La danse des étoiles

Dernièrement j'ai lu un très bon roman des éditions Actusf, il 'agit de la Danse des étoiles, de Spider et Jeanne Robinson. Un roman initialement paru aux Etats-Unis en 1977, qui a raflé tous les grands prix de SF : Hugo, Nebula, Locus, et qui n'a pas été réédité en France depuis bout de temps.


Sauf que... je suis frustrée. Je conseille ce roman à des amateurs de Science-fiction, et je me rends compte que, alors que je pensais ces lecteurs ouverts d'esprit, certains sont très têtus !
Car si je vous raconte l'histoire de la danse des étoiles, les trois quarts du lectorat masculin qui lit cette chronique va me dire "ouais... ça a l'air bien... mais non". Et je dis bien masculin.

Pourtant, le narrateur de l'histoire est un homme, Charlie, cynique, désabusé, alcoolique notoire, parfois odieux connard, qui nous raconte sa rencontre avec une femme extraordinaire qui va changer la face du monde. Ancien danseur destiné à une carrière prometteuse, Charlie a eu la malchance de croiser la route d'un cambrioleur tendu de la gâchette. Une balle dans la hanche l'empêche de vivre sa vocation, et lui laisse un douleur et des regrets perpétuels. Pour palier à cette carrière manqué, Charlie est devenu monteur de film pour des compagnies d'artistes. Il fait la rencontre de Shara, jeune danseuse extrêmement talentueuse, mais dont la grande taille et les formes pulpeuses freinent son ascension dans le monde de la danse. Cette discrimination la pousse à tenter ce que nul homme n'a jamais fait : danser dans l'espace, en apesanteur. Charlie décide de la suivre, et va se retrouver à un tournant de l'histoire humaine : le premier contact avec une race extra-terrestre. Lui et Shara, seuls êtres humains à comprendre la manière de communiquer de ces êtres étranges à l'air hostiles, vont devoir sacrifier leur vie pour sauver l'humanité.

Alors voilà, La danse des étoiles est un roman sublime sous tous rapports : il nous plonge dans l'espace d'une manière inhabituelle, mais son côté artistique, c'est à dire sa mise en avant de la danse, semble embêter la gente masculine. Pourtant le roman n'est pas niais, il ne parle pas que de danse, il parle de l'espace, de l'apesanteur, des étoiles, de l'humanité et véhicule des idées novatrices et inutilisées dans le genre, mais les potentiels lecteurs s'arrêtent à ce fait : les héros sont des danseurs. Bon. Et alors ? C'est un fait, mais ça ne fait pas tout le roman. L'intrigue est plus vaste, et le roman est superbe.

Alors moi je vous le conseille vivement, il m'a passionné d'un bout à l'autre, c'est un bon argument non ? Non ? Bon.
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Dans la danse des étoiles on découvre la mise en place d'un nouveau moyen d'expression corporelle : la danse en apesanteur. L'idée part de Shara qui bien que douée et passionnée ne perce pas dans le milieu car elle n'a pas le physique d'une danseuse étoile. La quatrième de couverture m'a laissé imaginée une héroïne grande et grosse ce qui n'est pas le cas, Shara est une belle femme mince mais pas assez pour être danseuse étoile. Me retrouver avec une énième héroïne qui correspond aux standards de beauté de la vie courante m'a déçue au départ même si j'ai très vite oublié ce point.
Le point fort de ce roman est pour moi la beauté de l'écriture/traduction. C'est beau, c'est poétique tout en restant fluide et c'est particulièrement moderne pour un roman SF de la fin des années 70.
Il ne faut pas lire la danse des étoiles pour son suspense ou l'originalité de l'action : La présence des extra-terrestres et leur moyen de communication sont prévisibles et l'intrigue est globalement attendu.
En revanche, il faut le lire si l'on souhaite découvrir des personnages poussés à l'extrême par leur passion, se laisser porter par son imaginaire et la poésie du texte et de la danse et découvrir un équilibre très bien réalisé entre les notions très hard science et la poésie du monde de la danse. J'ai beaucoup aimé cette lecture où je me suis immergée très facilement tout en voyant les réflexions qu'elle amenait. le fait qu'un sport ou plus généralement une passion devienne un besoin absolu qui prenne le pas sur tout le reste est très bien mis en scène. 
Il y a juste un point où je continue de m'interroger : la première partie a été tellement forte que je me demande si je n'aurais pas préféré que ça s'arrête là et retrouver la suite dans un autre tome.