Comme l'indique le titre du roman, nous sommes en
2312. La Terre a énormément souffert du réchauffement climatique, et en particulier de la montée du niveau des océans, ce qui a obligé l'Humanité à essaimer dans tout le système solaire en colonisant un certain nombre de planètes et de satellites : Mercure, Vénus, Mars, Io, Titan, et quelques autres sont maintenant pourvus de bases habitables, parfois même de véritable colonies.
Nous retrouvons un thème cher à K. S. Robinson, celui de la terraformation. Il avait été développé de manière magistrale dans la trilogie de Mars (dont malheureusement je n'ai lu que le premier volume,
Mars la rouge…), il est repris ici avec beaucoup de précision et de vraisemblance scientifique, à la lumière des explorations spatiales les plus récentes (en particulier merci à la mission Cassini, qui fournit à l'auteur d'excellents éléments sur les satellites de Saturne, comme Japet)
Les voyages d'une planète à une autre s'effectuent à l'aide de « terrariums », des astéroïdes que l'on a évidés et dont l'intérieur est aménagé au gré des désirs de leurs concepteurs : cela peut être un environnement proche d'une région tropicale de la Terre, avec la flore correspondante, et un peuplement de fauves africains, un monde aquatique avec des îles et des ports, des lieux uniquement dédiés au plaisir, ou à la méditation… pas de limite.
Pour la classe dominante de la société, l'intelligence artificielle a été développée de façon fantastique, grâce notamment aux «qubes », des ordinateurs quantiques qui peuvent être greffés directement en connexion avec le cerveau de la personne.
L'héroïne, Swan Er Hong, est une conceptrice de terrariums. Elle vit à Terminateur, une ville de Mercure ainsi nommé parce qu'elle est mobile et se déplace constamment sur la planète, à la limite de la partie éclairée par le Soleil et de la partie à l'ombre, pour éviter d'être grillée par le plein éclat du Soleil, et bénéficier quand même d'un climat habitable.
Or une catastrophe s'abat sur Terminateur. Swan , aidée de quelques personnages très « exotiques », puisqu'ils sont nés sur des planètes très dissemblables, se lance dans une enquête pour retrouver les auteurs de cette catastrophe dont elle est certaine qu'elle a été sciemment provoquée.
Je n'en dis pas plus sur cette enquête policière, relativement classique, sauf qu'elle nous fait visiter des mondes très divers, dont la vieille Terre qu'on est obligé de repeupler d'animaux sauvages.
Sur la partie « science » donc, le lecteur est comblé, il y a beaucoup d'imagination étayée par une solide documentation astronomique.
Sur la partie « fiction » par contre, je suis un peu plus réservé, surtout en ce qui concerne la psychologie des personnages. J'ai eu un peu de mal à suivre le cheminement de Swan, il y a parfois des passages un peu longs sur sa réflexion intérieure et l'évolution de ses sentiments, des digressions « philosophiques » dont je n'ai pas vraiment saisi l'utilité.
Le style utilisé est par moments un peu ardu : entre les passages de narration qui se lisent très bien, sont insérés des « extraits » et des « listes », qui apportent des éléments complémentaires au récit, en particulier des précisions sur l'historique de la colonisation du système solaire ou sur les mondes visités. Ces passages sont écrits comme des extraits d'articles, des citations décousues, de simples lambeaux de phrases, et sont souvent assez difficiles à lire, il y faut beaucoup de concentration.
En définitive, j'ai trouvé ce roman plus accessible que le précédent du même auteur que j'ai lu il y a deux ans, « le rêve de
Galilée », mais je n'ai pas tout-à-fait retrouvé le même niveau de plaisir qu'avec «
Mars la rouge ». Je crois que je vais maintenant essayer de trouver «
Mars la verte » et «
Mars la bleue »…