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François Maspero (Traducteur)
EAN : 9782020220958
370 pages
Seuil (01/01/1998)
3.97/5   31 notes
Résumé :
Itapé et Sapukai sont les deux villages où se déroule et s'étend l'action de Fils d'homme, depuis l'époque du dictateur Francia jusqu'au milieu de notre siècle, après la terrible guerre du Chaco. Les habitants d'Itapé vénèrent un Christ lépreux planté au sommet d'une colline car l'église lui a refusé abri et protection. L'histoire de Sapukai est à jamais marquée par les rébellions agraires du début du siècle et par l'explosion d'un train chargé de dynamite dans la g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Il est un endroit de la bibliothèque réservé aux chefs-d'oeuvre.
Ces livres exaltants, ces compagnons au fil du temps rassemblés, qu'il est agréable de les avoir à portée de main !
Babelio, par son concept même du partage, est un formidable accélérateur de redécouvertes. L'envie m'a pris cette semaine de retirer momentanément de son sommeil “Fils d'homme”, pour vous le présenter. Ce roman de l'écrivain paraguayen Augusto Roa Bastos a été publié à Buenos Aires en 1960, exil oblige.

Itapé et Sapukai sont des bourgades situées au sud de la capitale Asunción. Distantes l'une de l'autre d'une cinquantaine de kilomètres, elles furent le berceau de plusieurs révoltes agraires au début du siècle dernier.

L'indépendance du Paraguay remonte à 1811, date où commence le long règne du dictateur Gaspar Francia. Un siècle plus tard, le narrateur de “Fils d'homme” est encore enfant lorsqu'il écoute un vieillard d'Itapé raconter la mort tragique de son père, assassiné froidement par Francia dont il était pourtant le serviteur fidèle.

Le ton belliqueux de “Fils d'homme” est palpable dès les premiers chapitres alors que l'auteur décrit les us et coutumes de ces villages retirés et s'attarde sur le parcours de vie de personnages pittoresques.
Les chapitres suivants relatent les rébellions de petites gens contre le pouvoir central autocratique. le lecteur prend rapidement fait et cause pour ces prolétaires dont le cri ''Terre, pain et liberté !'' résonne sourdement dans toute la région. Malgré un manque criant de moyens militaires, ces miséreux se battent avec l'énergie du désespoir contre les forces loyalistes d'une férocité implacable.

Fils d'homme” permet de découvrir la jeune Histoire du Paraguay, d'approcher sa culture métisse au langage mêlé d'hispanisme et de guaranisme, de s'initier aux enjeux stratégiques de la guerre du Chaco qui fit cent mille morts et qui opposa dans les années trente le Paraguay et la Bolivie, pays enclavés dans la partie centrale de l'Amérique du Sud.

C'est d'ailleurs sur la ligne de front du Chaco que l'on retrouve dans la seconde partie du roman des anciens insurgés de Sapukai, libérés de prison pour combattre les boliviens dans ce no man's land au relief accidenté et austère. Augusto Roa Bastos décrit avec un grand réalisme l'âpreté des combats, les souffrances extrêmes des soldats déshydratés, le problème quasi insoluble de l'acheminement de l'eau par camions-citernes...

La structure de cette oeuvre est particulière dans la mesure où chacun des dix chapitres pourrait se suffire à lui même. “Fils d'homme” n'est pas pour autant une succession de nouvelles. Un fil d'Ariane subtil relie les personnages d'un chapitre à l'autre et attise de bout en bout la curiosité du lecteur. Les événements fragmentés apparaissant ici et là, permettent au final de reconstituer une sorte de ”roman-puzzle”.

Cette particularité narrative, le cadre dépaysant de ces intrigues aux rebondissements incessants et la poésie omniprésente donnent à cette fresque historique le parfum des livres rares que l'on redécouvre avec enchantement.
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Le Paraguay , au début du XXème siècle . L'auteur nous plonge dans deux villages .Itapé , d'où est originaire le narrateur, où l'on vénère un Christ sculpté par un lépreux et Sapukai, où un médecin venu de nulle part bouleverse le quotidien local.
Ces deux bourgs sont au sud est du Paraguay, proche de l'Argentine et l'arrivée du chemin de fer bouleverse le quotidien de ce peuple d'agriculteurs, parlant la guarani et acceptant difficilement la main mise d'Ascuncion sur leur vie.

Remarquable roman retraçant plus de 20 ans de l'histoire du Paraguay depuis la révolte paysanne de 1912 jusqu'à la fin de la guerre du Chaco contre les "Boli", guerre à laquelle l'auteur a participé en tant qu'infirmier du haut de ses 17 ans.
Au gré des chapitres, l'auteur nous amène à croiser plusieurs fois les hommes de ces terres hostiles, que ce soit au village, à la guerre ou en prison. Et bien entendu, les rapports au pouvoir sont largement mis en avant.

Dénonciation du despotisme d'état, cri contre les dirigeants paraguayens, ce livre est d'une force incroyable et montre l'avilissement d'un peuple qui ne demandait qu'à cultiver sa terre , jouer aux cartes et boire du tafia ou du maté.
Et l'écriture ! Ici , on nous plonge dans la forêt dense , dans les marécages infestés, on nous entoure de moustiques gros comme des moineaux. Chaque adjectif assujetti encore un peu plus l'homme, comme si la nature sous la plume de l'écrivain se faisait complice du pouvoir pour enchainer les hommes, rendant ce texte sans doute unique.
La trame choisie par l'auteur est chronologiquement relativement linéaire mais il aborde les différentes parties du livres à travers divers personnages , même si le narrateur , acteur du roman mais surtout témoin privilégié, si l'on peut dire, n'est jamais loin.

C'est un livre qui sans être exigeant requiert un minimum de concentration, mais qui récompense grandement le lecteur de ses efforts.
Véritable plébiscite de l'homme contre la barbarie des gouvernants, ce livre est un immense témoignage de ce qu'a enduré la population paraguayenne au début du XXème.
Il y a de plus une montée en puissance tout au long de l’œuvre et à chaque chapitre fini, le poids des mots se fait encore plus fort.
Incontestablement un tour de force littéraire majeur.

En préface de ce livre , Eric Faye nous dit ceci : " Certains pays se caractérisent par leur discrétion, un goût prononcé pour la pénombre. dans la banlieue du monde, à l'écart des grands courants, ils n'attirent pas le visiteur; ils tomberaient vite dans l'oubli si , parfois, un écrivain n'accédait à la renommé mondiale. Parce que cet auteur est la seule personnalité connue à l'étranger, on en vient à l'identifier à son pays."
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Initialement conçu comme un conte, Fils d'homme suit, dans l'édition originale, une structure binaire : les chapitres impairs sont narrés à la première personne, les chapitres pairs sont confiés au lecteur à la troisième personne. Cette alternance permet d'évoquer et de représenter les événements historiques (missions jésuites, dictature, guerre de la Triple Alliance, crises politiques, guerre du Chaco…), autant à travers un personnage narrateur et intellectuel que via la vision globale d'un héros collectif, le peuple paraguayen. Par sa thématique et ses procédés narratifs autant que linguistiques, Fils d'homme constitue une oeuvre talentueuse à part dans les lettres paraguayennes. Les différentes publications de cette oeuvre connaissent trois versions, l'une d'origine, l'autre française qui rompt la structure binaire originelle des chapitres et la version espagnole de 1985 plus pertinente et retravaillée que celle française.
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En fouinant dans les bouquineries, je trouve souvent ce que je cherche et parfois aussi ce que je ne cherche pas vraiment, et ce fut le cas avec ce roman d'un auteur paraguayen.

Puisque le 4ᵉ de couverture parlait d'un intense chef-d'oeuvre et que je pouvais l'acquérir à petit prix, je n'ai pas hésité longtemps et hop, dans le panier d'achat.

Il tombait bien pour le Mois Espagnol et Sud-Américain et me permettrait de noircir un nouveau pays sur mon planisphère (le Paraguay).

Mais que dire sur cette lecture ? Ben, heu, en fait, heu… le plus important sera pour dire que je ne suis pas d'accord avec ce qui est dit sur le 4ᵉ : intense chef-d'oeuvre de la littérature latino-américaine. Bon, après, les goûts et les couleurs…

Ce roman est en fait constitué de plusieurs récits, comme des nouvelles (mais qui suivent un fil rouge), et qui nous racontent les us et coutumes des paysans paraguayens, début du XXᵉ siècle, vivant dans des villages retirés, ainsi que des souvenirs de l'époque, sous la dictature de Francia, bien avant.

J'ai apprécié le premier chapitre, avec un vieil homme qui raconte la mort tragique de son père, assassiné froidement par le dictateur Francia dont il était pourtant le serviteur fidèle. J'étais à fond dans l'histoire avec ce gringo, venu de nulle part et devenu une sorte de médecin. Les récits parlant de guerre, de combats, je les ai appréciés aussi.

Et puis, entre les deux, j'ai souvent décroché de ma lecture, passant des paragraphes, sautant des pages avant de perdre tout à faire le fil du récit, de mélanger les personnages et de finir par refermer ce bouquin sans avoir goûté au chef-d'oeuvre annoncé.

Je retiendrai que ce roman offre 20 ans d'histoire du Paraguay, depuis la révolte paysanne (1912) jusqu'à la fin de la guerre du Chaco contre les Boliviens (de 1932 à 1935).

Ce roman montre aussi les souffrances et la misère que vécu la population paraguayenne au début des années 1900. Pour ne pas dire "un enfer"…

Hélas, entre lui et moi, le coup de foudre n'a pas eu lieu, dommage pour moi, parce que les critiques sur Babelio étaient plus qu'élogieuses.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Dans une écriture puissante, évocatrice (on a presque envie de claquer les moustiques), une histoire en spirale avec deux villages en point central, Sapukai et Itapé, reliés par les personnages. On se perd un peu mais Augusto Roa Bastos nous rattrape, et puis on comprend que LE personnage, c'est le Paraguay, côté paysans guaranis. Un pays mystique, fou, qui a comme repères temporels l'année de la comète, les insurrections populaires réprimées, la guerre du Chaco avec les Boliviens... qui a comme géographie un Christ planté sur une colline, un quartier de lépreux, un wagon, des gares, des marais qu'on n'a pas envie de visiter, des forêts peu accueillantes, une exploitation de maté esclavagiste, un fort convoité... le tout dans un climat de soifs.
Mon édition est une réécriture 20 ans plus tard par l'auteur d'un roman paru en 1960, traduite par François Maspero dans les années 90 (la préface de l'auteur et la note du traducteur sont intéressantes, pas du tout superflues). le roman est présenté comme "chef d'oeuvre de la littérature latino-américaine" : je n'en doute pas, c'est un livre dont on sait que si on le relit, on trouvera d'autres choses. Une bibliothèque s'en est débarrassé, le voici chez moi.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L’eau palpite dans le bas ventre de la colline, dans la fourche des deux chemins qui conduisent au champ de bataille. Dans la pénombre de l’aube, elle ressemble à une vulve d’une infinie douceur, qu’ourle le duvet de végétation aquatique en fermentation sous les larges taches de moisissures, d’une odeur que l’on dirait sexuelle.
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L’homme a deux naissances. L’une quand il vient au monde, l’autre quand il meurt... Il meurt mais il reste vivant dans les autres, s’il a été loyal envers son prochain. Et, si au cours de sa vie, il sait s’oublier lui-même, la terre mange son corps mais pas son souvenir...
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J'étais tout petit alors. Mon témoignage n'est qu'à moitié fiable. Et aujourd'hui, en rédigeant ces souvenirs, je sens bien qu'à l'innocence et aux étonnements de mon enfance viennent se mêler mes trahisons et mes manquements d'homme , les morts répétées de ma vie. Je fais peut-être davantage que revivre ces souvenirs : je les expie.
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Oui, c'est cela la vie, si loin qu'on regarde le passé, l'avenir, ou même le présent aveugle. Une flamme têtue qui brûle dans les os, cette nécessité d'aller un peu plus loin qu'il n'est possible, de résister jusqu'à la fin, de franchir une ligne, une limite, de durer encore, au-delà de tout désespoir et de toute résignation.
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Les mots tristes n'existent pas, en guarani : ils sortent comme s'ils venaient d'être inventés, sans avoir le temps de vieillir. Pour dire "le sommeil sera long", elle avait dit : "Jho'ata che'ari keranà pukù...", ce qui suggérait un sommeil à poings fermés, plein d'une douceur infinie, d'images joyeuses, avec une mouche qui chatouille le nez du dormeur.
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Video de Augusto Roa Bastos (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Augusto Roa Bastos
Qui croirait, à la vue de ces Paraguayens d'une hospitalité sans faille, aimant la vie au jour le jour, que ce peuple porte une histoire si invraisemblable que, selon les termes même de son grand écrivain, Roa Bastos, on la croirait inventée si elle n'était objectivement réelle ?
Car leur pays a été le théâtre d'une des plus grandes utopies de l'humanité tout comme des plus abominables drames. gagnez leur confiance, entrez dans leur monde, celui de l'attachement à une nature exubérante, à une langue originale, le guarani, qui est aussi un mode de vivre et de penser.
Lâchez prise et vous découvrirez, au-delà du kitsch d'un folklore conventionnel, l'originalité profonde d'un peuple qui, dans sa trajectoire perpétuellement mouvementée, affronte aujourd'hui la mondialisation.
Plus d'infos : http://ateliershenrydougier.com/paraguayens.html Lire un extrait : https://fr.calameo.com/read/005553960576f9412ac88 A commander en ligne : https://www.interforum.fr/Affiliations/accueil.do?refLivre=9791031201054&refEditeur=155&type=P --------------------------------------------------------
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