Il s'appelle Rafael. Il est né à Cuba dans une famille d'esclaves. Il a la peau noire, un coeur grand ouvert et un immense amour de liberté. Il adore la musique, la danse et les jeux avec ses amis. Il sait faire plein de choses, il sait se débrouiller tout seul même quand la vie est dure. Et il a un rêve, un rêve extraordinaire qui va se réaliser. Car lui, Rafael, va devenir renommé, le premier artiste noir réputé en France, largement aimé et acclamé par le public parisien. Il va devenir le célèbre Clown Chocolat.
Il est là, devant nous, ce garçon tout à fait ordinaire à première vue, mais avec un destin si incroyable ! Car qui parmi nous peut comprendre ce que veut dire d'être enfant d'esclaves, ce que signifie d'être vendu et envoyé loin de ses proches, loin de ce qui est cher à son coeur… Rafael, lui, connaît les conséquences de l'esclavage et le prix de la liberté. Il a dû passer par des expériences difficiles, par le labeur, par la misère, par l'humiliation. Il a connu le bonheur de l'amitié et la tristesse de la séparation. Mais il a su également préserver sa joie de vivre, il a su profiter d'instants de douceur, de partage, de beauté, de silence. Malgré les préjugés, les stéréotypes et souvent la cruauté de l'époque, Rafael a réussi à vivre au-delà de l'amertume et de la déception. Il a toujours été celui qui sait écouter les autres, qui est capable de voir leur peine et de tout faire pour la soulager.
Guidés d'une page à l'autre par la plume légère et exquise de Bénédicte Rivière, nous nous retrouvons rapidement à côté de Rafael, subjugués par le sentiment d'une profonde complicité qui naît entre nous. Que ce soit en bateau pour l'Espagne, dans les rues de Bilbao ou dans le Nouveau Cirque à Paris, nous ne pouvons plus laisser Rafael car nous avons une envie irrésistible, tout comme lui, d'aller de l'avant, de surmonter les obstacles, de lutter pour le droit de réaliser son rêve et d'être heureux. Grâce à lui, nous découvrons aussi la valeur d'une amitié pure et sincère, l'importance de persister dans ses efforts, la grandeur de la dignité, du courage, de l'empathie…
Et que dire de l'écriture ? Élégante, envoûtante, très soignée et inspirée, elle témoigne du talent indiscutable de l'auteure de savoir captiver le lecteur et le garder accroché aux aventures de Chocolat jusqu'à la dernière page. D'ailleurs, on peut presque sentir la passion qu'éprouve Bénédicte Rivière pour son héros et qu'elle sait habilement transmettre à ceux qui lisent ce roman.
L'auteure réussit à offrir une histoire à la fois magnifiquement construite et illuminée par ses touches très poétiques, une histoire qui nous procure un immense plaisir par sa musicalité et sa sensibilité. Derrière les mots et les phrases, on entrevoit le profond travail de recherche documentaire qu'elle a fait pour dévoiler au lecteur, tout en subtilité, la vie du jeune Chocolat. Avec son style dynamique, ses multiples dialogues très expressifs, ses chapitres courts et l'écriture à la première personne, ce roman se prête facilement à la lecture par les enfants à partir de 8-9 ans.
La fin de la chronique est sur mon blog.
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