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Philippe Mikriammos (Traducteur)
EAN : 9782351785041
453 pages
Gallmeister (30/04/2010)
3.6/5   188 notes
Résumé :
Sissy Hankshaw a été dotée à sa naissance des deux plus longs pouces du monde : elle deviendra donc la plus grande auto-stoppeuse des États-Unis. Conduite par ses pouces, Sissy fait des rencontres étonnantes qui transforment sa vie, la Comtesse, magnat des déodorants intimes; Julian Gitche, l'Indien, qui sera un temps son mari, le docteur Robbins, psychiatre farfelu. Et surtout, les cow-girls, qui revendiquent l'égalité avec les hommes sous la conduite de la belle B... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 188 notes
J'enlève mes santiags toutes poussiéreuses avant de pénétrer l'antre du ranch de « la Rose de Caoutchouc ». C'est que je tiens encore un peu, si peu, à ma vie qu'il serait dommage que je me fasse estropier, flinguer, castrer par la renommée Bonanza Jellybean. Elle tient d'une main de maîtresse ce ranch où, bonheur des yeux et des culs, seules des cowgirls sévissent dans ce lieu de fantasmes et de peyotls.

Sissy, de longues jambes, un pouce démesuré à Richmond, Virginie. Défaut majeur dans sa plasticité certes, mais c'est le stetson vissé sur sa crinière qu'elle va user de son appendice et de son charme pour sillonner les routes d'Est en Ouest, du Sud au Nord, version autostop. Ça a du charme l'autostop, et je n'hésiterai pas à arrêter mon pick-up pour la prendre dans ma cabine hurlant le vague à l'âme de Johnny Cash.

Ce roman de Tom Robbins fera des étincelles dans ma tête, dans mon esprit, dans ma libido. A chaque page, son image, son délire. L'auteur abuse des substances hallucinogènes. Sous quelle forme ? Champignons, entre autre, mais pas que, tant son imagination totalement débridée épouse un univers totalement déjanté. Depuis que j'ai tourné ces pages, je rêve chaque nuit de cowgirls, je rêve de leur pays une bière assis au comptoir, elles les longues jambes croisées dans une minijupe bien serrées, moi les yeux dans le vague, l'âme dans la vague, rêve d'une vague de whisky qui viendrait me fouetter le visage de son embrun iodé.

Il y a des romans qui illuminent votre vie ou votre trajet de métro. Celui-là en fait partie. Ne serais-je pas un peu fou de me prendre pour un cowboy, ou pour sourire seul face à ce livre… Mais pas aussi fou que l'auteur… le soleil décline vers d'autres pâturages, j'ai envie de me faire une omelette aux peyotls, je me souviens du sourire d'une cowgirl, et j'écoute le silence de ma putain de vie que le vent emporte au loin.

De drôles de rencontres, un chinetoque un peu gourou, un psychiatre excentrique, un fabricant de déodorant, un indien loin de ses racines, des cowgirls lesbiennes, parsèment de son humeur sulfureuse et jasminée la vie de Sissy ; et par conséquent mon voyage littéraire inclassable. D'ailleurs comment se refuser un tel enivrement de mots, de whisky et de pensées saugrenues à sauvages aussi aphrodisiaques qu'une cowgirl en complet-3S, string stetson et santiags. Toute ma philosophie, le sky et le string, et maintenant les cow-girls avec du vague à l'âme.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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Une seule lecture n'est pas suffisante pour cerner ce livre de Tom Robbins. Sur plusieurs centaines de pages, l'ouvrage cumule les aventures, les réflexions, les personnages et les lieux les plus insolites qui puissent naître d'imagination d'écrivain. Tout cet humour, toute cette ironie, toute cette érudition déployées par Tom Robbins ne s'encaissent pas tranquillement en une lecture distraite. le résultat est excitant, mais aussi déstabilisant.


Contre-coup de cette richesse : le risque de nausée. Les tournures métaphoriques, parfois inutilement alambiquées, alourdissent un texte déjà dense qui ne cesse de nous trimbaler d'une péripétie à une autre, en passant par une anecdote politique, scientifique ou philosophique. Pas moyen d'avoir la paix ! Mais n'est-ce pas justement ce qui nous plaît ? Tom Robbins semble vouloir nous happer dans son histoire, sans aucune considération pour notre disponibilité : qu'on le veuille ou non, on sera dévoré par les aventures de ses cow-girls joyeusement cafardeuses !
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Ou l'on replonge avec délectation dans une période où tout semblait permis et l'avenir ouvert à tous les possibles. Ecrit au cours de la décennie 70, ce roman se place dans le courant de la contre culture américaine.
Dennis Hopper vient de mourir, s'il a lu ce livre, il a du jubiler de voir une héroïne appliquer à la lettre le titre de son film culte, Easy Rider. Elle voyage Sissy, elle fait du stop, c'est sa religion, c'est tout ce qu'elle sait faire, et elle fait son chemin dans les grands espaces. Elle a les appendices qu'il faut : Deux pouces à la taille extravagante, au pouvoir magnétique qui attire tout objet roulant pourvu d'un siège qui emportera sa propriétaire là où elle doit se rendre.
Les multiples rencontres occasionnées par ce pouvoir l'emporteront hors des sentiers battus (si je puis dire!). Tout ce joli monde repeint l'univers à sa façon, sans contraintes esthétiques ou morales. C'est l'époque où le libre arbitre vous permet toutes les fantaisies, les digressions métaphysiques, les expériences socio-hallucinées bien loin de nos pérégrinations frileuses et coincées, caractéristiques de la logorrhée actuelle.
Tous les personnages semblent hors champ, hors du champ social et n'existent que par la caricature qu'il dresse de la société d'où ils sortent. Ils forcent le trait avec talent et l'on se dit que décidément, ils ont foutrement raison, raison de tourner en dérision ce monde là.
C'est un livre sain, à recommander à tous les pisse-froid, les donneurs de leçons, les tristes sires qui hantent les multiples tuyaux de communications d'aujourd'hui, des plateaux de télévision aux forums sur Internet en passant par les séminaires d'entreprise.
Ici, les gens sont de vrais personnes, bien vivantes, décidées à en découdre.
A lire d'urgence.
Je n'ai pas vu le film mais ce n'est pas grave, j'ai mes images et c'est bon.
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Mon avis :
Ceux qui suivent Les lectures de Poljack m'ont vu bien des fois tacler, plus ou moins gentiment, quelques auteurs américains dont la prose à la rigueur toute académique est aussi susceptible de provoquer des émotions que l'annuaire de la Creuse. Encore que pour l'annuaire, je peux me tromper, je n'en ai lu que de très courts extraits ! Ce serait bien entendu aller un peu vite en besogne d'en conclure que je loge toute la littérature américaine sur la même étagère… Tant s'en faut ! J'ai parfaitement conscience que les États-Unis ont produit quelques spécimens de ce qui se fait de mieux en matière de contre-culture, et c'est justement de l'un de ces délicieux fruits défendus que je veux vous entretenir.
Même les cow-girls ont du vague à l'âme n'est pas un petit dernier de l'année, puisqu'il accuse le vénérable âge de quarante ans, pour la version française (ajouter deux années pour la publication originale). Mais il y a des oeuvres qui ne vieillissent pas, et ce roman a vraiment gardé toute sa fraîcheur, même si, sur certains thèmes évoqués, les choses ont un peu évolué (mais pas tant que ça !)
Là, j'entends les grincheux grinçaient… « C'est quoi, ces thèmes ? Encore un bouquin "prise de tête" qui parle de choses sérieuses ? À moins que ce soit un bouquin sérieux qui parle de choses "prise de tête" ! »
Rassurez-vous ! Si l'auteur aborde effectivement un certain nombre de sujets de société, poussant même sa plume vers les contrées sauvages de la philosophie et de la spiritualité, ce livre est loin d'être ennuyeux (si tant est que se poser des questions est ennuyeux). Je dirais même mieux : je n'avais pas été aussi enthousiasmé par un roman depuis le dernier chasseur de sorcière, de James Morrow.
Même les cow-girls ont du vague à l'âme est une espèce de conte baroque où l'on croise des personnages criants de vérité dans leur loufoquerie qui ne repose parfois que sur un léger décalage. L'histoire de Sissy Hankshaw, tout aussi extravagante, en est le lien… un nappage goûteux sur un mille-feuille aux saveurs surprenantes. Tenez ! Quelques extraits, pour vous mettre l'eau à la bouche :
« Sur les bords d'un lac marécageux dans un coin obscur des Dakotas, un feu de camp souriait à en perdre les flammes. »
« Attendez. Attendez un instant, s'il vous plaît. Même si nous sommes d'accord que le temps est relatif, que ses conceptions les plus subjectives sont aussi erronées que ses descriptions les plus objectives sont arbitraires ; même si nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous extirper de son terrible flux (au point de ne pas tenir compte lorsqu'un auteur demande "Attendez un instant, s'il vous plaît", car un moment n'est après tout qu'une petite miette de temps) ; même si nous faisons voeu d'allégeance au hic et nunc ; ou que nous considérons le temps comme une boîte vide à remplir de notre génie, ou que nous restructurons les concepts que nous en avons pour qu'ils correspondent au tic-tac sauvage de l'horloge ; même comme ça, nous en sommes venus a attendre que, pour le meilleur ou pour le pire, les livres que nous lisons présentent une forme ou une autre d'ordre chronologique, car la fonction de la littérature est de donner ce qui manque à la vie. »
« Prairie. N'est-ce pas un bien joli mot ? Il vous roule sur la langue comme une petite lune grassouillette. Prairie doit être un des plus jolis mots de la langue anglaise, même si c'est un mot français. Il dérive du mot latin "pré", plus un suffixe féminin. Une prairie est donc un pré femme. Elle est plus grande et plus sauvage qu'un pré masculin (que le dictionnaire définit par "pâturage" ou "herbage"), plus brute, plus océanique, et plus permanente, abritant un éventail de vie plus vaste. »

Je pourrais vous en citer encore bien d'autres, tant ce roman regorge de trouvailles, d'inventivité, d'images aussi folles que parlantes, parvenant à nous faire oublier qu'il parle aussi de sujets, par une aérienne profondeur. En fait, je pourrais recopier tout le livre, tellement il me donne envie de partager le plaisir que j'ai ressenti à sa lecture. Oui, Tom Robbins nous parle de notre conception du monde, mais c'est fantasque, gai, drôle (j'ai ri, mais j'ai ri !), et à la fois profond. N'est-ce pas là tout ce qu'on demande à la littérature ?
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MÊME LES COW-GIRLS ONT DU VAGUE À L' ÂME de TOM ROBBINS
Sissy Hankshaw a une particularité, elle a les deux pouces hypertrophiés, c'est ainsi qu'elle arrive un jour à la Rose de Caoutchouc, en auto stop, comme d'habitude. Jeune, ses pouces n'arrêtaient pas de grandir, le docteur ne constata aucune anomalie et elle commença à faire du stop, domaine dans lequel elle était très avantagée. Sa mère l'emmena consulter une célèbre chiromancienne qui en la voyant s'exclama »que Dieu me baise », c'est dire!! Un jour elle fût emmenée au poste de police pour une infraction mais quand ils voulurent lui prendre ses empreintes ils la relâchèrent immédiatement. A 17ans elle était belle. C'est un saxophoniste noir qui l'emmena le premier quand elle quitta ses parents, puis continua le stop 127 heures sans boire et sans manger. Elle fera de la pub pour la Comtesse( un homme)qui vendait des produits d'hygiène intime, elle ne montra jamais ses mains. Sa rencontre avec Julian sera mémorable, celle avec Howard et Mary également, ils passèrent des jours au lit mais quand la Comtesse lui demanda ce qu'il en était de sa virginité elle lui répondait que bien que des fluides fussent échangées, elle était toujours vierge! Les aventures de Sissy prendront une toute autre tournure lorsqu'elle rejoindra ce ranch de la Rose de Caoutchouc où vivent des cow-girls féministes ingérables, elle fera la connaissance du Chinetoque, vaguement japonais, évadé d'un camp, recueilli par des indiens, le Peuple de l'Horloge. Sa mission est de surveiller une Horloge au fond d'un terrier…si vous voulez savoir pourquoi, lisez ce livre bien barré, et vous en apprendrez de bien belles sur les grues du lac Siwash et l'art de prendre les nuages au lasso. Amusez vous bien!
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Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
Cette phrase-ci est faite de plomb (et une phrase en plomb donne au lecteur une sensation tout à fait différente d'une phrase en magnésium). Celle-ci est en laine de yack. Celle-ci est faite de soleil et de prunes. Cette phrase est en glace. Cette phrase est écrite avec le sang du poète. Cette phrase est made in Japan. Cette phrase luit dans le noir. Celle-ci est coiffée. Cette phrase en pince pour Norman Mailer. Cette phrase est une alcoolique et elle se fiche pas mal de qui le sait. Comme beaucoup de phrases en "italiques", celle-ci a des liens avec la Mafia. Cette phrase est double Cancer ascendant Poissons. Cette phrase a perdu la tête en cherchant le paragraphe parfait. Cette phrase refuse d'être schématisée. Cette phrase s'est enfuie avec une proposition adverbiale. Cette phrase est 100 p. 100 naturelle : elle ne contient aucun produit artificiel de fraîcheur comme les phrases de Homère, Shakespeare, Goethe et Cie, bourrées de conservateurs. Cette phrase a une fuite. Cette phrase n'a pas l'air juive... Cette phrase a reconnu Jésus-Chrits Comme son sauveur personnel. Cette phrase a un jour craché dans l'oeil d'un critique littéraire. Cette phrase sait danser le funky chicken. Cette phrase a vu trop de choses et n'en a pas oublié assez. Cette phrase sait comment planter des choux. Cette phrase est sans doute enceinte, car elle a oublié de prendre son point final Sept fraze ai kriblé de fot daurtaugraf - mais vous voyez bien qu'elle a survécu. Si cette phrase avait été un serpent, elle vous aurait mordu. Cette phrase est allée en prison avec Clifford Irving. Cette phrase était à Woodstock. Et cette petite phrase a fait trois petits tours et puis est rentrée dans la ligne. Cette phrase-ci est fière d'être de l'équipe de Même les cow-girls ont du vague à l'âme. Cette phrase ne sait pas trop quoi penser de tout ça.
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Le baiser est la plus grande invention de l’homme.
Tous les animaux copulent, mais seuls les humains s’embrassent.
Le baiser est l’accomplissement suprême du monde occidental.
Les Orientaux, y compris ceux qui veillaient sur le continent nord-américain avant le grand ravage, se frottent le nez, et ils sont encore des milliers à le faire. Pourtant, en dépit des fruits d’or produits au cours des millénaires – ils nous ont donné le yoga et la poudre, Bouddha et l’épi de maïs -, eux, leurs multitudes, leurs saints et leurs sages n’ont jamais produit le baiser.
La plus grande découverte de l’homme est le baiser.
Primitifs, pygmées, cannibales et sauvages se sont manifesté leur tendresse par différents modes tactiles, mais babine contre babine n’a jamais été leur style.
Les perruches se frottent le bec. Oui, c’est vrai, c’est exact. Mais seuls les partisans acharnés de l’éjaculation précoce ou les petites vieilles qui assassinent des enfants avec des aiguilles à tricoter pour leur voler leur argent du repas et acheter des rognons frais pour les matous placeraient le bécotage des oiseaux dans le domaine du baiser.
Les Noirs d’Afrique se touchent les lèvres. Tout à fait juste ; certains le font, de même que certaines tribus aborigènes d’autres contrées dans le monde – mais si leurs lèvres s’attouchent, elles ne restent pas collées. Le bécot, c’est une roue carrée, difficile à manier et légèrement inquiétante. Avec quoi, sinon un bécot, Judas a-t-il trahi Notre Sauveur : net, sec et sans l’usage de la langue ?
La tradition nous apprend que le baiser tel que nous le connaissons fut inventé par les chevaliers médiévaux dans le but utilitaire de déterminer si leur épouse avait été à la barrique à hydromel tandis qu’ils allaient à leurs devoirs. Si l’histoire est exacte, donc, le baiser fut créé pour capter les messages gustatifs, pour fureter dans les bouches – bref, une espèce de ceinture de chasteté alcoolique.
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Ce sont les plus jolis cabinets des deux Dakotas réunis. On ne saurait faire moins.
Araignées, souris, courants d'air froids, picots de bois, épis de maïs et puanteurs coutumières ne sont pas considérés ici comme de bonne compagnie. Les filles ont rénové et écoré elles-mêmes le petit coin. Mousse de plastique, pots de fleurs, deux gravures de Georgia O'Keeffe (sa période crânes de vache), tapis duveteux, plaques d'isolation bon marché, cendriers, porte-encens, papier tue-mouche, et une photographie de Dale Evans qui soulève quelques controverses. Il y a même une radio dans ces cabinets, bien que la seule station radiophonique de la région ne joue que des polkas.
Bien entendu, le ranch dispose de waters intérieurs, de toilettes automatiques dans des salles d'eau normales, mais elles avaient été bouchées pendant la révolution et personne ne les avaient débouchées depuis. La plomberie n'était pas le fort des filles. Le déboucheur le plus proche était à cinquante kilomètres. Et il n'existait nulle part de déboucheuse, pour autant qu'elles le savaient.
Jelly est assise dans les cabinets depuis plus longtemps que nécessaire. La porte est grande ouverte et laisse entrer le ciel. Ou plutôt, un bout de ciel car par un jour d'été dans le Dakota, le ciel est sacrément bleu, et aujourd'hui il y a à peine un nuage. Ce qui semble être une mèche de nuage n'est en fait que la lune, étroite et pâle comme une rognure d'ongle d'orteil d'un bonhomme de neige. La radio diffuse La polka du dollar d'argent.
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- Comme ça tu as eu des rapports sexuels avec le vieux bonhomme ? demanda le docteur Robbins.
- De manière répétée, rougit Sissy.
- Et comment était-ce ? Enfin, je veux dire, qu’est-ce que ça te fait ?
- Euh, je ne sais pas bien. Vous voyez, le sexe avec Julian, c’est comme de vouloir faire du stop au camion des pompiers qui tourne à toute blinde au coin de la rue. Avec le Chinetoque, c’était comme de faire Chicago-Salt Lake City dans une vieille grosse Buick Roadmaster modèle cinquante-neuf. » Elle fit une pause pour s’assurer que ses images avaient été comprises. Le docteur Robbins n’arrêtait pas de relever et d’abaisser sa moustache, de manière répétée, comme si sa moustache était un store dans un hôtel bon marché. Le store refusait de s’incliner comme le docteur Robbins le voulait.
Sissy décide de s’expliquer.
« Avec Julian, c’est rapide et furieux. Cela a toujours été comme désespéré. Il y a un tel besoin. Nous nous cramponnons l’un à l’autre, comme si nous nous retenions avec nos organes sexuels pour ne pas tomber dans le vide, une sorte de vide de solitude. J’ai l’impression que c’est comme ça chez beaucoup de couples. Mais avec le Chinetoque, c’était complètement détendu, calme, lent et, disons, cochon. Il ricanait, rigolait et se grattait tout le temps, et pouvait rester des siècles sans éjaculer. Un vrai routier. Une fois, il a mangé du pudding d’igname pendant qu’il me baisait. Il m’en donna aussi, avec ses doigts. Il en mit sur mes mamelons et les lécha ; je lui fis de même sur les couilles. J’avais l’impression que nous étions une sorte de couple de babouins.
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Si l’on peut dire que l’homme civilisé est intelligent mais non sage, on peut également dire que la prairie est sèche mais qu’elle ne manque pas d’eau. Sur la prairie, on trouve parfois des rivières, des ruisseaux, des lacs, des étangs et des trous bourbeux où se roulent les buffles. Comme le système américain lui-même, la plupart des mares et lacs de la prairie sont des opérations aéroportées de nuit. Bien qu’ils puissent temporairement déborder, faisant vivre une chaine nutritive foisonnante qui peut aller des plantes aquatiques aux rats musqués et aux hiboux, des insectes à nymphe aux poissons-lunes et aux chélydres serpentines, ou des salamandres aux pies at aux belettes, les mares et lacs sont finalement envahis de végétation, envasés par le limon et éliminés durant les sécheresses d’été, finissant par rendre le dernier souffle ( !) et mourir, se transformant en marécage et redevenant finalement prairie. Il arrive souvent qu’une mare de prairie ne survive pas assez longtemps pour mériter un nom.
Depuis qu’il trouva asile au fond d’une dépression relativement profonde entre les collines moraines frontales laissées par la couche de glace continentale, le lac Siwash a joui d’une certaine permanence, bien que ses rives implosées couvertes de flèches d’eau, de massettes et de roseaux prouvent qu’il entre lui aussi dans la phase marécageuse de son existence et ne pourra finalement plus donner même assez d’humidité pour rallonger d’eau le whisky on the rocks d’un têtard.
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