Gilda aurait aimé avoir l’esprit et le cœur libres pour pouvoir apprécier cette heure de détente en pays étranger, mais peine et jalousie brûlaient en elle, aussi ardents que la veille, maintenant qu’elle se retrouvait seule et désœuvrée. Toute joie de vivre envolée, elle était sans ressort, sans désir, incapable de s’intéresser davantage au paysage qu’elle avait sous les yeux, obsédée par la pensée lancinante de l’infidèle.
Si elle avait connu autrefois quelques flirts innocents, avec Fabrice elle avait découvert le véritable amour et il était le seul homme qu’elle eût aimé. Dès leur première rencontre, elle avait été séduite, elle avait désiré devenir sa femme, elle avait cru en lui malgré sa renommée. Aujourd’hui, il ne lui restait plus rien qu’un immense désespoir dans le cœur.
Il éprouvait toujours le même choc chaque fois qu’il regardait cette jeune femme délicate, plus que jolie, possédant à fond les plus hautes qualités qui font un excellent pilote. Il ne remarqua rien sur son visage lisse, dans son attitude.
Gilda était une fille bien équilibrée, qui savait se dominer, donner le change, et rien de son désarroi intérieur ne transparaissait sur ses traits fins, éclairés par de larges prunelles bleues.
Les Berbères ont toujours eu recours aux plantes. Ainsi, à l’heure actuelle, dans certaines vallées du Haut Atlas, une tribu utilise en infusion les feuilles d’un arbre, que l’on donne à boire aux enfants lents à parler.