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Critique de Milleliri


« Le voyeur du Yorkshire » de Peter Robinson est un opus d'un auteur de polar que je lisais beaucoup quand j'étais ado, et que j'ai eu gratuitement chez Cultura il y a des années. Deux livres achetés donnaient droit à un livre offert et avec le recul, je suis contente de ne pas avoir payé pour ça.

Sorti en français en 2007, c'est un roman publié en Angleterre en 1987 et ça se sent... tellement. J'essaie d'être compréhensive mais en 2019, ça ne passe pas. En tout cas ça explique pourquoi moi, je grince des dents à chaque page et avance difficilement sur un roman de 350 pages.

Écrire un roman où le policier doit attraper un voyeur et un violeur, tout en indiquant systématiquement que les victimes ont les seins qui pointent et en décrivant tous les autres personnages féminins comme des pièces de boucherie appétissantes (sauf la féministe de service mais c'est justement la féministe de service), je trouve ça schizophrène. Ou alors c'est une tentative ratée de mettre le lectorat dans la peau d'un voyeur. Personnellement, lire la description d'un strip-tease involontaire dès la première page comme si on était sur Youporn, ça ne m'excite pas, mais alors pas du tout. Ni la description complaisante de la jupe retroussée d'une femme jetée à terre qui se fera violer deux paragraphes plus tard.

De plus la féministe locale est décrite comme une harpie vieille fille hirsute et ridicule (mais sans chat wow on progresse). Et alors l'excuse de l'écrivain paresseux pour recourir à ce poncif vieux de 400 ans c'est : « d'un autre côté il était bien obligé d'admettre l'existence des stéréotypes car il en avait rencontré plusieurs […] ». Non mais c'est vrai, quoi, pourquoi s'embêter à construire des personnages originaux et nuancés alors qu'on a un catalogue de caricatures éculées dans lequel puiser ? C'est d'autant plus gratuit que ce personnage n'apparaît véritablement qu'une seule fois et sert littéralement d'épouvantail le reste du temps.

Les tentatives d'atténuer ces effets désastreux sont à la fois tellement poussives (les dialogues entre Banks et la psychologue Jenny) et superficielles (Banks se lançant mentalement dans la construction de ponts entre hommes et femmes) qu'elles ne valent pas tripette. Au mieux je ressens une pointe d'indulgence pour les réflexions vagues et abstraites de l'inspecteur Banks. Mais vraiment, il y a un décalage malaisant entre la complaisance des scènes de voyeurisme et de viol et la timidité des allusions pro-féministes du roman. Fallait-il que l'écrivain se lance dans cette histoire s'il ne savait pas exactement où placer son propre curseur ?

Enfin bref. C'était un des rares auteurs de polar du type productif que je continuais à lire de temps en temps. Mais ça s'est terminé à la dernière page du bouquin. Ça date peut-être de 1987, mais ça ne me donne pas du tout envie d'en lire d'autres. Depuis mes premières lectures de Peter Robinson il y a une quinzaine d'années, j'ai compris deux-trois trucs sur la condition féminine et le féminisme, et en plus on est en contexte post-#MeToo. Ça ne passe plus.
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