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EAN : 9782874894992
132 pages
Weyrich (01/10/2018)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Onnuzel, c’est un gamin de huit ans. Il vit dans le Molenbeek des golden sixties avec sa mère et sa petite sœur. Onnuzel ne comprend rien au monde, mais il se pose beaucoup de questions, du genre : où est mon père ? pourquoi il est parti ?
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce court roman commence par une fin, celle d'une mère, une vieille femme très fatiguée auquel son fils rend visite : on le sent angoissé mais puisque sa mère lui parle et que l'infirmière lui sourit, « c'est bon signe ». Mais il n'a rien compris… comme toujours. Depuis son enfance,celui que tout le monde appelle l'onnuzel ( « un mot en bruxellois qui se traduit par abruti ou empoté ») ne comprend rien au monde qui l'entoure. Il faut dire qu'on ne lui a jamais beaucoup parlé, on n'a jamais vraiment stimulé son intelligence ni ses émotions : sa vie est faite de routine, de petits rituels plus ou moins sympathiques, une petite vie à l'étroit dans un logement social avec sa mère et sa soeur, bien plus futée que lui. Pas de père et on n'en parle jamais, car cela déclenche des tempêtes de chagrin effrayantes chez la mère, on ne sait pas pourquoi il est parti ni où, il est peut-être mort, qui sait ? En tout cas, dans la famille de la mère, on le considère comme un sale type et tous, elle la première, entretiennent envers lui une haine farouche. Cette absence, ces non-dits pèsent comme un couvercle sur cette famille, sur ce gamin qui grandit sans savoir se construire vraiment, avec une mère qui se soucie plus du qu'en dira-t-on et de ses fins de mois difficiles que de l'épanouissement de ses enfants. Et pourtant, si elle s'en allait elle aussi, le fils serait perdu, terrorisé.

Il y a peu d'espoir dans ce roman, qui évoque aussi en pointillés la Belgique des années soixante (le jeune roi Baudouin, l'indépendance du Congo, l'incendie de l'Innovation à Bruxelles), tout est assez sombre, étouffant, étouffé, comme cette mère, sauf peut-être à la fin où une velléité d'indépendance semble s'emparer de l'onnuzel. Une nouvelle sur le même thème, publiée en 2009, offre un contrepoint narratif au roman écrit à la troisième personne. Malgré sa noirceur et une petite frustration (qu'est devenu l'onnuzel une fois adulte ?), j'ai apprécié le regard sensible de Thierry Robberecht, son écriture sans fioritures qui ne dompte l'émotion que pour mieux la laisser vivre.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Drôle de titre me direz-vous. Effectivement.
N'étant pas Bruxelloise, je n'avais jamais entendu ce mot avant de recevoir le livre choisi sur Masse Critique et publié chez Weyrich.
« L'onnuzel, ignore tout, ne comprend rien, mais il est obstiné... ; » nous dit l'auteur. Onnuzel, c'est une expression bruxelloise très proche de « fada », qui vient du flamand et signifie « imbécile ».
Le gamin de 8 ans dont il est question ici est un peu niais, naïf et pas très futé. Mais il observe et cherche à comprendre ce qu'on lui cache. Ce que sa mère lui cache. Ce qu'il veut comprendre lui c'est pourquoi elle méprise autant les hommes. Où est son père ? Pourquoi est-il parti ? Qui était-il ? Qu'est-il arrivé quand il était petit et dont il ne se souvient pas ? Il a l'impression que s'il savait, s'il retrouvait ce père absent, sa vie changerait car ne pas savoir le bloque, le mine et occupe toutes ses pensées. Et la douleur que sa mère affiche chaque jour se dissiperait sans doute. « Il a disparu le père, mais il est partout. » Cette mère désespérée et désespérante, tellement enfermée dans ses remords et ses déceptions qu'elle élève ses enfants dans la haine du père disparu tout en donnant aux apparences celle d'une mère parfaite, se sacrifiant pour ses enfants. Pauvres petits déjà investis d'un si lourd passé qu'ils doivent porter malgré eux.
Le récit se passe dans les années 60, à Molenbeek, bien loin des « Golden Sixties ». Baudouin est roi, le Congo est indépendant depuis peu et les anciens, ceux qui y ont vécu, sont d'une grande nostalgie quand ils évoquent ces années-là. Thierry Robberecht dresse le portrait triste mais juste d'une société et d'une famille sans réelle joie, terne, vivant de souvenirs et de regrets. A l'image de la mère qui a fait un mauvais mariage et se retrouve perdue, seule dans la vie.
Le roman est raconté d'un point de vue de l'enfant, exposé à la condescendance des uns et à l'hostilité des autres. Un enfant à qui les adultes ont volé l'insouciance par leur non-dit étouffants et leurs reproches incessants.
Ce très court roman flirte avec le journal intime mais il est raconté à la 3e personne. C'est sans doute ce qui m'a gênée. le récit lie intimement le regard naïf de l'enfant et celui de l'adulte a posteriori, le style haché, bref, d'une narration enfantine et les belles tournures, les figures de style léchées de l'adulte. C'est déstabilisant.
Cependant ce roman évoquant une relation toxique d'une mère enfermée en elle-même reste émouvant et fort tant le besoin d'amour et la haine restent proches d'un bout à l'autre.

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L'onnuzel vit avec sa soeur et sa mère. Il est gauche, empoté, un peu à côté de ses pompes, c'est pour cela qu'on l'appelle onnuzel, idiot en Bruxellois. Son monde est inquiétant, entre la mère qui le surprotège et l'image un peu mythique du père parti un beau jour pour on ne sait où, laissant la famille face à des dettes insupportables. Il voudrait que le père revienne, il voudrait aussi être un peu plus courageux, moins gourd. Mais il fait tout de travers.

Dans ce court récit, Thierry Robberecht parle avec beaucoup de justesse de la solitude de l'enfance et de la difficulté à se construire quand la précarité semble définir l'identité. Par petites touches, il décrit le désarroi du jeune garçon, dont on ne connaîtra pas le nom, tant il n'est que l'onnuzel. J'ai aimé l'ambiance, le parler bruxellois et la description d'un Molenbeek à jamais disparu. Et puis ce petit gars qu'on aimerait prendre sous son aile, emmener au foot ou au musée de la Porte de Hal. J'ai un peu regretté la brièveté du texte.
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Je remercie les Editions Weyrich - via la Masse Critique de Babelio - de m'avoir fait parvenir cet ouvrage.

Livre de bruxellois pour lecteur / lectrice bruxellois(e). L'Onnuzel est donc cet enfant de 8 ans qui ne comprend rien au monde et qui ne comprenant rien au entendu, comment voulez-vous qu'il comprenne un sous-entendu (page 102)?

Je conçois parfaitement que la collection "Plumes du Coq" ait pour vocation de défendre l'identité "Wallonie-Bruxelles" mais, néanmoins, je reste perplexe quant à la non-accessibilité de ce livre (un lexique aurait, sans nul doute, facilité la lecture pour un non-bruxellois). Personnellement, étant bruxelloise d'origine, j'en ai compris chaque mot… mais combien sont / seront dans mon cas?

L'histoire de cet enfant, élevé par une mère désarmée depuis l'abandon du domicile par le père, est une ode à la déprime. Leur quotidien est d'un ennui morte, une répétition à l'infini de journées identique, à peine égayées de visites chez Bobonne et Bonpapa. Un enfant sans repère et sans père qui peine à se créer une identité sous la coulpe / le joug de cette mère qui régente sa vie et lui insuffle un air gorgé de pessimisme et de fatalisme, sans l'once d'un sentiment.

Bref, un très bon livre intimiste pour les bruxellois… à ne pas entamer un soir de cafard.

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Je remercie les éditions belges Weyrich qui m'ont fait découvrir ce petit livre dans le cadre de "masse critique".
Cette nouvelle est un enchantement de lecture. Écrite en de petites phrases courtes, l'histoire de ce petit garçon, un peu simplet (d'où l'onnuzel), est très émouvante.
L'onnuzel est un petit bonhomme qui ne connaît pas son papa et à qui on n'a jamais expliqué le pourquoi du comment. Il passe son temps à se poser des questions et à s'imaginer ce qu'il pourrait faire avec un père, hormis le fait d'être comme tous les autres petits garçons.
Je me suis prise de compassion pour cet enfant rêveur, un peu dans son monde, qui est à la recherche de son identité.
Un très bon moment de lecture !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’onnuzel observe très attentivement le comportement du voisin parce que, dans son entourage, , les hommes à imiter ne sont pas très nombreux. Il y a bien un de ses oncles dont les blagues font rire sa mère. Lui aussi aimerait tant faire rire sa mère, mais même quand il imite son oncle, elle ne rit jamais à ses blagues d’onnuzel. Observer les hommes de son entourage est une obsession. Il tente de se comporter comme ses oncles, son instituteur et le voisin, car il se dit qu’être capable de se comporter comme un homme pourrait lui servir, plus tard. (p. 44-45)
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La musique classique, c’est e la Grande Musique, dit-on à l’onnuzel qui comprend que cette musique n’est pas destinée à lui et à sa famille mais aux autres, les gens importants, à son père peut-être. Qu’importe ! Le gamin dépose parfois la plaque sur le tourne-disque afin de savoir quel effet ça fait la Grande Musique, lui qui n’en écoute jamais. Il écoute, seul, en silence, assis devant le disque qu’il regarde tourner. Rien à dire, c’est beau, la Grande Musique.

Mais l’onnuzel reste l’onnuzel. Beethoven, malgré son génie et son énergie, ne peut rien pour lui. La Grande Musique ne transforme pas l’empoté en quelqu’un d’autre. Ecouter de la Grande Musique a moins d’effet que d’avaler du poisson ou du foie de veau. L’onnuzel ne perd pas espoir. Il se dit qu’en écoutant Beethoven tous les jours, il se passera peut-être quelques chose. Il se transformera. (p. 32-32)
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Les frontières n'existent pas à Molenbeek pas plus que les barbelés ou les checkpoints, mais chacun reste sur son territoire, les Belges dans leur silence, les Marocains dans leur quartier, les Juifs on ne sait pas. On raconte aussi que les Marocains arrivent par milliers, que le vieux Molenbeek est tombé entre leurs mains et qu'ils ne tarderont pas à arriver par ici, dans le beau Molenbeek. Un d'abord, puis deux, trois et ensuite, des millions. C'est une question de jours, d'heures peut-être. C'est une question d'argent.
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