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EAN : 9782080682239
137 pages
Flammarion (31/08/2001)
3.5/5   2 notes
Résumé :

L'Afrique va mal. Voilà bientôt cinquante ans que nous en avons pris conscience mais les choses ne s'arrangent pas. Il est temps de comprendre que si nous nous occupons de l'Afrique, nous nous en occupons mal. Lui venir en aide de façon globale et par à-coups, uniquement lorsque des catastrophes nationales ou des conflits locaux nous poussent à réagir, ne lui est d'aucun secours. Il est temps de réfléchir à l'... >Voir plus
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En moins de 140 pages, dont la clarté le dispute à l'intelligence, Michel Rocard lance un plaidoyer « pour une autre Afrique ». L'ancien Premier ministre révèle un attachement ancien et profond pour le continent noir, qui s'est nourri des nombreux voyages qui l'y ont conduit. L'Afrique ne fut jamais dans ses compétences professionnelles lorsqu'il exerçait des responsabilités nationales, mais le député au Parlement européen s'y est consacré à plein temps à la présidence de la Commission du Développement et de la Coopération de 1997 à 1999. de cette expérience, Michel Rocard a tiré une conviction : l'aide au développement a échoué car elle n'a pas été à l'écoute des besoins des Africains.

La paix et la sécurité sont les premières conditions du développement. Or, la politique de l'Union européenne à l'égard de l'Afrique souffre de schizophrénie, les crises politiques et militaires étant traitées, dans l'urgence et sans unité, par le Conseil de l'UE, alors qu'elles devraient être intégrées à la politique de développement mises en oeuvre par la Commission. Michel Rocard déplore l'absence de dotations budgétaires pour la sécurité en Afrique. Il propose que 10 % de l'APD lui soit affecté. Il plaide en faveur de la constitution de forces interafricaines de maintien de la paix. Il dénonce les trafics qui font rage, qu'il faut priver de débouchés en Occident si l'on veut les tarir, et la prolifération des armes légères.

La démocratie est une autre condition au développement. C'était le sens du discours de François Mitterrand à La Baule (prononcé en juin 1990 alors que l'auteur était à Matignon). Pour autant, Michel Rocard dénonce avec fermeté les conditionnalités politiques mises au déboursement de l'aide. C'est une ingérence qui fait fi de la souveraineté durement acquise par les peuples africains colonisés : « tout se passe … comme si … les anciens colonisateurs étaient devenus en un demi-siècle de rigoureux donneurs de leçons de morale civique et politique » (p. 61).
Il faut éviter, selon lui, de transposer aveuglement les règles de la démocratie occidentale. Si certaines règles sont universelles, leur mise en pratique ne l'est pas. Ainsi encourager la création de partis politiques est une fausse bonne idée : « ces structures … ne remplissent en général que deux fonctions, celle de structuration d'une clientèle … ou celle de support à l'expression … des signes de différenciation … » (p. 66). Il en va de même pour l'organisation d'élections pluralistes. le modèle de la « démocratie conflictuelle », propre à l'Europe de l'ouest, n'est pas transposable tel quel en Afrique ; il doit être acculturé.

Dans le dernier chapitre de son court essai, Michel Rocard s'interroge sur la puissance publique en l'Afrique. Là encore, il dénonce l'importation sans nuance d'un modèle occidental. Nos critères en matière de santé ou d'éducation par exemple ne sont pas transposables : rien ne sert d'amener toute une classe d'âge au baccalauréat tant que le système économique n'aura pas créé des emplois pour cette génération de bacheliers bientôt aigris. Critiquant le cadre étatique, à la fois trop large pour l'administration quotidienne, et trop étroit pour l'intégration au concert mondial, il plaide en faveur d'un double mouvement de décentralisation vers les municipalités et de régionalisation sur le modèle de la CEDEAO en Afrique de l'Ouest ou de la SADC en Afrique australe.
Il se livre à une critique sans concession du libéralisme des institutions de Bretton Woods et du tryptique assainissement des finances publiques (qui peut conduire au chaos social, comme l'a récemment montré le cas argentin), privatisations (le marché n'est pas capable de répondre à la totalité des besoins publics), croissance des exportations (alors que les clés du décollage économique sont d'abord, selon Michel Rocard, endogènes). D'après lui, une des clés du développement économique de l'Afrique réside dans l'économie informelle, un terme péjoratif auquel l'auteur propose de substituer celui d'économie populaire. Pour ce faire, Michel Rocard prône le développement du micro-crédit, principalement destiné aux femmes, sur le modèle bangladeshi.
L'essai de Michel Rocard ne se borne pas à en appeler à nos devoirs à l'égard de l'Afrique, après que la négociation des accords de Cotonou eut montré de quelle désaffection ce continent souffre. Il nous explique comment mieux l'aider pour qu'il s'aide lui-même.
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