Je viens de quitter mon boyfriend et suis depuis quelques heures gardienne d'appartement !
Je suis « Jules » Larsen, enfant d'une ville minière de Pennsylvanie, avec moins de cinq cents dollars sur mon compte courant.
Ma place n'est pas ici. Mais l'annonce ne mentionnait pas d'adresse.
« Est-ce que ce n'est pas… ? »
Leslie m'arrête d'un signe de la main.
« Nous ne parlons jamais des résidents. C'est une des règles tacites ici. le Bartholomew se targue de discrétion. Les personnes qui y vivent veulent se sentir à l'aise entre ses murs.
-Mais des célébrités habitent là ?
« J'imagine que vous êtes intéressée », dit Leslie.
De temps en temps, la vie offre un bouton de redémarrage. Quand ça se produit, il faut appuyer dessus le plus fort possible.
*
Jules Larsen est embauchée pour habiter un appartement sublime dans la luxueuse résidence Bartholomew, à Manhattan. Ses consignes sont claires : elle ne doit pas passer la nuit à l'extérieur, inviter quelqu'un ou déranger les voisins.
L'appartement est le 12A, vaste, avec une vue imprenable sur Central Park.
Un rapide coup d'oeil, un escalier en colimaçon. Une chambre qui fait encore plus carte postale que la cuisine. L'énorme lit a été placé de façon que son occupant puisse regarder par les fenêtres bordant le coin. Et juste devant ces fenêtres se trouve le clou du spectacle : une gargouille qu'elle baptisera « George ».
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Quelques minutes après…
L'ascenseur arrive et s'ouvre sur un jeune homme d'une vingtaine d'années. Petit, mais musclé, avec une poitrine large et de gros bras. Ses cheveux – noirs, visiblement teints – lui tombent sur l'oeil gauche. Aux lobes de ses oreilles sont fixés des disques en ébène.
« Eh bien, quelle coïncidence ! s'exclame Leslie. Jules, j'aimerais vous présenter Dylan. C'est un autre gardien d'appartement lui aussi. »
Mais peu de temps après son arrivée, elle fait la connaissance d'une autre « gardienne » comme elle, Ingrid. Et celle-ci lui révèle que le Bartholomew a une bien sombre histoire et qu'elle commence à avoir vraiment peur. le lendemain, Ingrid disparaît.
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Je rêve de ma famille disparue. Ma mère. Mon père. Jane ma soeur, telle qu'elle était la dernière fois que j'ai posé mes yeux sur elle. Dix-neuf ans à jamais, disparue deux ans avant l'incendie.
Le soir de l'incendie, mes parents avaient vidés une bouteille de vin, alors que ma mère n'aurait pas dû boire à cause de ses reins à la limite du dysfonctionnement. Ils avaient également partagé une pizza, commandée là où ils étaient allés lors de leur premier rendez-vous. Et une tranche de gâteau au chocolat.
Je me réveille en sursaut avec dans la gorge, un hurlement que je m'apprête à libérer. Je le ravale et toise George à travers la fenêtre.
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Jules décide alors d'enquêter discrètement… au risque d'être à son tour victime de cet immeuble maudit.
C'est ainsi qu'elle s'occupe durant des heures, utilisant l'article envoyé par son amie Chloé comme une sorte de pierre de Rosette de l'histoire du Bartholomew. Chaque article comporte plusieurs liens, renvoyant à Wikipedia, à des sites d'information, à des forums en ligne. Quelques clics, tombant délibérément dans un terrier de lapin plein de rumeurs, d'histoires de fantômes et de légendes urbaines.
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« Tu crois vraiment qu'il y a un tueur en série au Bartholomew ? »
– Je sais, ça paraît dingue, répond Dylan. Mais c'est mon impression. Toutes les trois étaient gardiennes d'appartement, sans famille. Toutes les trois ont disparu à peu près de la même manière. Sans prévenir.
Une fois, c'est une anomalie. Deux fois, c'est une coïncidence. Trois fois, c'est une preuve.
*
Les portes les mieux fermées n'empêchent pas les monstres d'entrer…ils sont déjà à l'intérieur !
Riley Sager, dont le premier roman,
La Dernière Fille, a été unanimement salué par ses pairs et lauréat 2018 du Prix du meilleur thriller international, est écrivain, éditeur et graphiste. Il revient avec un nouveau thriller psychologique glaçant,
Ferme bien la porte.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Bonnet
Lien :
https://lesplaisirsdemarcpag..