontaine de tes yeux
peut abreuver ma soif
et faire éclore ma vie.
Commenter  J’apprécie          544
Ma soeur,
une nuée toujours ombrait
tes paupières.
Accoudée au balcon
- une enfant encore -
tu regardais la mer
dérouler le rêve
de la solitude sans fin.
Tu alimentais ton coeur
des feuilles de l'automne
La mère reflétait
l'énigme de son ombre
dans le fond de tes yeux.
La pâle lueur de ton visage
errait sur le plancher
de notre demeure.
Nous ne te vîmes jamais pleurer.
Là seulement sur tes tempes
les veines ténues
pareilles à des filons de lumière bleue
battaient la fièvre
de tes lèvres recluses.
(Combien de fois,
aux heures où tu dormais,
je me penchais sur elles pour y lire
ton secret.)
Remplie d'amour et de pitié
tu pansais nos blessures
et te taisais.
Ton silence avisait de tout.
Par les soirs d'hiver
tu avançais seule dans la forêt
pour soigner
les moineaux nus,
pour réchauffer
les insectes transis.
Grain à grain tu amassais en toi
les larmes des pauvres, des humbles.
Et quand s'effondra notre maison
ce fut toi encore qui resta droite
- ombre de la Sainte Vierge -
afin de me montrer les étoiles
au travers des trouées du toit.
Désormais ton silence s'est brisé
et dans le petit coquillage que tu cachais
j'ai écouté les clameurs de l'océan.
Ma soeur, il ne m'est resté
pas même une pierre où m'étendre.
Commenter  J’apprécie          487
Ma SOEUR , je t'avais promis
de t'apporter de l'eau d'immortalité.
Je t'avais promis de répandre le soleil
dans ton tablier.
A présent, tu t'écries :
"Mon frère, j'ai soif ;
où est l'eau d'immortalité
que je m'y désaltère ?
Mon frère, j'ai froid ;
où est le soleil
que j'y réchauffe mes mains ?"
Et je reste là sans bouger et impuissant.
Moi qui ai vagabondé
dans les cieux
je n'ai pas la force de parcourir
un empan de terre.
Par-dessous la neige j'entends
les racines de notre vieux jardin
qui m'attachent à la terre.
Et j'ai oublié de marcher.
Je me penche sur le chaos
de ton âme
empli de crainte.
Les étoiles s'entrechoquent
dans les profondeurs de tes yeux
et les combats des dieux
ensanglantent tes entrailles.
Comment modeler ton incandescence
dans le buste froid de l'accalmie ?
J'avais jadis cru au ciel
mais toi tu me montras
les profondeurs de la mer
avec les cités des morts
avec les forêts oubliées
avec les bruits noyés.
Et à présent le ciel s'est enfoncé
- mouette blessée -
dans la mer.
Ma main que pour toi j'édifiais
pont sur l'abysse
s'est écroulée.
Regarde-moi
si nu et innocent
gisant devant toi.
J'ai froid, ma soeur.
Qui désormais nous apportera le soleil
pour réchauffer nos mains ?
Je me tais et je guette.
Personne ne passe
sur la route nocturne.
Les étoiles ont chaviré
dans les yeux rouillés
de l'aigle déplumé
qui vacille au bord
des remparts obscurs.
Tes mains liées
condamnent la sortie.
Seule ta voix parcourt
les corridors de la nuit
en frappant son long glaive
sur les dalles.
Il est tard.
Ni la mort ne veut de moi
ni la vie.
Où irai-je ?
Commenter  J’apprécie          413
Soleil, soleil,
Les paysages enneigés
fondent dans mes yeux.
Le chant vigoureux hissé
sur l'échafaudage du ciel
de ses bras nus bâtit
ma maison.
La lumière ruisselle
sur les cordes de ma voix,
J'entends les chaînes
qui tombent et rompent.
J'entends les cavaliers blancs
qui passent dehors en chantant
des marches guerrières.
Sur la mer du matin
les fenêtres se sont grandes ouvertes.
Paupière dilatée
mon seuil se réjouit.
Ma soeur,
je ne peux plus rester,
Mon absence t'apportera
l'eau d'immortalité.
Et moi qui n'eus pas la force
de te sauver de la vie,
je te sauverai de la mort.
Voici les chemins
miroitants et limpides dans l'éclaircie.
Ecarte, ma soeur,
tes bras ligotés pour que je passe.
J'ai fixé sur ma poitrine
le talisman que pour moi tu brodas
un soir de printemps - t'en souviens tu ? -
nous sommes alors de si jeunes enfants.
Il y a là-dedans un peu de terre rouge
qui rappelle notre ultime souche,
un pétale de rose séché
du jardin de notre maison
et un peu de poussière du mur
de la dernière, longue séparation
que nous avions gratté une nuit avec nos ongles.
Adieu, ma soeur.
Embrasse pour moi les moineaux de notre cour
les enfants innocents
les mères douloureuses
qui brodent sous la lampe
et les jeunes qui bâtissent
sans défiance et sans fléchir
leur cité
aux frontières de la vie et de la mort.
Commenter  J’apprécie          342
TE SOUVIENS-TU ?
Elle t'avait jadis offert, la mère,
une robe rose
et un petit parapluie rose.
Tu grimpais la pente fleurie
dans le matin printanier
aérienne et diaphane
- une nuée rosée de lumière.
Tu regardais le ciel
comme si quelque chose d'en haut t'invitait.
Seules les nattes affligées
de tes cheveux noirs
alourdissaient tes frêles épaules.
J'avais peur
qu'en un instant tu ne périsses
semblable à la lumière rosée
dans le couchant.
Je recueillais alors
des coquillages brillants
et des galets multicolores
sur le rivage de notre île
pour voir tes yeux
sourire
et pour ensorceler ton coeur
qui se fondait sans bruit
dans la détresse du monde.
Mais tu ne savais pas rire.
De tes larmes j'ai fait des ailes
et loin je m'en fus pour t'apporter
le pollen de l'éther
et en arroser ton silence.
Cependant tu ne savais pas recevoir
Tu offrais.
Tu ne savais qu'offrir.
Tous tes cadeaux
tu les partageais
et tes paumes
sont demeurées vides.
Tu inclinais la tête
- oiseau affligé,
dans l'obscurité de ton aile
et tu chantais l'étonnante chanson
de l'univers meurtri.
Ma soeur,
relève la tête.
Je me penche près de toi et je t'apporte
nos matines enfantines
pour que tu respires profondément
l'odeur salée de notre île,
les murmures du soir
et ayant traversé la brume du retour
que tu abordes à mon côté.
Retourne, ma soeur,
à la petite Bethléem
qui nous a fait naître beaux et humbles
et moi, tu verras, je dépouillerai
les rêves de Jérusalem
qui m'ont emporté loin de toi
et à jamais auprès de toi je resterai
- un simple grillon,
qui pour toi chantera
les nuits de printemps.
Tu ne m'entends pas ?
Commenter  J’apprécie          332
là, à la racine de toute chose
écoute la vague de l'élan
admirable, incontrôlable et inexpliquée
qui nous a créés et nous domine.
Commenter  J’apprécie          30
De me larmes je nettoie mes mains
de la poussière de l'orgueil
pour mériter de caresser vos cheveux.
Commenter  J’apprécie          30
Ainsi dans ma grande fatigue
que je glisse dans l'abîme
tandis que la vitesse de la chute
sifflera à mes oreilles le chant de l'apaisement.
Commenter  J’apprécie          20
Ma soeur,
comment m'as tu abandonner en pleine nuit
seul, sans lampe, cherchant
à déceler les traces
de tes pas disparus ?
Commenter  J’apprécie          10
Les blanches colombes
des rêves de l'enfance
volent bas sur les champs
de ton sourire le tien.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (17) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1220 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}