Rocha est l'auteur d'une oeuvre littéraire protéiforme, passant avec la même grâce du roman à l'essai, et où confluent tous les courants et toutes les préoccupations de l'underground, qu'il explore avec une gourmandise remarquable.
La Faction cannibale, son second livre traduit en français (après une histoire de la lutte armée au Royaume-Uni, Angry Brigade, publiée à L'Échappée en 2013), représente un exemple exquis de ce mille-feuilles d'influences et d'envies, placé sous le haut patronage du
Walter Benjamin du Livre des passages ou du
Greil Marcus de Lipstick Traces. Au fil de pages devant autant à
L Histoire et à la philosophie qu'à la critique rock, Rocha y déploie une histoire capricieuse, personnelle et qui ne cache pas son Caractère outrancier voire fantaisiste, des liens qui existent entre "art,
terreur et vandalisme". Car la "faction cannibale" qui donne son titre au livre n'est nulle autre, pour Rocha, que le groupe informe, traversant le temps et l'espace, qui, de Thomas de Quincey à
Richard Hell, de Jack l'Éventreur aux actionnistes viennois, de Violette Nozière à
Kim Gordon, a fait de la création le lieu de l'exploration des pouvoirs Occultes d'une violence réprimée ailleurs. C'est cruel, beau, libre, Vertigineux et merveilleusement traduit.