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sur 131 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Adèle, une fille sans histoire, est effacée, insignifiante, et passe ses heures à regarder la vie animée de Paris depuis son petit appartement. le 13 novembre 2015 au soir, elle est sur son rebord de fenêtre, comme toujours, et est témoin de l'horreur des attentat de Paris, ayant fait 130 morts et de nombreuses victimes.
Elle est sous le choc, dans un état de sidération. le fait qu'elle était là, sur place, qu'elle a tout vu, ajoute à son trouble. Elle souffre et se sent victime.
Le lendemain, elle reconnaît à la télé, parmi les victimes, Matteo, jeune étudiant en art qu'elle avait croisé quand elle était serveuse dans le bar du coin. Il a été fusillé au Bataclan.
Elle décide, sans trop savoir pourquoi, d'aller au centre d'aide des victimes à l'École Militaire. Et quand on lui demande qui elle est, elle répond qu'elle est la petite amie de Matteo.
Commence alors une énorme imposture, mensonge horrible, dans lequel elle se glisse et qui devient sa vérité. Adèle se lance corps et âme dans cette fausse histoire. Elle rencontre les parents de Matteo, les héberge le temps des démarches, devient porte-parole d'une association de défense des victimes... Elle fait sienne cette vie qu'elle invente. Elle manipule, élabore, ourdit nuit et jour. Cela devient sa cause, sa raison d'être. Elle était personne, elle est devenue victime.
Ce récit fait froid dans le dos, d'autant plus qu'il est tiré d'une histoire vraie.
Le roman commence par son procès et les pardons qu'elle adresse à la famille. Ensuite, on revient sur les faits, sa vie, comment tout a commencé et comment elle a continué à mentir. Alternent les témoignages au tribunal des différentes personnes concernées : la mère de Matteo, ses amis, le bénévole de la Croix-Rouge qui s'est attaché à Adèle etc.
C'est très bien construit, très intelligent. Même si l'on connaît l'issu, on veut savoir. J'ai lu ce livre avec beaucoup d'avidité et j'ai réussi à avoir de l'empathie pour Adèle. Une belle surprise que ce premier roman de Constance Rivière. Je recommande.
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Voici un premier roman mené d'une main de maître ! L'écriture est un aimant ! Captivante, elle attire le lecteur de suite, dans cette profondeur de ton réfléchi, dosée à point et sérieuse. Douée de ce réel, l'histoire rappelle des faits sombres qui sont advenus lors de l'attentat au Bataclan le 13 Novembre 2015. Adèle est chez elle. Cette dernière observe le chao, les mouvements et les secousses. Ecoute les cris et perçoit un drame qui va résonner en elle jusqu'à l'abîme. Constance Rivière telle une marionnettiste tire les ficelles. Va faire de sa trame une envolée chorale où les protagonistes tour à tour vont parler d'Adèle. Cette dernière est la voix off. La première victime, elle-même. Elle va sombrer dans le gouffre de ses souvenirs, le décès de son père, et le vide de sa vie. Dépressive voire plus, Adèle détient un espoir : le mensonge. De jour en jour, le château de cartes se fragilise. Adèle s'éveille dans la folie mythomane et à contrario se meurt par ses dires absolument terrifiants. Les voix vont monter crescendo. le récit devient un terrain miné, l'irrévocable pour Adèle. Rarement un roman réussi ce tour de force. On a pitié d'Adèle malgré tout. Son macabre jeu est construit avec intelligence. Plus elle ment, plus elle se réalise. Mais quel est ce mensonge ? Ne rien dire de plus !! Juste, lisez ce récit. « Cette fille sans histoire » passe-muraille, quelconque et éteinte. Ce premier roman est brillant, noir, un peu comme un thriller moderne, dramatique, dont le suspens se situe dans l'esprit d'Adèle. Il est étonnant et sonne juste. C'est un témoignage capital, sans jugement de l'auteure. Et c'est là, le summum de ce récit. A lire pour comprendre les mécaniques humaines en lâchant prise à tout jugement. Publié par Les Editions Stock, lu dans le cadre des 68 premières fois .
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Paris, le 13 novembre 2015. Des centaines de morts et de blessés. Des proches et des familles pétrifiées, dévastées. La stupéfaction pour tous et pour une jeune femme habitant à proximité de la salle du Bataclan. Adèle, une victime collatérale ?
Adèle est une jeune femme désoeuvrée, sans emploi, isolée, mal dans sa peau depuis le décès de son père. Elle décide de s'introduire dans la vie d'un jeune homme mort lors de l'attentat, se présentant à tous comme sa petite amie. Mattéo fréquentait comme client le bar où elle était serveuse. Bar dont elle a été congédiée lorsque le patron du bar s'est rendu compte qu'elle avait volé quelque chose dans le sac du jeune homme. Pour quelle raison prend-elle cette décision folle et lourde de conséquences ? Sans doute pour donner un sens à sa vie.
Presque qu'à chaque nouveau chapitre, un narrateur différent s'exprime et l'on comprend assez vite que ces hommes et cette femme comparaissent comme témoins dans un procès, chacun à son tour vient faire sa déposition. Ils reprennent la parole plusieurs fois au cours du récit. Alors que lorsqu'il s'agit de décrire Adèle, ses actes et ses pensées c'est un narrateur neutre qui le fait. J'ai beaucoup aimé le choix de l'auteur de donner la parole aux acteurs de ce drame. Un choix d'écriture plus vivant. le premier à intervenir est Saïd, un psychologue bénévole à la Croix Rouge. C'est lui qui met Adèle en relation avec les parents de Mattéo. Ensuite c'est Francesca, la mère de Mattéo, une Italienne ayant vécu en France, qui relate ses rapports « forcés » avec Adèle, sa surprise puis assez rapidement son malaise et ses doutes. Puis, intervient Thomas, un camarade de Mattéo à l'Ecole des Beaux Arts. Et enfin au tout dernier moment apparaît Jacques, le patron du bar. Tous sont frappés par l'étrangeté de la jeune femme mais aucun ne peut imaginer la vérité.
« A la mort de son père, alors qu'elle entrait avec peine dans la vie adulte, elle eut beaucoup de mal à trouver un équilibre nouveau. Elle ne savait pas comment vivre avec cet état de confusion qui lui rendait si difficile de distinguer nettement la vie réelle de sa vie rêvée » En remontant à l'enfance d'Adèle il est plus facile de comprendre son parcours et ce qui a dicté son attitude inattendue et inacceptable. Souffre-t-elle du syndrome de Münchhausen, une pathologie psychologique caractérisée par un besoin de simuler un traumatisme dans le but d'attirer l'attention ou la compassion. N'est ce pas le cas d'Adèle, très active, très investie dans l'association des victimes ? « En entrant dans la lumière par une actualité douloureuse elle devenait fréquentable ». Et c'est ainsi qu'une jeune femme terne, sans consistance, devient une héroïne que tous les média s'arrachent en s'appropriant une histoire, une vie, une existence qui n'est pas la sienne. Usurpatrice « Adèle s'est vite imposée comme une figure emblématique des victimes des attentats ». Quelle imposture ! Tout change chez Adèle, le prénom – son vrai prénom c'est Marianne -, le caractère... C'est même carrément une métamorphose physique puisque même le patron du bar qui l'avait employé et qui connaissait également Mattéo ne l'avait pas reconnue aux journaux télévisés. « Que ses années d'invisibilité lui semblaient lointaines « Quel parcours parcouru dans une vie inventée, volée !
Ce n'est pas un livre sur l'attentat du 13 novembre 2015 dans la salle du Bataclan. Absolument pas, l'attentat ne sert juste que de prétexte pour explorer la psychologie de la jeune femme, affabulatrice, usurpatrice d'une identité qui n'est pas la sienne. Une psychologie très bien maîtrisée et qui parvient même à nous rendre cette jeune femme très attachante malgré la monstruosité de son comportement. Comment ne pas éprouver de l'empathie pour cette jeune femme qui se débat pour aider les parents de Mattéo, dont elle a volé le deuil ?
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C'est une fille sans histoire.
Sans passé.
Mère inconnue. Père disparu.
Histoire inconnue.
Sans présent.
Invisible. Transparente.
Qui vit seule, recluse.
Par procuration.
Qui observe ses voisins, leur invente une histoire.
Son histoire, ce sont les histoires des autres.

C'est une fille à histoires.
Les histoires de son père.
Pour lui donner un rôle. Une existence.
Les histoires comme refuge.
Aux moqueries, aux sarcasmes.
Les histoires des autres.
Pour combler le vide. Faire taire le silence.
Les histoires qui la nourrissent. La font grandir.
Les histoires qu'elle invente
Les histoires qu'elle s'invente.

C'est l'histoire d'une fille.
Qui le soir du 13 novembre 2015 subit l'intrusion de l'Histoire dans sa vie.
Sirènes, tirs, cris. Des attentats frappent Paris.
Le Bataclan, à deux pas de chez elle.
C'est l'histoire d'une fille.
Qui va d'introduire dans L Histoire.
Qui va s'inventer une histoire avec Matteo.
Porté disparu.
Jusqu'à s'en convaincre.

C'est la fille d'une histoire.
Une histoire qui brisera le fil entre rêve et réalité.
L'histoire d'une douleur inventée pour soulager une douleur réelle.
Pour rendre visible les blessures invisibles.
Pour exister. Trouver une raison d'être.

L'histoire d'une victime.
Une histoire qui fera des victimes.

Constance Rivière signe un roman très fort à l'écriture puissante et fluide. Sans parti pris, ni jugement. Un roman qui interpelle.
Sa construction réussie nous permet d'accompagner Adèle dans sa quête de reconnaissance, en partageant sa souffrance et son besoin d'exister.
Mais l'auteur donne également voix aux victimes d'Adèle, celles prises au piège de son histoire. Celles qui se voient dépossédées de leur droit, de leur statut, de leur histoire.

Un grand merci aux Editions Stock et à Version Femina pour cette belle découverte dans le cadre du coup de coeur des lectrices
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Adèle aime regarder les gens, leur inventer des vies tandis qu'elle les observe la nuit, à travers leurs fenêtres fermées. Peut-être parce qu'elle n'a pas de vie propre, de vie bien à elle, et qu'elle est encore plus solitaire qu'avant depuis la mort de son père. Alors, le lendemain des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan, quand elle reconnaît à la télé le visage de Matteo, un étudiant qui fréquentait le bar où elle travaillait, elle décide de se jeter dans cette actualité tragique, et de savoir si le jeune homme fait partie des victimes. Dans l'Ecole militaire transformée en centre d'accueil pour les proches, et ensuite face aux parents de Matteo, elle se présente comme sa petite amie.

Terrible personnage que celui d'Adèle, dont l'usurpation et les mensonges lui permettent enfin d'exister. D'acquérir un peu d'épaisseur, de cesser d'être transparente aux yeux de tous les autres. "La non-permanence de son être dans le regard des autres rendait impossible qu'elle puisse trouver une identité propre". D'elle on découvre petit-à-petit le passé, la mère inexistante et inconnue, le traumatisme initial puisqu'elle porte le nom de sa soeur décédée 18 mois plus tôt, l'enfance solitaire auprès d'un père en mouvement perpétuel, décidant au dernier moment de déménager ; enfant elle s'est "réfugiée dans les livres, les histoires, les siennes et celles des autres", dans un monde imaginaire avec lequel, très vite, elle a confondu la réalité. Et voilà que se présente enfin pour elle un moyen d'exister, la voilà qui prend corps enfin, et qu'on la regarde, qu'on la nomme, qu'on la reconnait. Adèle donne libre cours à sa mythomanie, dans un monde "également faux et également vrai". En est-elle consciente ? Toute l'ambiguïté du récit repose là-dessus, sur sa capacité à tenir le "rôle de sa vie" sans que l'on ne sache jamais jusqu'où elle y croit vraiment, sans qu'elle émette jamais un seul remords. Terrible histoire donc que celle d'Adèle, qui a comblé les vides de son enfance en s'inventant des histoires, jusqu'à cette monstrueuse mystification de se faire passer pour proche d'une des nombreuses victimes du Bataclan.

Livre lu dans le cadre des "68 premières fois".

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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J'ai lu ce roman à vitesse grand V tellement l'histoire sort de l'ordinaire, l'auteur a su à partir d'un fait reel et tragique construire une autre histoire dans l'histoire.

Une surprise de taille à la lecture de cette histoire merveillement narrée et originale.
Le 13 novembre, attentat au Bataclan - Paris. Presque 4 ans et encore si frais dans nos mémoires. L'auteure va imaginer une autre façon de survivre à l'histoire terrible de cette soirée là. Adèle va devenir un porte parole inattendu, s'appropriant un deuil qui ne lui appartient pourtant pas. Qui est elle vraiment et pourquoi ?
Monté comme un polar noir, ce n'est pas un énième roman décortiquant le terrorisme où l'on en sort hébétée par la douleur. La charge émotionnelle de l'histoire elle même est intense. de ce point de départ, l'auteur fait rentrer en scène Adèle qui va jouer le "le rôle de sa vie". le lecteur devient la victime.
Ce roman de la rentrée littéraire est à ajouter à votre PAL, il est court et vous étonnera par son efficacité.

Lien : https://laliseuseheureuse.bl..
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Un premier roman dont la lecture m'a beaucoup impressionné par la maîtrise de son sujet et émue car il aborde un sujet délicat, sensible. Faire croire aux autres que l'on a été l'amoureuse d'une des victimes des attentats du Bataclan. Sujet similaire que dans "le détachement" de Jéremy Sebbane. texte qui m'avait déçu.. Ce premier roman m'a beaucoup émue. Cette soirée et nuit de novembre 2015 restent gravées dans nos mémoires et il fallait oser romancer cet après et raconter la suite de ces tragiques événements, du point de vue des parents, des proches des victimes mais aussi des aidants (un touchant portrait d'un jeune homme qui vient écouter et soutenir les proches, alors qu'il revient de pays où il y avait eu des séismes naturels..). Constance Riviére est au plus de ses personnages, que ce soit cette fille sans histoire qui se crée une histoire et s'y investit pleinement et qui s'engage et aide les proches des victimes, que ce soit la mère d'une des victimes ou d'un patron de bar, bar qui aurait pu être sur le chemin des terroristes. Merci aux fées des 68premièresfois de m'avoir fait lire ce texte.
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Tout d'abord, j'ai choisi de lire ce livre comme une fiction et non pas comme une narration plus ou moins inspirée de faits réels.
L'écriture est juste parfaite, je suis rentrée dans l'histoire et je n'ai pas lâché le livre avant de l'avoir terminé. Chaque personnages nous raconte sa version, son ressenti, son chagrin, son malaise, ses doutes, ses questions. J'ai eu l'impression d'être à leurs côtés, tellement les scènes sont bien décrites. Par moment je me suis imaginée dans un film, parce qu'effectivement ces tristes événements ont eu lieu et j'avais quand même en tête certaines images 😔. Constance Rivière signe un premier roman très réussi, que je vous conseille de lire.
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Ce roman choral laisse monter progressivement la tension en nous livrant les points de vue des différents personnages sur cette terrible histoire.
Adèle, jeune femme totalement transparente et inexistante aux yeux des autres, a l'aubaine de voir sa vie changer en devenant enfin quelqu'un, en monopolisant le devant de la scène et en devenant utile pour les autres.
Cette histoire est délicatement traitée et très réaliste.
Adèle n'est pas un personnage sympathique, je n'ai eu aucune empathie pour elle. Mais j'ai compris son geste et sa démarche. J'ai compris sa souffrance, son désir d'exister, son besoin de s'inventer une vie pour vivre enfin, tout simplement !

▶️ Un roman contemporain psychologique très réussi !
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"Une fille sans histoire" de Constance Rivière
Editions Stock
183 pages
A paraître le 21 août 2019

Adèle est vraiment une fille "sans histoire". Depuis son plus jeune âge et aux yeux de tous, elle est invisible, sans intérêt et n'a pas d'amis. Alors, elle épie les autres s'inventant des histoires.
Jusqu'à ce 14 novembre 2015 au lendemain de l'attentat du Bataclan où elle franchit la ligne jaune. Elle aussi "veut" faire partie de cette histoire dramatique, elle aussi "sera" une victime. Elle se rend donc dans un centre d'accueil des familles à la recherche de Matteo, dont elle dit être la petite amie. Ainsi débute la grande imposture d'Adèle.

Ce premier roman de Constance Rivière ne laisse pas indifférent.
L'auteur nous propose un récit émouvant, bouleversant et effrayant à travers les yeux de Francesca la mère de Matteo et de Saïd, personnel de soutien psychologique de la Croix-Rouge. J'ai dévoré les chapitres courts avec grand intérêt pour ce sujet très original. J'ai été troublée par cette histoire si réaliste qu'elle m'a semblé vraie. Une belle découverte.

Je remercie #versionfemina et #editionsstock pour leur confiance
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