Imaginons la Terre dans une cinquantaine d'années. Elle pourrait bien être devenue une planète ravagée par les ouragans, portant des continents noyés sous l'eau des océans et des populations aux abois. C'est ainsi, du moins, que
Thierry Robberecht nous la présente dans son roman. Chuong et ses parents sont à la fois témoins et victimes du déclin de cet environnement qui leur est familier ; et comme bien d'autres, ils n'ont qu'une seule solution pour ne pas être engloutis par les eaux montantes : fuir la Terre et rejoindre Reborn, une planète habitable récemment découverte. On est alors en 2064.
Mais sur Reborn comme sur Terre, tout a un prix, y compris l'accès à une vie meilleure. Une fois bien installés, les "Reborniens" se sont empressés de limiter les entrées des Terriens dans leur nouvel espace vital, et ont distingué l'"élite" assez riche pour se payer le voyage des autres, à qui ont dit qu'il n'y a "plus assez de place" pour les accueillir. Evidemment, personne n'est assez con ni pour croire cette aberration, ni pour se laisser mourir de son plein gré sur une planète qui part en lambeaux. Les habitants de Reborn se scindent rapidement en deux catégories : d'une part les "identifiables", pourvus d'une puce au nombril, et d'autre part les "invasifs", arrivés clandestinement sur la nouvelle planète.
La famille de Chuong fait partie de cette seconde catégorie d'arrivants ; ses parents auraient accepté l'idée de terminer leur vie sur Terre s'ils n'avaient pas eu ce fils de 15 ans qui méritait bien tout autant qu'un autre d'avoir une existence digne de ce nom. Mais leur atterrissage sur Reborn via un passeur ne se se déroule pas comme prévu ; tous trois sont enfermés dans un camp d'invasifs. Ils y végèteront pendant un an. Par la suite, leur tentative d'évasion n'aura qu'un succès partiel puisque les parents seront rattrapés et renvoyés sur Terre. Livré à lui-même, Chuong va devoir assurer sa survie tout en se cachant de la milice locale.
Comment un adolescent lambda peut-il successivement endosser un statut d'immigré clandestin, comprendre que sa vie n'a plus d'importance que pour lui-même et que, par conséquent, il n'a pas le loisir de refuser le pire des boulots et le mépris des autres ? Il est évident que, par le biais de l'univers qu'il crée et des personnages qu'il articule,
Thierry Robberecht critique la société actuelle et son devenir.
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