Maman, il y a plein de choses que je veux te dire : j’aime quand tu touches mes cheveux, même si tu me décoiffes. J’aime quand tu me prends dans tes bras, même si je rouspète que je suis trop grande. Et même si tes recommandations me tombent souvent sur les nerfs, je sais qu’elles sont pleines de bon sens.
Dans le mariage, le sexe a deux utilités : il sert à faire des enfants et à rendre le mari de bonne humeur. Un mari de bonne humeur est plus facilement malléable. Bon, le sexe, c’est plutôt dégoûtant pour la femme, mais il faut refuser le moins souvent possible. Ne t’en fais pas, en général, ça ne dure qu’une ou deux minutes, ensuite, l’homme s’endort.
Il est important que tu comprennes que les femmes sont les piliers de la société. Ce sont elles qui éduquent les enfants, qui en font les adultes de demain.
Une grand-mère, c’est censé être gentil, bon, plein de tendresse. C’est pas censé terroriser ses petits-enfants ni leur faire du mal.
Une fille a toujours besoin des conseils de sa mère.
Les enfants sont comme des animaux que l’on dresse ; on les corrige et ils apprennent à nous respecter. Quand ils ont compris notre supériorité, ils nous donnent leur confiance et leur loyauté.
Malgré l’illégalité de l’intervention, les mères continuent de faire exciser leurs filles par respect des traditions. De l’extérieur, il est difficile de comprendre ces femmes, mais peut-on les blâmer lorsqu’on sait qu’une fille non excisée sera rejetée par sa communauté et qu’elle ne pourra pas trouver un mari ?
On ne peut pas faire le 911 à la légère. Pour faire le 911, il faut avoir besoin soit des pompiers, soit d’une ambulance, soit de la police. Les pompiers pour le feu ; l’ambulance pour un accident grave comme celui de papa, ou une maladie comme une crise cardiaque ; la police pour quand on se sent en danger.
Les hommes aiment épouser des femmes qui n’ont pas servi à tout le monde.
Comment se rétablir d’une telle mutilation sans en conserver de graves séquelles psychologiques en plus des cicatrices physiques ? Sentiments d’impuissance, d’assujettissement, de trahison, de colère, de haine… Martine connaissait trop bien : cent fois, elle avait voulu mourir jusqu’à ce que sa vie devienne une simple existence. Les filles de ces pays où se pratiquaient encore couramment ces mutilations s’en remettaient peut-être, culture oblige, mais pas celles du Québec, pas celles de l’Amérique.