AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 730 notes
Un album, comme un chant, un hymne à la guerre ancestrale entre l'homme et le loup.
Le trait de Rochette est âpre, noir et précis. la mise en couleur participe à cette précision du propos: j'ai ressenti ce froid qui tue ou mutile l'imprudent piégé dans la montagne. J'ai participé au festin ivre du loup.
Entre le loup et l'homme, l'un des deux est-il vraiment de trop? Chacun ne doit-il pas trouver sa place, partager?
Gaspard le berger souffre et sa colère risque de l'anéantir. La louve est morte, et son petit a survécu. Entre le loup et l'homme, y'aura-t-il un vainqueur?
Une histoire magistrale, que postface à propos, baptiste Morizot.
Commenter  J’apprécie          834
Au massif des Écrins, un troupeau de brebis se fait attaquer violemment, en pleine nuit, par une louve. Plusieurs d'entre elles meurent sous ses dents. Gaspard, le vieux berger, suivi de près par son fidèle Max, tire. Abat les brebis trop blessées mais aussi la louve. Il retire la balle logée dans son corps et retourne à sa cabane. Non loin de là, un louveteau affamé n'a d'autre choix que de s'abreuver du sang encore chaud de sa mère. Un louveteau qui n'oubliera pas l'homme qui vient de la tuer...

Deuxième attaque de l'année. Cinquante bêtes. Des brebis et des agneaux recouverts de sang. Des hurlements de douleur. Gaspard, ce vieux berger rustre, taciturne et complètement isolé dans son chalet, avait-il réellement d'autre choix que d'abattre la louve qui venait s'en prendre à ses bêtes ? Pouvait-il la laisser se repaître de ses animaux ? L'on pressent, dès les premières pages, dès le regard du louveteau posé sur sa mère, qu'une confrontation est inéluctable. Et c'est bien à cela que nous conduit Jean-Marc Rochette. Mais d'une manière si subtile, si poétique que le chemin n'en est que plus émouvant, parfois éprouvant. L'auteur, sans être moralisateur, cherche à montrer la complexité des liens entre les animaux et l'homme et la place de l'homme dans l'environnement. Une fable fascinante, mystérieuse et emplie d'émotions. Graphiquement, le trait épais, presque charbonneux et imprécis, apporte rudesse et âpreté à ce récit. L'ambiance est tout à la fois sombre, de par des couleurs obscures, froide, de par ce blanc immaculé, et rayonnante, lorsque la vie renaît.
Commenter  J’apprécie          806
- Loup, y es-tu ?
- Oh que oui, mon ami, et je vais te faire la misère !

Il était une fois un berger prénommé, non pas Michel, mais Gaspard.
Pas le gars taciturne, mais presque.
Son jardin, la montagne qu'il arpente en soliste au rythme des saisons.
Aussi, lorsqu'une louve vint chier sur ses plate-bandes en lui flinguant quelques dizaines de brebis et d'agneaux, le gars Gaspard, il a vu rouge.
Rouge comme le sang de la bête qui contraste désormais avec la neige immaculée, laissant derrière elle un louveteau peu rancunier, mais qui n'oublie pas.

Rochette, c'est chouette.
Véritable ode à la nature et à la liberté, cette montagne et les autochtones qui la peuplent peuvent parfois mettre en lumière des duels épiques.
De ceux qui marquent à jamais la cartographie mémorielle d'une région.

Ce livre m'a ramené au vieil homme et la mer, allez savoir pourquoi.
Deux ennemis ancestraux se livrant bataille tout en se respectant.
L'histoire peut sembler triste, elle s'avère porteuse d'une rare beauté assortie d'une humilité saisissante.

Si le trait parfois sombre m'a quelque peu échaudé, le récit bouleversant qui lui sert de support rafle à lui seul la mise.
Un combat sans merci entre deux belligérants bigrement intelligents et tenaces, ça a déjà de la gueule sur papier glacé, mais lorsque ce dernier va jusqu'à flirter avec une folie hallucinatoire, on touche au sublime.
Les paysages sont grandioses.
Les leçons de vie et de mort sont à l'unisson.

Ce récit est un hymne à l'intelligence et au respect mutuel.
Grand moment.
Commenter  J’apprécie          6910
Ahoooouuuuu ! Ahhooouuuuuu !
C'était un plaisir de me fondre à nouveau dans ce décor blanc immaculé des montagnes en compagnie de Jean-Marc Rochette.
J'ai retrouvé dans cette histoire celle de Et vous passerez comme des vents fous, sauf qu'ici c'est le loup qui prend la place de l'ours.
Gaspard est un vieux berger qui vit en ermite dans la montagne avec son chien. Il s'enferme dans la solitude, tout particulièrement après la mort de son fils militaire au Mali.
Alors, quand un louveteau blanc apparait dans le paysage, né d'une magnifique louve abattue quelques mois plus tôt en plein parc régional par Gaspard, ce dernier va s'enferrer dans une lutte à mort contre l'animal et son propre désespoir.
Une lutte qui va l'emmener très loin, au bout de lui-même et des à-pics rocheux.
Un conte noir mêlé au sang dans lequel le sombre l'emporte malgré la blancheur des glaces et des neiges. Conte qui donne à réfléchir sur la relation homme-animal sauvage, au coeur d'une lutte ancestrale pour les territoires.
Cet album aborde les relations complexes engendrées par ce retour à leur habitat naturel de prédateurs longtemps disparus des paysages avec lesquels les jeunes bergers (peu nombreux) doivent composer, dans l'espoir d'une cohabitation pacifiée plutôt qu'un affrontement sanguinaire.
Cependant, si la condition difficile des bergers, dont les aides financières de l'Etat ne compensent pas la perte d'un troupeau mené tout entier dans l'abîme par un animal déchainé est bien décrite, j'ai été moins séduite par cet ouvrage que par La dernière reine.
Dans ce récit pourtant simple, (ce qui n'est pas un problème en soi, mais là peut-être un peu trop simple à mon goût), il y a plusieurs incohérences ; Gaspard fait preuve d'une force de vie surhumaine pour un homme de son âge, à lui les iron-man pour vétérans ! Je me suis demandé s'il n'allait pas se transformer en godzilla armé de fulguropoings.
Par ailleurs, je n'ai pas bien compris si Gaspard vivait seul ou non puisqu'il est dit à plusieurs reprises qu'il est seul, mais aussi que sa femme a sombré dans une forte dépression au décès de leur fils, sans qu'elle n'apparaisse jamais dans le roman graphique, là n'est pas l'essentiel me direz-vous à juste titre, mais mon petit esprit cartésien a tiqué : bon alors, il est seul ou il n'est pas seul ? il faudrait savoir...
Même si le coup de crayon qui tranche à vif reste agréable, il ne m'a pas portée aux sommets cette fois comme La dernière reine l'avait fait. Ce Loup reste une belle aventure en montagne, vous pouvez enfiler raquettes et crampons !
Commenter  J’apprécie          639
Au début, j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Je me disais : encore une histoire avec un loup qui décime les troupeaux et qu'il faut abattre ! Car au début, bien sûr il faut comprendre Gaspard, notre berger, vivant seul avec ses bêtes et ses souvenirs, son fils, soldat, mort au Mali et sa femme complètement déboussolée depuis. Quelle peut être sa réaction première face au loup, n'ayant pour bagages mémoriels que peine et douleur ? La mort, la vengeance, car tout est la faute du loup.
Puis petit à petit se dessine dans ces hautes montagnes un autre scénario entre l'homme et le loup qui se poursuivent sans relâche. Pas un attachement sentimental non, mais une cohésion avec la nature, avec la vie rude sur ces hauteurs enneigées et gelées, avec un état de survie permanent où chacun, homme comme animal, doit trouver en lui et autour de lui les ressources nécessaires pour arriver jusqu'à demain.
Au final, une très belle histoire de partage, dans un monde où chacun peut trouver sa place.
Un conte ? Peut-être.

Quant aux dessins, très peu colorisés, ils sont souvent faits de hachures nettes et précises et donnent aux reliefs le mordant nécessaire pour ressentir le vent glacé de l'hiver montagnard.

Une BD qui met à l'honneur la montagne dans toute sa rudesse, sa violence et sa beauté, un paysage peuplé de loups et d'hommes, un territoire à partager, la nature n'est pas la possession de l'homme.
Commenter  J’apprécie          604
Quelque part dans le massif des Ecrins.
Fatigué de perdre ses brebis, Gaspard abat la louve, laissant un orphelin pas encore sevré. Le petit loup deviendra grand, et ne s'éloignera jamais du berger-chasseur qui a tué sa mère. Pour solde de tout compte ?

Le nature writing, j'évite, je pars vaincue d'avance - je vais assurément m'y ennuyer. A fortiori dans des montagnes en hiver. Le froid, je n'aime pas, le blanc à perte de vue, ça m'angoisse (vive la verdure ou l'océan !).
Par contre les histoires de loups dans les contes et légendes me fascinent, lorsqu'on ne sait pas très bien ce qui se cache derrière la bête (cf. les contes traditionnels, la Bête du Gévaudan, 'La bête' de Chabouté, 'L'homme à l'envers' de Vargas...).
Rien de tel ici, il s'agit bien de lutte entre un homme et un animal, comme dans le 'Vieil homme et la mer' d'Hemingway.
Une lutte qui dure, qui devient une obsession pour Gaspard - il n'abandonnera pas. Une lutte qui se redéfinit.

Un bel album. J'ai aimé les expressions du loup, et bien sûr la question de notre place d'humain dans un écosystème, qui doit se poser en terme de cohabitation et non plus de domination.

Pour résumer et conclure, ces jolis mots de Baptiste Morizot (en postface) : « Un récit initiatique silencieux, dans lequel un homme occidental se libère des mythes belliqueux dont il a hérité, pour passer à des relations de respect mutuel et de réciprocité. » ♥
Commenter  J’apprécie          6010
Le loup est une magnifique BD de Jean-Marc Rochette, que j'ai découverte à la faveur d'une opération « Du vent dans les BD », à laquelle participe la médiathèque de ma commune.
Le scénario repose sur une histoire simple. Au coeur du Massif des Écrins, un grand loup blanc et un berger vont s'affronter, jusqu'à leurs dernières limites.
En entrant dans cette histoire, je venais avec mon vécu, à la fois passionné par la montagne, mais sensible aussi à celles et ceux qui défendent la cause des loups. Je connais bien certains endroits du Massif des Écrins. Je connais aussi le Mercantour, lorsqu'un été, dans un camping à la ferme, j'ai pu découvrir de plein fouet le drame d'un berger dont une centaine de ses brebis venait de se précipiter dans le vide à cause des loups...
Ici le propos n'est pas de défendre ni la cause des loups, ni celle des bergers. Alors me direz-vous, serait-ce une sorte d'entre deux, un compromis ? Oui, mais c'est bien plus que cela...
Nous suivons l'itinéraire de Gaspard berger, rythmé par les saisons. Sa vie solitaire se résume à accompagner ses brebis vers les alpages de haute montagne. Il a fait le choix de se couper du rester du monde, de la vallée où « la neige est moins belle ».
En tuant une femelle loup qui vient de décimer son troupeau, il ne soupçonne pas que le louveteau qui va survivre va très vite revenir grandi, occuper le terrain et crier vengeance. Ainsi se dressent les conditions pour accueillir le combat qui va commencer entre ces deux êtres : le berger et le loup.
C'est beau comme une tragédie. Il y a une lutte qui m'a fait inévitablement penser à l'oeuvre d'Ernest Hemingway, le vieil homme et la mer.
C'est le récit d'un affrontement magistral qui, finalement, n'est pas si important que cela dans son dénouement. Dans le chemin difficile, ardu, arpenté, nous voyons se dessiner une réflexion philosophique entre l'homme et l'animal, la place de l'un et l'autre dans un territoire où chacun revendique sa légitimité d'exister.
D'ailleurs, le récit soulève avec pertinence cette question de la légitimité d'appartenir et de dominer un territoire.
Ce que j'ai aimé, apprécié, lu dans ce récit est cette manière qu'a Gaspard d'évoluer dans son ascension pour tuer le loup. Gaspard se métamorphose en montant vers les sommets. C'est un récit initiatique, silencieux, il s'allège peu à peu de ce côté guerrier qu'on confie si facilement aux hommes des vallées face à la question du combat contre les loups.
Le trait du dessin est à la fois généreux et rude, comme les reliefs de la montagne.
Je me suis demandé, si les bergers étaient des femmes, ou plus souvent des femmes, la question du loup serait-elle traitée différemment ?
Dans ce voyage initiatique, j'ai vu se déployer une réconciliation du monde du vivant, vers une sorte de vivre ensemble...
Un très beau texte du philosophe Baptiste Morizot conclut en postface cette BD et illustre ce propos.
Commenter  J’apprécie          537
Quelle belle histoire et/ou fable ! Lorsque l'on tourne la dernière page, on y reste encore dedans à se poser des questions sur la relation entre l'homme et l'animal surtout après le postface de Baptiste Morizot, philosophe qui plaide pour de nouvelles alliances entre les hommes et les animaux. Impossible au lecteur de prendre parti pour le vieux berger ou le jeune loup blanc. Gaspard (un autre de la Meije) a tué sa mère qui s'est attaqué à ses moutons. Un vrai boutche qui ne s'est pas remis de la mort de son fils que la guerre a pris. Qui gagnera ? Existe-t-il un compromis ? Il y a un peu de L'oeil du loup de Pennac dans les dessins où leurs regards se croisent. Rochette nous offre comme cadre le Massif des Écrins. 2ème BD que je lis de lui, je suis conquise. Relève de London et de Hemingway.
Commenter  J’apprécie          490
Tout démarre avec une louve, tuée à l'intérieur du parc (dans le massif des Écrins, Alpes françaises) par Gaspard le berger, laissant un louveteau blanc orphelin. Ce dernier a grandi et tient à venger sa mère. S'en suivent une sorte de duel, puis de pacte entre ce majestueux loup blanc et le berger.

C'est un joli roman graphique, dans lequel il y a très peu à lire mais beaucoup à observer. Les traits et contours épais donnent le ton, c'est sombre malgré le blanc à perte de vue, en corrélation avec l'humeur de Gaspard. Les protagonistes sont rendus très expressifs, le loup surtout (très très beau quand il est représenté de face).

Le peu de texte est suffisant, puisque les dessins parlent d'eux-mêmes : paysages blancs abrupts, nuits glaciales et avalanches donnent ce qu'il faut en termes de dangers et sensations fortes. La rivalité entre l'homme et le loup est également bien retransmise.

Une belle histoire qui démontre que la nature sauvage a elle aussi des droits, que l'homme ne peut pas toujours avoir le dernier mot, qu'il y a toujours moyen de partager son "territoire". Une histoire pleine de hargne et de colère au début, qui se voit remplacée par une histoire pleine de sensibilité et de compassion sur la fin.

(Je déplore juste les scènes de chasse, certaines représentées tel un loisir et non comme une nécessité.)
Commenter  J’apprécie          472
Jean-Marc Rochette nous conte l'histoire d'un vieux berger et d'un jeune loup et nous offre à travers elle une très jolie réflexion sur la place de l'homme dans la nature.

D'un côté, un berger excédé de voir le loup dévorer ses brebis fait parler sa carabine.
Et, pan !
En face, la victime est une louve. Son louveteau se retrouve seul, démuni et désorienté par la perte de sa mère.
Gaspard n'a aucun état d'âme : "Elle m'avait déjà tué 150 brebis la saison dernière. C'était elle ou mon troupeau. J'ai choisi."
Dis comme ça, c'est simple. Mais la suite sera plus compliquée pour Gaspard.

Cet album nous offre une confrontation saisissante entre un vieil homme et un jeune animal.
Qui sortira vainqueur de ce terrible duel ?
L'homme ? L'animal ?
Et si les deux gagnaient, à travers ce qu'ils auront retenu de cette aventure ? de cette leçon de vie, finalement.

L'album de Jean-Marc Rochette, au-delà du plaisir d'une belle histoire pose les questions essentielles.
Le loup, animal sauvage, dérange les hommes, c'est certain.
Mais...
Qui, de l'homme ou du loup, est le plus légitime dans la nature ?
Qui, de l'homme ou du loup, est le plus sauvage ?
Le texte n'est pas bêtement moralisateur, non. Simplement, naturellement, il amène le lecteur à réfléchir.

Le dessin est magnifique et met vraiment en valeur la nature, qui offre un décor fabuleux. le lecteur est totalement immergé dans les paysages.
Moi qui aime tant la montagne, j'ai été servie.
L'auteur se fait caméraman : il zoome, il dézoome, il fait apparaître un détail ou nous montre la grandeur d'un ensemble. Tous ces effets utilisés à bon escient rendent le récit très vivant et lui donnent beaucoup de force.
Les personnages sont très bien dessinés, qu'il s'agisse de Gaspard ou du louveteau. Leurs regards sont tellement expressifs ! Certaines planches sont saisissantes.

Cet album est une triple réussite : graphisme, texte, message.
Que je n'oublie pas d'en mentionner une quatrième, conséquence logique des précédentes : un grand plaisir de lecture.
Commenter  J’apprécie          458




Lecteurs (1191) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5220 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}