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Critique de micetmac


Aujourd'hui Mesdamessieurs...
Un sujet hautement inflammable.
Charlie Hebdo. le journal satirique, descendant de Hara Kiri, qui proclamait qu'un Français pouvait dénoncer des juifs oui mais donner un coin à champignon JAMAIS ! le journal interdit, revenu d'outre tribunal, puis asphyxié financièrement, arrêté faute de lecteurs et re-Lazarisé sur le cadavre de la Grosse Bertha avec un Philippe Val disons... Ricanant.
Charlie Hebdo est maintenant une marque iternationale. Les cloches de Notre Dame ont sonné pour les défunts de Charlie Hebdo. Johnny Hallyday, Johnny Hallyday !! a chanté pour les victimes. On leur aura bien chié d'ssus...
Et dès le lendemain du 7 janvier (le jour même peut-être faudrait vérifier), Philippe Val, déboule, les larmes aux yeux. Partout. Mais vraiment partout. France Inter of course, il y a son rond de serviette. Les studios télés. Il connait bien les studio télé. Il prend bien la lumière et l'est loin d'être con le Val. Ok. Je n'aime guère Philippe Val. Cela me fait une chose en commun avec Denis Robert l'auteur de MOHICANS.
Là, on peut le dire sans craindre, en articulant pesamment : Charlie Hebdo c'était mieux avant. Dans le livre de Denis Robert, Godart a une belle phrase je trouve, il dit je "suis" Charlie. Dans le sens de suivre et non celui d'être. Cela reflète bien ma pensée, pareil, je "suis" Charlie, depuis son retour des années 80. Je suis resté abonné tout du long quand je squeezai consciencieusement mes autre abonnements. Même pendant la période Val, je ne me suis pas résolu à couper les liens, même si je ne lisais plus qu'une page sur deux.
Il faut dire que je ne savais pas tout.
Le livre de Denis Robert se découpe en deux parties. l'épopée d'Hara Kiri avec le professeur Choron qui multiplie les magouilles et les ruses comptables pour sortir le journal et Cavanna qui le remplit, qui bosse comme un taré, qui frôlera même le suicide tellement le rythme était âpre. On connait tous les épisodes les plus fameux dont le bal tragique à Colombay. C'était un truc de malade Hara Kiri quand même. Charlie Hebdo sera en quelque sorte la version hebdo du mensuel Hara Kiri. Ces premières années sont épiques et Denis Robert, un intime de Cavanna et Choron, relate à merveille cette exubérance, cette tension. Quand Choron demandait à la fin des réunions de rédaction : "alors baise ou bouffe ?" En espérant très fort que les plumitifs choisirait le gueuleton car ça coûte plus cher d'organiser une partouze.
Sûr que Charlie a bousculé la France Giscardienne, et a allumé un feu de joie. Avec un mauvais goût assumé, un appétit de provoc', en allant trop loin parfois, 'videmment, mais bon, suffit de tourner la page. Et puis finito. Dans un Droit de Réponse de Pollac d'anthologie Charlie Hebdo crève. Faute de lecteurs. Faute d'adaptation à l'esprit du temps aussi peut-être.
Et puis...
Charlie revient.
Là, Denis Robert entre dans le dur.
Denis Robert est un journaliste d'investigation qui mit à jour le scandale Clearstream et cette chambre de compensation occulte et nébuleuse au Luxembourg. Et qui finira dévoré, essoré et dépassé par cette enquête. Retenez bien cet épisode, cela n'est pas anodin pour ce qui va suivre. Ce qui suit est la main mise de Philippe Val sur Charlie Hebdo, la mise à l'écart de Cavanna, sans parler de Choron, et la refonte d'un journal bête et méchant en hebdo pas trop con et pas très très gentil. Autant le dire d'emblée, ça pue la haine recuite entre Philippe Val et Denis Robert. Val qui poursuivit Robert de sa vindicte d'éditos en éditos (je m'en souviens) même quand ce dernier était retiré du journalisme, au fond du trou. Il faut dire que l'avocat de Charlie Hebdo et de Clearstream est le même : Richard Malka. Denis Robert a bien conscience que son livre sent à plein nez le règlement de compte. Il s'en défend... Mollement. Il est bien plus efficace en multipliant les sources et les témoignages.
Il n'empêche cette deuxième partie est plus faible. Il esquive prudemment l'affaires des caricatures et ne prend pas partie sur la pertinence de publier ces fameux dessins, pas terribles pour la plupart (mais dont on n'aurait pu juger de la qualité si personne ne les avait publiés). Ce qui est sûr c'est que Val fait la culbute et se goinfre suite à l'explosion des ventes de ce fameux numéro.
Val et Cabu.
Car Denis Robert égratigne méchamment le grand Duduche, homme lige de Val, fidélité assez incompréhensible et qui se fera sur le dos de Cavanna. Il défonce pas mal la nouvelle génération d'ailleurs Denis Robert, se montrant indulgent avec Charb . C'est l'une des failles de ce bouquin, ce réquisitoire modérément mesuré mais qui occulte ce phénomène d'embarquement dans une histoire commune.
Peut-être mais en fait MOHICANS est surtout un hommage touchant et tendre à Cavanna. Cavanna, heureux comme un gamin de voir son bébé à nouveau dans les rotatives. Cavanna, spolié et humilié. Un chouette bonhomme, faillible, parfois naïf, très naïf, mais jamais médiocre.
Alors oui. MOHICANS est à charge. Mais une charge détaillée, argumentée et polémique. Passionnante souvent, parfois un brin technique, jamais ennuyeuse.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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