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Critique de Roadreader


Le nouveau livre de Kim Stanley Robinson, un auteur renommé et récompensé à de multiples reprises, brasse tellement de thèmes disparates qu'il risque bien de laisser nombre de lecteurs sur le rivage. Pourtant le sujet dont il traite et la manière de le mettre en scène mérite l'attention.

Les premières pages de ce récit à l'intrigue décompresser feront prendre conscience de deux choses au lecteur. La première c'est qu'il est face à une oeuvre exigeante, ardue même par moments, mais aussi profondément intéressante tant par l'univers mis en place, la ville de New York immergée et toutes les conséquences que cela implique, que par le propos qui va au-delà du simple discours écologique. La deuxième c'est que cette oeuvre, qui dépasse de loin le cadre de la science-fiction, est une oeuvre protéiforme qui adopte un nouveau genre littéraire quasiment à chaque chapitre. On est parfois en train de lire un pamphlet contre la société occidentale consumériste avant de plonger dans un récit d'aventures et de chasse au trésor avant d'obliquer vers un thriller politique, le tout englober dans une ode à une ville insubmersible et fascinante, New York. L'ensemble du récit est un patchwork littéraire formant ainsi l'un des ouvrages les plus ambitieux qui m'ait été donné de lire cette année. Les différents personnages, assez nombreux, permettent de faire le lien entre chacun de ses passages de la narration.

Des personnages qui sont beaucoup mieux écrits que ce à quoi je m'attendais dans ce genre d'ouvrage. C'est une réalité dans ce genre de livre univers où l'auteur cherche à délivrer un message la caractérisation des personnages passent au second plan. Ici l'auteur n'a pas oublié qu'une bonne histoire c'est avant tout de bons personnages. Chacun d'entre eux est développé de manière égale, possèdent son arc narratif et son heure de gloire. On pourra ainsi faire la rencontre de Franklin, le trader cynique qui attendait juste d'avoir une cause à défendre et qui révélera son humanité au cours du récit lorsqu'il s'inquiète du sort de deux orphelins dont il se fichait royalement plus tôt. On suivra également Amelia, star du cloud, dans ses aventures rocambolesques pour la survie des espèces menacés à bord de son dirigeable automatisé. On embarquera avec l'inspectrice Gen, ancienne sumo aquatique, dans sa lutte pour garder un semblant d'ordre dans les canaux New Yorkais tandis que Charlotte, avocate et présidente du syndicat de copropriété du MET tente de déjouer l'OPA hostile dont son association est victime, épaulée par Vlade, le concierge plein de ressources de l'immeuble où tous ces personnages résident et vont unir leurs forces facent aux épreuves qui les attendent. Enfin impossible de finir cette litanie sans citer Idelba, capitaine d'une simple barge qui n'hésite pas à sortir en pleine tempête pour secourir ses concitoyens.

La plume de l'auteur se fait parfois didactique, comme lors de ses longues diatribes sur la finance mondiale, sans aucun doute les passages les plus rébarbatifs, mais elle s'allège lors des passages narratifs pour prendre des allures épiques, offrant ainsi au récit de purs moments de grâce. L'auteur a tenu à complexifier son intrigue car le monde dans lequel nous vivons est complexe et si son récit s'attache surtout au sort de la ville de New York, le discours qu'il défend est universel. Un discours optimiste, teinté cependant d'un cynisme fataliste, qui va à contre-courant des discours alarmants que l'on nous assène depuis des décennies sans pour autant que les classes dirigeantes ne réagissent. Un discours qui tend à démontrer que l'humanité est résiliente est que malgré les catastrophes, dont elle est souvent responsable, elle trouvera aussi bien souvent les solutions par elle-même.

Par bien des aspects New York 2140 est une oeuvre complexe, qui mérite de l'attention et de la concentration de la part des lecteurs, mais pour ceux qui sauront faire abstraction de son rythme décompressé et de son aspect didactique c'est une formidable plongée dans un récit touchant et renversant qui les attend et dont toute la portée pourrait se résumer à travers une phrase prononcée par un personnage au détour d'un dialogue "on perd jusqu'à ce qu'on gagne"
Lien : https://culturevsnews.com/
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