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EAN : 9782812909788
320 pages
Editions De Borée (27/09/2013)
4.06/5   36 notes
Résumé :
En ces temps obscurs du XVIIIe siècle, la beauté mais surtout la voix d'ange dont est dotée Éléonore ne peuvent longtemps passer inaperçues.
Bravant l'interdit fait aux femmes de chanter, la jeune orpheline ne soupçonne pas le pouvoir que recèle ce don et se retrouve enfermée contre son gré dans un cloitre de soeurs cisterciennes. Remarquée par la très pieuse comtesse de Lesle qui la veut à ses cotés à titre de chanteuse privée, elle découvre Paris et l'opér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai fait la connaissance de cette écrivaine régionale il y a fort longtemps, à travers une histoire sombre et actuelle, sujet de son premier roman paru en 1999 "l'emmuraillé". Je la redécouvre aujourd'hui par hasard dans une autre de ses facettes, le roman historique.

Florence Roche a choisi de bâtir l'intrigue de "L'héritière des anges" dans les Cévennes au tout début du XVIIIe siècle, dans les années qui ont suivi la guerre des camisards qui opposa protestants et catholiques après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. On va y suivre le destin d'Éléonore, une jeune orpheline, élevée par un frère convers. Elle va parvenir à s'extraire du carcan qui emprisonnait alors les femmes, grâce à sa voix exceptionnelle. Cette métamorphose va s'accompagner de la révélation sur ses origines et le passé douloureux de sa famille.
Tout le talent de l'auteure apparaît dans la multitude de détails qui accompagnent le récit. Elle met un point d'honneur à mettre à la portée du lecteur tout ce qui caractérise l'époque. Par la précision des descriptions, il est littéralement transporté dans le choeur des abbayes ou sur la scène d'un opéra florentin. L'intrigue romanesque s'entremêle avec l'histoire de la musique sacrée et profane à travers le temps et évolue dans un réel contexte documentaire sur ces guerres des religions.

Un roman initiatique sur fond historique à la gloire des femmes, un beau programme assurément. J'ai cependant regretté que l'aspect sentimental y prenne tant de place et en gâche l'intérêt premier. Une lecture intéressante à laquelle j'accorde un 12/20, mais qui, par son "happy end" qui coule de source, ne correspond malheureusement plus à mes goûts.
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L'action de ce roman se déroule quelques années après la révocation de l'Edit de Nantes, et, surtout la Guerre des Camisards.

Passion, rancoeur, vengeance, secret de familles, etc, sont au rendez vous de ce roman facile à lire, et, à la documentation historique (guerre des camisards, protestantisme qui sont longuement évoqués à plusieurs reprises au cours du récit) fouillée, précise.
Il est à noté que l'auteur est professeur d'histoire, et, sait donc de quoi elle parle.

La musique est également présente tout au fil des pages.
C'est le moyen de découvrir le monde des castrats, de la musique sacrée (à laquelle il était interdit aux femmes de chanter en dehors des couvents), de la musique profane, et, notamment l'opéra qui commencait à peine à se jouer à l'époque ou se situe l'intrigue (XVIIIeme siècle) alors qu'en Italie, il s'agissait d'un art majeur, à part entiere.

A lire si l'on désire passer un bon moment de lecture, de détente.
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Après avoir lu un roman de Florence Roche pour la première fois il y a quelques semaines, j'ai craqué un ouvrage récemment réédité chez presses de la cité.J'ai beaucoup d'affection pour la plume de Florence Roche qui écrit des romans captivants.

La couverture est très jolie, les couleurs sont harmonieuses.C'est une couverture parfaite pour le livre de plus j'adore le format des romans de l'éditeur, pas trop grand ni trop lourd ce qui est primordial pour moi avec mes soucis osseux lire un livre trop lourd peut vite devenir très handicapant.

Passons maintenant à l'histoire.

Eleonore est une jeune femme qui vit à proximité de l'abbaye des pierres plantées à côté de la forge de Manille,frère convers qui l'a recueillit et élevée avec l'accord exceptionnel du père Gonrad.Éléonore sait peu de choses à propos de son passé, lorsqu'elle pose des questions à Manille, il esquive et se montre évasif.

La jeune femme est dotée d'une grande beauté et surtout d'une voix d'ange unique.Elle n'a pas le droit de chanter au coeur de l'abbaye mais la nuit elle se glisse à l'intérieur pour chanter des chants religieux.Bien sûr, elle se fait un jour surprendre par le père Gonrad.

Pour la jeune femme c'est le début de ses soucis, arrachée à Manille elle rejoint un couvent pour étudier le chant,seule et désespérée elle a la chance d'avoir une bonne étoile et va bientôt voir sa vie changer du tout au tout, son destin va se révéler être exceptionnel.

Éléonore est la pureté incarnée, elle est douce,naïve et ce personnage va énormément évoluer au fur et à mesure de l'histoire, elle qui rêvait de voir le monde au delà des pierres plantées va connaître les déceptions, les joies, l'amour et la trahison.Manille aime énormément Éléonore, il est secret et semble porter un lourd fardeau, on en apprend plus sur lui car il va finir par révéler à Éléonore tout ce qu'elle souhait savoir sur ses origines.La muette est le personnage le plus énigmatique de l'histoire, cette femme qui vit en recluse, accusée d'être une sorcière a en fait un rôle déterminant dans l'histoire d'Éléonore.Le père Gonrad a pour la muette une haine féroce, il se montre cruel envers elle et on apprend aussi énormément de choses sur lui et sa relation avec cette femme.

Les personnages sont tous intéressant mais seul celui d'Éléonore semble beaucoup évoluer et se révèle très profond, je regrette un peu que les autres personnages ne soient pas aussi developpés.

Ce roman a été un coup de coeur. On voyage, on vibre au fil des révélations, on apprend beaucoup de choses aussi sur les crimes commit au nom de Dieu sous le règne de Louis XIV, le drame des combats entre les protestants et catholique, le rôle des femmes à l'époque contrainte de s'effacer derrière les hommes...l'histoire est vraiment fascinante et je vous recommande vivement de découvrir cette histoire et l'auteure brillante qu'est Florence Roche.




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L'Héritière des anges de Florence Roche ( De Borée - 315 pages )

>

> Ce beau roman historique romancé m'a replongé au XVIIIème siècle dans la guerre des Camisards .

> Louis XIV ayant révoqué l'Edit de Nantes envoie ses dragons pourchasser les protestants.

> Une pauvre orpheline est élevée par Manille, un forgeron travaillant pour un monastère au fond des Cévennes.

> Eleonore a un don. Elle a une voix exceptionnelle.

> L'Abbé Gonrad veut l'enfermer chez les soeurs cisterciennes pour qu'elle puisse chanter toute sa vie pour Dieu .

> Mais le destin d'Eleonore est ailleurs....

> Elle découvrira petit à petit le secret de sa famille et elle chantera ..... J'ai aimé les personnages : Manille, Hermin, Bohémont .....

> Ce roman en vous distrayant, vous instruit. Il ne faut pas oublier que Florence Roche est professeure d'Histoire et de Géographie.

> Je vous encourage si vous aimez les romans historiques à découvrir ses livres.
Mireine
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Après avoir lu « Le Pensionnat de Catherine », c'est avec un grand plaisir que j'ai redécouvert la plume de Florence Roche.

Je le conseille vivement comme roman historique car, encore une fois, Florence Roche parvient à aborder un sujet historique connu et le développer de façon humaine.

De plus, le personnage d'Eléonore est très intéressant et vraiment développé, et surtout, logique dans son développement. Nous voyons ainsi l'évolution d'une jeune fille en jeune femme forte et détentrice de son destin.

Un livre très inspirant !
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Elle aimait les journées pluvieuses ou neigeuses qui lui permettaient de rester auprès de Manille. Son travail la passionnait, la fascinait. Elle aimait l'odeur du fer, elle aimait cette couleur rouge qu'il prenait sous l'effet du feu, elle aimait cette élasticité que la matière semblait acquérir, sa chaleur, sa dangerosité. Manille taillait, sculptait, modelait à coups de marteau et la cambrure que prenait le fer rougi était impressionnante. On croyait à un combat entre la matière et le maître. Un combat de résistance puis de soumission, un combat sans gagnant ni perdant hormis la beauté de la forme ou la perfection de l'outil. Manille lui apparaissait comme un dompteur, un être exceptionnel.
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Ce soir-là, Eléonore revenait à l’atelier, sous les derniers feux du crépuscule, quand elle vit une femme gravir le sentier de l’abbaye, la marche hésitante, le dos courbé, le visage dissimulé sous une capuche de pèlerine. Elle paraissait usée. Diminuée. Epuisée. Dans son allure, lente et repliée, quelque chose interpella Eléonore. Elle la regarda avancer jusqu’au porche et courut se cacher derrière un pilier de l’entrée. Bientôt, elle distingua son visage. Il était effrayant. La bouche était béante, une partie des lèvres ayant sans doute été arrachée. La joue droite était balafrée, dessinant une grimace qui faisait songer à un méchant sourire laissant voir les dents. Eléonore frissonna. La femme se découvrit devant le frère portier, Lubèce. Elle avait le haut du visage extrêmement beau. Les yeux étaient très bleus, grands, recouverts de cils épais et longs. Les cheveux encore d’un blond lumineux donnaient à cet être étrange un charme qui contrastait avec l’horreur du bas de sa figure. Elle tenta d’émettre un son, une demande. Ce fut un cri guttural, un son venu du plus profond d’elle-même, comme celui d’une bête ne trouvant pas le moyen de se faire comprendre. Elle faisait de grands gestes, montrant ses mains vides et les repliant sous sa joue pour signifier qu’elle voulait dormir. Le moine portier lui fit un grand signe en lui disant de s’éloigner, que le gîte n’était offert qu’aux hommes. Elle avança d’un pas, joignit les mains comme pour une prière, d’un air suppliant. Elle leva le bas de sa jupe qui découvrit deux pieds gonflés, ensanglantés, avec des chausses trouées à plusieurs endroits. Lubèce lui cria :
— Va-t’en !

La femme eut un regard déterminé, qui assombrit sa clarté, et s’élança pour forcer le passage. Le moine ne parvint pas à l’arrêter et elle courut, tête baissée, jusqu’au pied de l’abbatiale, agrippant la croix de pierre située sur le bas-côté pour montrer son désespoir. Le moine portier courut chercher le prieur Flavien. Eléonore en profita pour monter sur une des murailles de manière à voir l’intérieur de l’enceinte de l’abbaye. Il revint bientôt, essoufflé, accompagné de l’abbé Gonrad et du prieur. La femme avait lâché la croix et elle se tenait debout, prête à faire front. Quand l’abbé la vit, il s’immobilisa tout net. De loin, Eléonore perçut son trouble. Il avait pâli. Lui, qu’elle avait toujours vu sérieux, silencieux, grave, maître de ses émotions, se décomposait. Il avait perdu cette impression de douceur infinie inscrite derrière ses yeux. Eléonore lui découvrait un autre visage, contrarié et hostile :

— Que fais-tu là, sorcière ? lança-t-il à la femme d’une voix terriblement mauvaise.

La pauvre muette, bouche béante, répondit par un son guttural qui disait toute sa haine. Elle fit un pas vers l’abbé qui recula en se signant.

— Déguerpis ! Tu ne dois jamais mettre les pieds dans cette abbaye, jamais ! hurla-t-il.

La femme lui lança un crachat au visage. L’abbé l’évita de peu et la regarda avec indignation :

— Tu es le mal ! Je ne voulais jamais te revoir ! Personne ne veut te revoir ici ! Tu es la cause de nos malheurs passés ! Toi et ton satané prédicant !

— J’espère qu’il cuit en enfer ! ajouta le prieur avec une haine mal contenue.
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Éléonore se racla la gorge, frotta ses mains l’une contre l’autre et laissa l’Ave
Maria sortir d’elle. Ce fut comme une libération, un plaisir infini, un bien-être enfin retrouvé. Depuis qu’elle avait intégré l’abbaye, elle n’avait pas encore chanté, même lors des offices. Les novices devaient recevoir une autorisation de la chantre, et peu l’avaient déjà. Elles devaient se contenter de rejoindre les moniales qui occupaient leurs stalles, en arc de cercle, dans le choeur. Les novices se plaçaient sur des bancs en bois situés entre les stalles et le mur du jubé qui coupait l’abbatiale en deux parties : celle réservée aux moniales et aux novices, la seconde étant destinée à accueillir les hôtes et les soeurs converses qui entendaient l’office sans pouvoir regarder les moniales, ni les novices.
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- Toutes les nuits, je revis ces terribles journées de la guerre contre les camisards, prononça l'abbé tout bas, comme pour lui-même. Je crois encore sentir l'odeur de mon cheval collé à celui du prieur Flavien, à celui de l'évêque Amaury et à celui du comte de Lesle. La couleur de nos yeux, allumés de violence, enivrés de prières et de certitudes. Nous étions l'armée du roi contre les huguenots, contre cette horde de camisards qui prétendaient faire des Cévennes un pays protestant. Ils avaient brûlé tant d'églises, assassiné tant de prêtres que nous en avons oublié le message chrétien de respect et de fraternité, de tolérance. Eux aussi. Et j'ai fait tout ce que le Christ interdisait : la guerre.
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Elle ne connaissait que trop la rigueur de ce paysage, ses longues journées de gel et ses jours de burle. Malgré tout, elle y percevait comme un âme, dans le bruit du vent, discontinu, tempétueux, ou discret. Il était le murmure du ciel, ou ses cris, toujours présent. Ici, les volcans puissants, après avoir soulevé des masses, labouré la terre en des formes vallonnées ou abruptes, projeté des roches éparpillées sur les plateaux, s'étaient tus, s'étaient tassés sur eux-mêmes, las de cracher et de rugir. Ils se laissaient désormais modeler et arrondir par l'âge, par la neige et la pluie, comme des vieillards fatigués, usés, pourtant grands, pourtant beaux.
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