Des 3 livres de
Peter Rock traduits et disponibles en France à ce jour (
L'Abandon,
Les Indécis,
À L'Abri du Monde) celui-ci est peut-être le plus accessible, et si j'ai beaucoup aimé je dois avouer qu'il m'a -un tout petit peu- moins marqué que les deux autres.
Francine, infirmière enceinte, qui construit une vie relativement paisible dans un quartier middle-class américain est perturbée par le probable enlèvement d'une toute jeune fille à proximité. Une ancienne connaissance (Colville) surgit un jour et ramène à la surface un passé commun. Plus jeunes ils ont été embrigadés par leurs familles respectives dans des dérives sectaires prévoyant la fin du Monde. Durant cette enfance, perturbée par les délires d'adultes ayant vrillé, ils ont connu des pratiques ésotériques étranges, la peur, la paranoïa, l'isolement. Ce qui n'a pas empêché une amitié de se forger, ni même le partage de moments joyeux. Ils étaient des enfants après-tout.
Bien sûr lorsque Colville réapparait, après la surprise, les souvenirs et les traumas ressurgissent. Colville n'est pas venu les mains vides...
Et pendant ce temps les recherches pour la petite voisine disparue continuent.
Peter Rock brosse encore une fois le portrait de personnages fascinants : sous une apparente simplicité se cache toujours une complexité terriblement humaine. L'ambiance générale, sans être pesante, nourrit forcément une pointe d'anxiété. On sent encore une fois qu'il ne faudrait pas grand chose pour que tout bascule. La réalité est déformable, d'autant plus lorsque des souvenirs perturbants viennent s'y mêler.
L'intrigue suit un parcours prenant, captivant parfois, et le livre se lit assez rapidement.
Comme à son habitude
Peter Rock donne de la crédibilité à son récit en offrant au lecteur moult détails d'une précision chirurgicale, tout en apportant un soupçon d'étrange grâce à des ellipses bienvenues ainsi que des dérives psychologiques profondes. On pourrait perdre pied avec les héros de cette histoire, à tout moment...
J'aime passionnément cet auteur, cette capacité incroyable à poser des ambiances et à donner de la matière aux scènes par le choix des mots et du rythme.
À L'Abri du Monde est un très bon livre, certainement le moins dérangeant de
Peter Rock que j'ai pu lire, ce qui ne m'empêche pas de le (re)parcourir avec plaisir.
Et un grand merci aux traducteurs au passage !