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Citations sur La jalousie (18)

Maintenant, c’est la voix du second chauffeur qui arrive jusqu’à cette partie centrale de la terrasse, venant du côté des hangars ; elle chante un air indigène, aux paroles incompréhensibles, ou même sans paroles.
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Sans doute est-ce toujours le même poème qui continue. Si parfois les thèmes s'estompent, c'est pour revenir un peu plus tard, affermis, à peu de choses près identiques. Cependant, ces répétitions, ces infimes variantes, ces coupures, ces retours en arrière, peuvent donner lieu à des modifications -bien qu'à peine sensibles- entraînant à la longue fort loin du point de départ (p.101).
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"Comment un roman [...] qui met en scène un homme et s'attache de page en page à chacun de ses pas, ne décrivant que ce qu'il fait, ce qu'il voit et ce qu'il imagine, pourrait-il être accusé de se détourner de l'homme ?" Nouvelle Revue Française, 1958.
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La Jalousie s'adresse à un lecteur curieux capable de comprendre la notion de point de vue en littérature . On ne saura rien de celui qui observe et décrit, ni son nom, ni sa situation. le quatrième de couverture nous dit que c'est un mari qui surveille sa femme, mais ce pourrait être aussi bien un fantôme dont on dresse le couvert. Il ne parle pas, on l'ignore, il ne fait pas de bruit.
Il décrit les choses et les êtres. C'est un regard qui constate la présence mais aussi l'absence.
La topographie de la plantation est si soigneusement décrite qu'on a l'impression d'y avoir demeuré. Il capte des détails pour capturer le réel.
Il observe le jeu de séduction entre A..., la femme du récit, dont la féminité attire le regard, et Franck, le propriétaire d'une plantation voisine, qui vient sans son épouse Christiane, prendre l'apéritif ou dîner. Ils sont servis par le boy. Les soirées se finissent dans l'obscurité complète sur la terrasse.
Il y a une attention extrême à ce que nous voyons tous les jours. Les détails infimes auxquelles nous ne prêtons pas attention. Une volonté de saisir le monde avec des phrases. En le pétrifiant dans des paragraphes, on le possède, on a un pouvoir sur lui. le fait de décrire ou de se souvenir de choses auxquelles les autres ne prêtent pas attention donne un sentiment de maîtrise. Mais on a jamais accès aux pensées de l'autre. On ne peut que deviner, se tromper peut-être.
Les visions, les obsessions se succèdent. Jusqu'à brouiller la chronologie. La scène du scutigère écrasé, le cognac versé, les ouvriers à l'extérieur, les sons des grillons, la femme à sa coiffeuse, la main aux doigts effilés... Comme dans un esprit jaloux qui traque les mêmes souvenirs, les mêmes scènes. Ce que fait le "regard" du récit, tout amoureux obsessionnel a pu rêver de le faire. Saisir la moindre image fugace d'un être aimé et l'épingler avec des mots, comme pour en épuiser le mystère.
On ne va pas mentir, ce n'est pas un livre qui vous emporte mais c'est une expérience de lecture que je ne regrette pas d'avoir fait. Il me reste des images très fortes, la plantation, la maison, l'acuité du regard du narrateur. Une immobilité qui ressemble à celle de notre vie de tous les jours. Nos moments de vide dans une journée, l'ennui sans lequel les moments forts n'auraient pas la même valeur.
Si nous réfléchissons un peu, ce roman qui semble expérimental est au fond plus proche de nos vies que d'autres. Nous vivons chaque jour de manière répétitive, sans trop de péripéties, nous voyons chaque jour les mêmes choses, que ce soit les rituels des gens autour de nous ou cette reproduction au mur, ou la forme des objets usuels, ou cette fissure dans un mur, cette tache sur la route....Alors ce récit qui se passe dans les colonies prend donc une valeur universelle. D'ailleurs, c'est un livre que je conseillerai aux apprentis écrivains qui peuvent s'inspirer des techniques de description ultra précises de Robbe-Grillet.
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L'opulente chevelure noire est libre sur les épaules. Le flot des lourdes boucles aux reflets roux frémit aux moindres impulsions que lui communique la tête. Celle-ci doit être agitée de menus mouvements, imperceptibles en eux-mêmes, mais amplifiés par la masse des cheveux qu'ils parcourent d'une épaule à l'autre, créant des remous luisants, vite amortis, dont l'intensité soudain se ranime en convulsions inattendues, un peu plus bas...plus bas encore...et un dernier spasme beaucoup plus bas.
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Sur ses lèvres closes flotte un demi-sourire de sérénité, de rêve, ou d'absence. Comme il est immuable et d'une régularité trop accomplie, il peut aussi bien être faux, de pure convenance, mondain, ou même imaginaire.
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Les phrases deviennent plus courtes et se contentent de répéter, pour la plupart, des fragments de celles prononcées au cours de ces deux derniers jours, ou antérieurement encore (p.95)
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Autour de la lampe, la ronde des insectes est toujours exactement la même. Cependant, à force de la contempler, l'oeil finit par y déceler des corpuscules plus gros que les autres. Ce n'est pas assez toutefois pour en déterminer la nature. Sur le fond noir ils ne forment, eux aussi, que des taches claires, qui deviennent de plus en plus brillantes à mesure qu'elles se rapprochent de la lumière, virent au noir d'un seul cou quand elles passent devant le globe, ) contre-jour, puis retrouvent tout leur éclat, dont l'intensité décroit alors vers la pointe de l'orbite.
Dans la brusquerie de son retour en direction du verre, la tache vient s'y heurter avec violence, produisant un tintement sec. Tombée sur la table, elle est devenue un petit coléoptère rougeâtre, aux élytres closes, qui marche en rond lentement sur le bois plus foncé.
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"Sur le mur, du côté de l'office, la tête de Franck a disparu. Sa chemise blanche ne brille plus, comme elle le faisait tout à l'heure, sous l'éclairage direct. Seule la manche droite est frappée par les rayons, de trois quarts arrière : l'épaule et le bras sont bordés d'une ligne claire, et de même, plus haut, l'oreille et le cou. Le visage est placé presque à contre-jour."
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Intrusion du narrateur dans le fil du roman

D'autres bifurcations possibles, en cours de route, qui conduisent toutes à des fins différentes. Les variantes sont très nombreuses; les variantes des variantes encore plus. Ils semblent même les multiplier à plaisir (p.82).
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