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Critique de Pecosa


Qui se souvient que le 24 août 1944, la Nueve, 9ème Compagnie du Régiment de Marche du Tchad, qui faisait partie de la 2ème Division Blindée du général Leclerc, et qui était composée de 146 Espagnols sur 160 hommes, fut la première à entrer dans la capitale?
Le 24 août 2012, le drapeau républicain espagnol flottait pour la première fois sur la Mairie de Paris, à la mémoire de ces combattants dont quelques photos de chars (Teruel, Santander...) prises à la Libération ont gardé la trace.
Dans son passionnant ouvrage La Nueve, 24 Août 1944, préfacé par Semprun, Evelyn Mesquida avait déjà collecté les souvenirs de ces oubliés de la victoire.
C'est avec un roman graphique très réussi que Paco Roca, déjà auteur de L'Ange de la retirada avec Dounovetz, fait revivre la destinée de ces réfugiés qui, des camps de concentration à la campagne de Tunisie, de la Normandie au nid d'aigle d'Hitler, ont combattu pour la liberté.
A travers le parcours du Canarien Miguel Campos, qui en fuyant Alicante en 1939, atterrit dans les terribles camps français d'Afrique du nord où les internés devaient construire dans des conditions épouvantables la voie ferrée transsaharienne (si bien évoquée par Max Aub dans Manuscrit corbeau suivi de Cimetière de Djelfa) nous revivons l'étonnante et passionnante épopée de ces hommes, anarchistes, communistes, souvent antimilitaristes et combattants enragés.
Roca mêle habilement petite et grande histoire, grandes batailles et anecdotes. On y retrouve avec plaisir et émotion les silhouettes de Machado, du lieutenant Granell, du capitaine Raymond Dronne et sa fameuse jeep "Mort aux cons" (Leclerc à Dronne, avant l'entrée dans Paris: "Et changez le nom de votre jeep, nom d'un chien"), du très aimé Joseph Putz, de Leclerc, d'Hemingway....
Jorge Semprun voyait l'implication des Espagnols et des étrangers dans la lutte contre l'occupation comme les prémisses de l'Union européenne. Mais les Espagnols (12 000 déportés à partir de 1940 et du Convoi des 927), tout comme les Arméniens, les Italiens les juifs étrangers, les Luxembourgeois, les Antillais dissidents... impliqués dans la résistance furent balayés des mémoires. Les souvenirs en couleur de Miguel Campos leur rendent enfin l'hommage qu'on attendait.
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