À travers des affaires nombreuses, célèbres ou pas, évoquées en quelques lignes ou plus longuement, avocats, greffiers, huissiers, jurés, accusés, témoins, juges sont passés au crible ; les deux chroniqueurs judiciaires (au Monde et au Figaro) Pascale Robert Diard et Stéphane Durand Souffland rapportant avec verve et souvent avec humour, les mensonges et les vérités, l'habileté et les maladresses, les travers, les vantardises, les peurs, le silence et l'éloquence des uns et des autres.
« Pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, rien d'autre ne compte. L'univers tout entier se condense entre les quatre murs d'une cour d'assise. Dedans on se saoule de mots et de visages. Des hommes, des femmes dont nous ignorions tout nous deviennent familiers. On apprend où ils sont nés, comment ils ont grandi, qui ils ont aimé, comment ils ont été aimés ou mal aimés. On voit leur mère, leur père, leurs frères et soeurs, leurs voisins, leur employeur, leur instituteur, leur meilleur ami, leur pire ennemi. Rien d'eux ne nous est épargné, surtout ce qu'ils voudraient cacher. Leurs mensonges, leurs aveux, leurs silences, leurs épreuves, leurs corps, ses blessures et ses plaisirs sont disséqués devant nous ... ripailleurs d'humanité. »
Des ripailleurs qui nous offrent une plongée édifiante dans l'univers des cours d'assises et de leurs coulisses — où il faut bien le dire, souvent l'essentiel se mélange à l'accessoire.
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Ces chroniques proposent un éclairage différent de celui des journaux sur des faits divers connus ou moins connus. Elles restituent leur part d'humanité aux criminels et à leurs victimes et abordent ce à quoi on pense rarement, sauf si l'on a été magistrat ou juré : l'accusé reste un être humain et le procès d'assise est une des pires épreuves par lesquelles on puisse passer, que l'on soit innocent, coupable ou coupable avec des circonstances atténuantes. Le procès est souvent une sordide et épouvantable mise à nu devant tous, amis, ennemis, parents, employeurs, collectivité entière.
Que dire, aussi, de la tragédie de cette mère méritante et exténuée de quatre enfants, dont un gravement handicapé et qui, venant d'être licenciée, a oublié son enfant dans sa voiture au soleil à la suite d'un black out total de quelques heures dû au surmenage et au chagrin.... ou du meurtre de cette femme sur la personne d'un mari ayant battu et violé épouse et enfants durant des années ?
Dommage que certaines affaires soient traitées si brièvement : le message des auteurs passe, mais l'intérêt a tendance à s'émousser au fil de la lecture, faute de développements suffisants pour se plonger dans les affaires qui sont surtout, il ne faut pas l'oublier, de terribles drames humains.
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Il s'agit d'un recueil d'anecdotes, de petites histoires, de moments tristes, choquants, révoltants ou attendrissants.. Toutes vécues par deux chroniqueurs judiciaires qui ont assisté aux plus grands procès d'Assises de ces dernières années. de tueur en série abominables comme Guy George ou Fourniret, à d'autres criminels célèbres comme Cantat ou d'autres, anonymes, les auteurs nous font partager tous ces moments d'émotion.
L'ensemble est intéressant, un peu partial mais ce n'est pas gênant car le récit est forcément un point de vue subjectif de l'affaire. Par contre, il laisse une impression assez floue car il manque une ligne directrice une ossature qui donnerait plus de corps à ce récit.
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Les chroniqueurs judiciaires du « Monde » et du « Figaro » reviennent sur les moments d’audience ayant scandé leur carrière.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Stéphane Durand-Souffland et Pascale Robert-Diard signent Jours de crimes, récits de quinze ans passés dans les cours d'assises à scruter un monde de criminels.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
L’éloquence ne consiste pas à dire ce que l’on croit mais à croire ce que l’on dit.
(Jacques Charpentier, Remarques sur la parole)
Certains le disaient mort avant son procès. Peu importe : il est des âmes si noires qu’elles ne méritent pas que la justice les laisse en paix.
Il ne connaissait l’époux que par le portrait peu flatteur qu’elle lui en faisait et puis, surtout, il l’aimait bien, cette femme. Ils s’étaient croisés dans leur jeunesse et ils s’étaient retrouvés des années plus tard. Chacun avait fait sa vie, avec son lot de bonheurs et de heurts conjugaux. Il était disponible pour une aventure ; elle aussi, ça tombait bien.
Ils ont vécu le meilleur de l’adultère, la légèreté, le désir, les retrouvailles à l’hôtel, les voyages. Il y avait bien eu entre eux quelques moments de tension, comme ce jour où elle avait débarqué au domicile de l’amant sans le prévenir. Il n’avait pas apprécié la surprise et le lui avait dit. Il lui arrivait aussi de la trouver envahissante, avec ses textos enamourés. La lassitude commençait à le gagner, il songeait à prendre ses distances. Mais il ne savait pas trop par où commencer.
Avant l’audience, généralement, les deux sont d’humeur conquérante. Le professionnel explique au justiciable comment cela va se passer dans le cabinet du juge ou le prétoire, et qu’on va voir ce qu’on va voir. Le client en est convaincu. Une dernière fois, son conseil lui passe les consignes, rappelle ce qu’il faut absolument dire et, plus important, ce qu’il est primordial de taire. Si l’avocat ne tient pas sa robe noire roulée sous le bras – c’est ainsi qu’elle se porte aux abords immédiats des palais de justice –, ou si les deux interlocuteurs sont vêtus de manière similaire, on reconnaît tout de même sans difficulté le plaideur : c’est celui des deux qui ne paie pas les consommations
Il suffisait de divorcer, le divorce, c’est simple.” Non, le divorce ce n’est pas simple. Quand il faut dire à des enfants que l’on aime : “Je m’en vais.” Quand il faut dire à un père : “Votre fille est merveilleuse, le lit que je partage avec elle est merveilleux, mais je m’en vais.” Vous croyez que c’est simple ? Que c’est facile ? Quand il va falloir affronter le regard des amis qui estiment tous que Bernadette Bissonnet est une femme exceptionnelle et qui vont dire : “Mais Jean-Michel, tu es fou ? On ne quitte pas Bernadette ! Et as-tu pensé à tes enfants ?
Depuis 20 ans, ses chroniques judiciaires dans les colonnes du Monde sont lues avec beaucoup d'intérêt. Pascale Robert-Diard a elle aussi suivi le procès des attentats du 13 novembre 2015, mais c'est pour son premier roman "La petite menteuse" aux éditions de l'Iconoclaste, qu'elle est présente aujourd'hui. Ce livre fait à la fois réfléchir sur la vérité judiciaire, le mensonge adolescent et le conflit de génération face aux accusations de violences sexuelles.
Alice Keridreux défend Lisa, une adolescente de 15 ans qui accuse un homme d'un viol qui sera condamné à 10 ans de prison. Lors du procès en appel, la jeune fille dit vouloir "rétablir la vérité".
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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