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Critique de latina


latina
24 septembre 2017
Je n'aimerais pas du tout vivre dans une maison entièrement transparente, même si cette maison est isolée, à la campagne. Il me faut des recoins où lire en paix, des endroits ouatés à l'abri des regards.
Je n'aimerais pas non plus grimper un escalier interminable pour accéder chez moi, un escalier que l'on grimpe péniblement, surtout en pleine chaleur, plein de petits gravillons pointus.
Il me faudrait vraiment une excellente raison pour y vivre !

Annie, elle, l'a trouvée, cette raison : elle en aime le propriétaire. A la mort de sa mère, avec laquelle elle entretenait une relation fusionnelle, elle connait une folle passion pour ce prof d'unif beaucoup plus âgé qu'elle et accepte donc de vivre avec lui dans sa maison bizarre pour l'époque, et démodée une dizaine d'années après. Les stores sont automatiques, s'abaissent et se relèvent en fonction du soleil ; il n'y a aucune séparation au rez-de-chaussée, idem pour l'étage ; et le chien ...est un lama !
Mais Annie et Etienne s'aiment, surtout physiquement.
Oui, physiquement surtout, car Etienne m'a semblé un brin manipulateur : « le silence était une arme redoutable qu'il maniait à merveille », « Avec ses grosses pattes pleines de griffes, il n'arrêtait pas de la blesser ». Et l'inévitable arrive : Annie le quitte. Puis elle revient. Puis elle le quitte à nouveau. Puis elle revient. Puis....
Cette valse s'étend sur quinze ans et au-delà. Car Annie a toujours peur. Elle se sent continuellement épiée, elle aimerait tellement dormir près d'un corps chaud, à l'abri, pour toujours. Un besoin immense de sécurité la pousse vers Etienne, puis l'en chasse, inévitablement.

J'ai suivi avec attention la progression d'Annie, bien que celle-ci ne soit pas racontée chronologiquement. Retours en arrière et anticipations émaillent le récit, pour expliquer les comportements de l'un et l'autre. J'ai apprécié l'ambiance instaurant un malaise diffus. Mais Etienne n'est pas mon genre d'homme, et sa maison ne m'attire pas. Annie devait avoir bien du mérite...mais en même temps elle m'énervait un peu.
Peu d'empathie pour les personnages ; acceptation du style sans être enflammée, et même léger agacement face à certaines expressions trop faciles.
Mais « la ferme (qui n'en est pas une) vue de nuit » m'a quand même attirée et retenue (j'en ai même rêvé ! ) car ce roman parle des relations de couple, de maison, d'enfant, mais aussi de stores qui se coincent, de lama envahissant, et de malaise. Et ce malaise, je le ressens encore. Bizarre, n'est-ce pas ?

Merci à l'opération Masse Critique ainsi qu'aux éditions Luce Wilquin, que j'apprécie plus que jamais, qui m'ont fait découvrir ce roman légèrement déroutant et touchant le point sensible d'une relation amoureuse.

N'empêche, une maison complètement transparente, aux stores qui se coincent, à l'escalier kilométrique...Non, je n'y vivrais pas.
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