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Critique de Melisende


Je continue doucement mais surement ma découverte du catalogue des éditions de l'Homme Sans Nom (HSN pour les intimes) avec ce premier tome d'une nouvelle trilogie que l'on peut aisément classer en fantasy.
Satisfaite, convaincue et curieuse de lire la suite, je ne conseillerais pourtant pas ces Kerns de l'Oubli à n'importe qui. Lecture riche mais également exigeante, à mon sens, je la vois plutôt dans les mains de lecteurs habitués au genre, pas dans celles de débutants. Malgré tout, si vous vous sentez curieux, n'hésitez pas, ce serait dommage de passer à côté !

Il m'est difficile de parler de cette lecture car, bien que l'intrigue générale soit finalement assez classique (un royaume à la dérive, un grand méchant qui veut gouverner, un jeune homme qui semble destiné à « sauver le monde », une quête d'identité, une prophétie…), Feldrik Rivat nous offre beaucoup de choses dans ce premier tome. Beaucoup de personnages, notamment, tous partant de leur côté (ou presque), tous vivant une aventure secondaire liée à la Grande Aventure… ce qui ne manque pas d'intérêt, évidemment, mais demande tout de même un petit temps d'adaptation. Il m'a bien fallu une cinquantaine de pages pour comprendre qui est qui, quel est sa place dans l'intrigue et quel est le « but » de cette histoire.

Une fois les bases intégrées, la présence des nombreuses figures devient un gros plus, à mon sens car diversifie les points de vue, multiplie les informations et enrichit donc considérablement la lecture. On pourrait craindre que l'auteur (et donc le lecteur) se perde dans tous ces personnages, sans compter que Feldrik Rivat a choisi de tous leur donner la parole, chacun leur tour. L'identité du « je » change au fil des chapitres. Prise de risque certaine, mais pari réussi.
Chaque figure possède sa propre histoire, sa propre voie/voix… et donc une façon de s'exprimer complètement différente. Certaines sont reconnaissables dès les premières lignes (je pense notamment au langage très désuet du sage Telleran ou à celui, beaucoup moins châtié de l'ancien roi Ulnhor), d'autres nécessitent la présence du sous-titre introduisant le chapitre (sous-titre qui n'est autre que le nom du personnage que l'on va suivre dans les pages suivantes, ainsi qu'un ou deux adjectifs le qualifiant), du moins au début. Par la suite, lorsque chacun des personnages part de son côté, le simple fait de retrouver un lieu ou une action, nous donne une idée de la figure alors suivie.

Malgré ce point de vue interne répété pour chacun, j'avoue ne pas m'être attachée plus que ça aux personnages, quels qu'ils soient. J'ai aimé les suivre et découvrir la suite de leurs aventures, mais je n'ai pas ressenti un lien très fort entre eux et moi. Et je pense que c'est ce qui m'a manqué le plus pendant ma lecture. Je regrette un peu la distance qui s'est rapidement installée entre les héros et moi.
Je dis héros au pluriel parce que si l'un d'eux en particulier - Erkan pour ne pas le citer - semble être la clef de beaucoup de choses, on se rend vite compte que chaque homme (et femme, il y en a quand même une ou deux), a un rôle majeur à jouer dans la destinée du monde des Kerns. Tous sont intimement liés (par des liens de sang, mais pas que !) et tous méritent notre attention. D'ailleurs je serais bien en peine d'en citer un plus qu'un autre… allez si, peut-être Cataxak, le conseiller du roi Alkar (qui est loin d'être une lumière, soit dit en passant…), qui m'a fait penser, plus d'une fois, à Langue de Serpent (le conseiller du roi Théoden dans le Seigneur des Anneaux). Et une fois qu'un royaume est gangrené par le mal… difficile de faire marche arrière !

Je vous ai beaucoup parlé des personnages et de la particularité formelle qui en résulte (les chapitres avec points de vue internes successifs), mais je ne vous ai pas encore entretenu du monde créé par Feldrik Rivat. C'est un monde riche et bien pensé, c'est un fait. Les deux cartes présentes à la fin de l'ouvrage ne peuvent qu'en témoigner.
J'ai apprécié découvrir petit à petit en quoi consistait l'aspect « magique » de cette histoire (il s'agit en fait de la maîtrise des éléments, de l'énergie primordiale - appelée Sha - et d'un autre point, beaucoup plus présent au fil des pages : une sorte de télépathie entre les personnes entraînées ou douées naturellement pour utiliser ce pouvoir), j'ai aimé touché du doigt quelques éléments de l'Histoire (avec un grand -H) du monde des Kerns et donc en apprendre plus sur cette « prophétie » (je n'en dis pas plus !) mais, j'avoue que, malgré les descriptions offertes par l'auteur, j'ai eu du mal à m'imaginer le décor. J'ai ressenti l'ambiance des différentes scènes et je savais où elles se situaient (dans le désert, au coeur d'une montagne, dans le palais…), mais il m'a manqué un petit je ne sais quoi qui aurait rendu ma lecture beaucoup plus visuelle. Dommage.

Malgré tout, cette petite « faiblesse » ne m'a pas empêché de prendre du plaisir à ma lecture qui s'est révélée assez rythmée. Comme je vous le disais plus haut, chaque personne vit un petit quelque chose de son côté tout en étant intimement lié à Erkan, le fils exilé qui, seul au monde, traverse le pays sans savoir qui il est, où il va et ce qu'il doit faire… le jeune homme suit un chemin minutieusement tracé, apprenant petit à petit à s'habituer à ce qui l'entoure et ce qu'il vit, sans se douter le moins du monde que, plus ou moins loin, les autres personnages le cherchent pour le sauver… ou pas. Tous gravitent autour de lui, le fils de Roch, et tous (ou presque) se retrouvent réunis au même endroit dans les derniers chapitres.
On a tellement envie de savoir ce qu'il a de spécial cet Erkan, on a tellement envie de découvrir si les autres personnages vont pouvoir le retrouver… qu'on tourne vite les pages. Et évidemment, comme tout bon page-turner, c'est au moment clef qu'un chapitre se termine, forçant le lecteur à rapidement passer les suivants pour retrouver la voix (et donc la révélation) tant attendue.

Je ne suis pas sûre que j'aurais parié sur le choix du narrateur multiple changeant à chaque chapitre… et pourtant, force est de constater que Feldrik Rivat maîtrise l'exercice et que cette particularité devient la vraie force de son récit, offrant ainsi un regard presque omniscient à son lecteur. Celui-ci veut toujours aller plus loin, toujours en savoir plus… jusqu'au moment de tourner la dernière page. Il n'y a plus qu'à attendre le tome suivant (que l'on pourra bientôt pré-commander !). J'espère que dans celui-ci, je saurai m'attacher un peu plus aux différentes figures et pourrai vivre l'aventure plus « visuellement ».
Lien : http://bazardelalitterature...
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