AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782881085161
250 pages
Editions de l'Aire (05/07/1999)
3.91/5   65 notes
Résumé :
Dévoilement dʹune forme particulière et pure de la féminité, là est peut-être lʹoriginalité la plus évidente de La Paix des Ruches. Une femme sʹouvre à la conscience dʹelle-même, face à un homme, en cultivant sa dissemblance.
Que lire après La paix des ruchesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 65 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Paru en 1947 , ce roman d'Alice Rivaz est d'une folle modernité par les thèmes abordés, ce que souligne très justement dans sa préface Mona Chollet : "la relation complexe des femmes à la beauté et à la mode; la peur panique de vieillir [...]; leur rapport à l'espace domestique. "
Et que dire de l'incipit qui tombe comme un coup de hache: "Je crois que je n'aime plus mon mari. " Constat clinique, sans affect qui va donner le ton de ce roman où une femme, secrétaire dans un bureau, analyse avec lucidité les relations hommes/femmes dans une société où l'homme pérore et la femme se tait. Autre point  encore problématique de nos jours: la volonté de ne pas avoir d'enfant, mais ici au moins les deux époux étaient d'accord.
Seul le plaisir féminin n'est pas évoqué, même si on devine  que la narratrice a eu une aventure extra-conjugale.
Un roman  âpre et dense, où les collègues et/ou amies de l'héroïne parlent des hommes avec beaucoup de désinvolture, peut être pour oublier tous les rêves de liberté qu'elles avaient  étant plus jeunes...


A (re) découvrir sans plus attendre grâce aux Éditions Zoé.




Dans la foulée, je me suis procurée le recueil de nouvelles Sans alcool , recueil qu'un éditeur japonais a refusé de faire traduire, le jugeant trop triste...
Commenter  J’apprécie          100
Alice Rivaz (1901-1998) est une autrice suisse qui a refusé le mariage et la maternité, à une époque où ces questions n'étaient même pas envisageables ; La paix des ruches est son plus célèbre roman.
Lorsque nous ouvrons ce livre, la modernité et l'acuité du propos sur les femmes, le mariage, l'inégalité domestique et le sexisme étonnent. Nous retournons donc le livre, nous cherchons sa date de publication et nous tombons des nues. La paix des ruches est parue en 1947, deux ans avant que Simone de Beauvoir publie son Deuxième sexe, et en plus dans une Suisse conservatrice.
Pourtant, ce livre est un condensé de toutes nos problématiques féministes actuelles : la double journée de travail, le mansplaining, la relation ambiguë de la mode et de la beauté pour les femmes, l'espace domestique, le refus de la maternité, le vieillissement et la perte de séduction qui en découle. Ainsi, ce roman est d'une incroyable modernité et fut précurseur sur ces questions, bien qu'il fut trop vite oublié.
De sa propre expérience ainsi que de celles de ses amies, la narratrice tisse une réflexion piquante et fine sur la condition des femmes et leurs relations (trop souvent malheureuses) avec les hommes. Elle recueille dans son journal, qu'elle ne peut écrire que lorsque son mari est absent sinon il se moque d'elle, ses impressions sur sa vie, son mariage malheureux, son mari et sur le monde qui l'entoure.
On retrouve un certain bovarysme dans ce texte puisque l'héroïne rêve sa vie plutôt qu'elle ne la vit, elle trouve plus de contentement dans ses rêves amoureux que dans sa réalité. Insatisfaite et désillusionnée par son mariage, elle cherche l'amour ailleurs car elle ne veut par renoncer à aimer. Elle retourne à son mantra de jeunesse : « l'amour, oui ! le mariage, non ! ». Pourtant, au moment de choisir, elle ne sait plus, va-t-elle vraiment quitter son mari ?
Un roman moderne, criant de vérité et déculpabilisant qu'il est urgent de redécouvrir !

« C'est que nous étions des amoureuses, et qu'ils ont fait de nous des ménagères, des cuisinières… Voilà ce que nous avons peine à leur pardonner. »
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10
Ce roman publié 2 ans avant le « Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir nous emmène dans l'intimité d'une femme. Ce récit sous forme de journal intime et dont le sujet principal nous est donné dès la première ligne à savoir l'échec de son mariage « Je crois que je n'aime plus mon mari » expose avec beaucoup de modernité et de lucidité la condition féminine de son époque, l'inégalité et l'incompréhension dans les relations du couple, la désillusion du mariage passés les premiers émois amoureux. C'est aussi un roman de la sororité qui célèbre les amitiés entre femmes, un roman qui glorifie les femmes, ces abeilles qui par leur caractère besogneux, industrieux prennent soin de leur ruche, rendent le monde meilleur tandis que les hommes ne pensent qu'à le détruire en se faisant la guerre. Voilà bien une pensée novatrice au sortir de la seconde guerre mondiale qui me fait penser à ces mouvements écoféministes, nés de la conjonction entre le féminisme et l'écologie.
Commenter  J’apprécie          00
On a aucun mal à penser que cet ouvrage a été précurseur à l'époque, il décortique très finement la relation homme/femme de la rencontre et tout le long de la vie commune. Désillusions, fuite jeunesse, conquête, séduction, étouffement et surtout pour l'autrice la confusion entre l'amour et le mariage. Mais tout ceci est une vision de femme, à modeler comme cela est fait pages 99 et 122 (aveu d'ignorance sur les ressentis de son époux). On retrouve les questions universelles sur le couple qui sont toujours d'actualité !
Commenter  J’apprécie          10
Lorsque je lis, j'ai pour habitude de recopier dans un carnet les passages qui résonnent tout particulièrement en moi, ou qui me frappent par leur puissance, leur beauté.

Entreprise que j'ai vite abandonnée avec "La Paix des Ruches" au risque de réécrire le livre entier à la main.

Alice Rivaz décrit avec une exactitude déconcertante ce que c'est qu'être une femme.
Elle dépeint avec justesse les luttes internes, les questionnements et les désirs.

Ce livre est encore très actuel et pertinent.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Je connais très mal Clara. On connaît toujours si mal ces femmes "seules" qui ne peuvent dire comme les autres : "Mon mari, mon fiancé". Qui n'osent peut-être pas dire "mon ami" et encore moins "mon amant", de sorte que le monde les regarde toujours comme si elles n'avaient et ne devaient avoir nul secret dans leur vie. Or j'ai à peine à croire à l'existence d'une femme vraiment sans secret, eût-elle une bosse au dos et un nez de travers. Mais ce mystère que j'imagine sans preuve, qu'elles voilent à leur entourage, sinon à leurs intimes, je le souhaite pour elles de l'espèce romantique, poignante, exaltante. Ce que je crains surtout pour elles, c'est en définitive, le vide, le rien. Qu'y a-t-il dans la vie de Clara ? Qu'y a-t-il eu ? Je ne le saurai jamais peut-être. Mais je l'envoie pour ce que sa remarque de toute à l'heure comporte encore d'idéalisme d'intransigeance pure. Je crois du reste que les femmes seules - à supposer qu'elles le soient vraiment et qu'elles ne se contentent pas seulement de le paraître - cultivent volontiers l'objectivité, le sens critique vis-à-vis d'elles-mêmes. C'est qu'elles sont dans la vie hors du combat quotidien, de la lutte sournoise entre les sexes, protégées des affres de ce jeu difficile, décevant, qui absorbent le meilleur de nous, femmes mariées. Elles sont comme des soldats en vacances, voire jamais, envoyées au feu, resteraient à l'arrière pendant que la bataille fait rage, ailleurs. N'étant pas centrées sur un seul être comme nous le sommes, n'étant pas occupées à guetter, à observer l'autre, les femmes seules ont cette liberté de regarder plus objectivement ce qu'elles sont vraiment, ce qui se passe en elle, et en même temps ce qui se passe chez les autres, ce que sont les autres. (pages 54-55)
Commenter  J’apprécie          40
Il faudra bien trouver le moyen de neutraliser la meurtrière nuisance de l'homme adulte, puisqu'elle risque un jour de transformer la terre entière en un désert calciné comme l'ont été en 1914-1918 et le sont aujourd'hui en Espagne tant de régions, de cités, de villages, peut-être à titre de préfiguration. Empêcher tout guerrier de grandir, d'éclore, et peut-être tout savant d'inventer ? Faudra-t-il en arriver là ? La société des abeilles est bien plus ancienne et évoluée que celle des hommes. Qui sait par quels stades elle a passé pour en arriver à cette organisation si parfaite de la vie et du travail ? Qui sait si une des conditions de cet état de perfection ne fut pas la mise hors-jeu, méthodiquement voulue et opérée, des mâles trublions. (...) Il a fallu peut-être des millénaires de désastres continus et la menace d'une disparition complète de l'espèce abeille pour que les abeilles en arrivent à cette extrémité, qui sait ?
Commenter  J’apprécie          20
Je regarde de nouveau mon père, ma mère, mon entourage, avec des yeux neufs, enfantins. N'était-ce donc qu'un long détour, ce colloque à deux, à trois, à quatre visages, pour reconnaître que la seule tendresse durable dont nous soyons capables, elle descend de nous vers nos enfants? Ou bien elle remonte, il n'en est pas d'autre, l'éternel courant de l'amour se fait de haut en bas, de bas en haut, il n'est horizontal que passagèrement. Faudra-t-il avoir vécu jusqu'à ce jour en ne pensant qu'à l'amour pour reconnaître que le seul visage vraiment chéri est celui d'une mère, d'un père; que c'est vers eux que finalement on se tourne si aucun enfant n'est là, né de soi; et que celui du mari se réduit à sa maison signification véritable, celle d'un compagnon mal assorti.
Commenter  J’apprécie          20
Car le travail de la ménagère est comme celui du paysan. Sans commencement, ni fin. Mais il est comme celui d'un paysan qui ne connaîtrait ni la récompense de la moisson, ni le travail ralenti de l'hiver. Cependant, rien ne se ressemble davantage que leurs gestes, leurs attitudes, leurs peines quand ils sont aux prises avec la matière, se baissent sur les sillons ou sur le plancher, mettent un genou à terre ou sur des carreaux de cuisine, se redressant, puis se baissant à nouveau, posant, soulevant, versant, puisant et plongeant.
Commenter  J’apprécie          30
Mais que ne font pas les femmes en une journée du calendrier ? Il ne s’agit pas pour elle d’un métier, mais de dix, de vingt. Et quand elles en ont fini avec un, il leur faut immédiatement se mettre à en pratiquer un autre.
Un homme, lui, n’a que son métier, et s’il bricole à autre chose, une fois sa journée d’atelier ou de bureau finie, c’est qu’il le veut bien et que cela l’amuse. Comparez sa vie à celle de sa femme. Voyez-le rentrer chez lui après avoir travaillé tout le jour. Comme elle. Voici le moment pour lui de se détendre en attendant de se mettre à table. Mais pour elle, c’est celui de cuisiner le repas du soir. Alors vient pour lui l’heure de s’asseoir devant son assiette, d’avoir ce nouveau moment de détente qui consiste pour lui à s’asseoir devant un repas préparé, sans son aide, à prendre ce repas, puis, ayant mangé, bu, sali un certain nombre d’assiettes, de verres, de fourchettes, de cuillères à aller s’installer dans un fauteuil pour fumer, lire ou sommeiller. Et pendant ce temps, il y a l’autre, sa femme, qui elle aussi a travaillé tout le jour, soit à son ménage, soit dans un bureau ou un atelier comme lui. Mais une fois rentrée à la maison, comme lui, elle a dû préparer le repas, et durant le repas, se lever constamment pour servir son compagnon, courant du fourneau à la table, ayant à peine le temps de manger. Car en général–qui le niera ?– il mange toujours trop vite, il engouffre sa nourriture, comme s’il était affamé. Aussi, à peine est-elle assise, à peine a-t-elle porté sa cuillère à la bouche, qu’il est, lui, devant son assiette déjà vide, regardant, ne disant rien, montrant pourtant qu’il attend. Mais ce silence, c’est en fait tout un discours, insinuant d’abord, puis péremptoire. Elle n’est pas sourde, tant s’en faut, ni aveugle. Elle voit bien qu’il s’impatiente. Alors, elle se dépêche, elle aussi, de mettre les bouchées doubles pour qu’il n’ait pas à attendre le plat suivant.
(P. 75)
Commenter  J’apprécie          00

Video de Alice Rivaz (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alice Rivaz
Lecture au sujet d'Alice Rivaz «La Faim d'écrire»* par Silvia Ricci Lempen et Céline Cerny N'hésitez-pas à rejoindre la page Facebook: https://www.facebook.com/Trousp/?ref=... Pour voir d'autres Questionnaires de Trousp: https://www.youtube.com/playlist?list=PLFo7w_oH3taos¤££¤14D Alice Rivaz10¤££¤6i5hfHrh
0:00 Introduction 0:12 Lecture 21:26 Remerciements
*«La Faim d'écrire», Silvia Ricci Lempen et Céline Cerny, La cinquième saison, Vevey.
Trousp est une chaîne Youtube dédiée au livre, à la littérature et à la littérature suisse en particulier.
autres livres classés : féminismeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (220) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
561 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..