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EAN : 9782757830321
264 pages
Points (17/05/2013)
3.84/5   47 notes
Résumé :
Une adolescente de treize ans vit, avec son père, dans une réserve naturelle de l'Oregon, loin des villes, en évitant tout contact avec d'autres personnes. Que fuient-ils ? Pourquoi se cachent-ils ? Elle ne se le demande pas. Car, pour vivre cachés si ce n'est heureux, il ne faut penser qu'à cela et consacrer toute son attention à ce mode de vie invisible. Un jour, le père baisse sa garde, les ennuis commencent et la vérité apparaît peu à peu. On n'échappe pas à son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Une forêt dense et sombre. Dans l'Oregon. Un abri souterrain ou des cabanes de fortune pour seule maison. Qu'il faut changer le plus souvent possible pour ne pas se faire remarquer. Une respiration silencieuse et des pas tout juste effleurés sur cette neige épaisse et craquante. Tout juste de quoi manger. Caroline et Père vivent en harmonie parfaite, à l'abri des regards, de la ville et ses lumières. Relation fusionnelle entre eux. Père n'est rien moins que son héros. Caroline écrit dans un journal, ses journées passées auprès de Père et ses secrets. Leur quotidien risque bien d'être chamboulé. Un joggeur entre-aperçoit la jeune fille. La police ne tarde pas à mettre la main sur eux. Tout un tas de questions surgissent alors : pourquoi vivent-ils ainsi et que cachent-ils ?

À partir d'un fait divers, Peter Rock nous plonge dans cette forêt à la fois inquiétante et protectrice. À 13 ans, la jeune Caroline ne semble pas s'inquiéter outre mesure de son mode de vie, n'ayant visiblement que peu de souvenirs de sa vie passée. Elle écoute Père et lui obéit. Père, un personnage complexe, insaisissable mais terriblement protecteur. L'auteur explore ces relations père-fille quasi exclusives et ce mode de vie très marginal. Dans cette ambiance dérangeante et inquiétante, l'auteur ne délivre au final peu de réponses. L'écriture intérieure est froide et ne laisse que peu de place aux sentiments.

L'abandon... de soi...
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S'inspirant d'un fait divers, Peter Rock donne la parole à Caroline, une jeune adolescente âgée de treize ans lorsqu'elle commence à relater son histoire. Une histoire qui ne sera donc révélée au lecteur qu'à travers la vision et les quelques pensées de Caroline qui adopte un ton très neutre, sans laisser filtrer ses émotions, ou si peu.

Dans l'obscurité d'une déchetterie, ils prennent, pour leur donner une seconde vie, des barres et des fils de fer, puis s'enfoncent dans la forêt à la périphérie de Portland, leur terrain familier. Randy, le cheval en plastique au corps creux et un ruban bleu accompagnent chaque sortie de Caroline.
Selon les préceptes de Père, que Caroline suit aveuglément sans jamais chercher à connaître leurs bien-fondés, leurs déplacements doivent toujours se faire avec le souci d'effacer toutes traces de leur passage. Ne pas piétiner les herbes aux abords de ce qui leur tient lieu de chez eux, un petit abri souterrain dans lequel ils ne peuvent se tenir debout. Il ne faut pas trahir leur présence ici, la « maison » se cache de tous regards indiscrets derrière des fougères et de petits érables. Ils ont le strict nécessaire sur une étagère bricolée par Père, dorment côte à côte sur un matelas étroit.
Un grand arbre dissimule dans son feuillage une plateforme d'où Caroline fait le guet. Au loin, la ville de Portland où ils font de brèves visites afin de récupérer chaque mois un chèque, une pension allouée par L'État. Ajouté aux cauchemars faisant vrombir des hélicoptères, nous comprenons que Père a participé à une guerre et en reste traumatisé. La ville, c'est aussi l'occasion de faire une visite à la bibliothèque et d'acheter quelques denrées. le petit jardin potager bien caché ne suffit pas à les nourrir. Pour subsister, il y a aussi le troc avec le campement d'à côté mais ces autres marginaux ne satisfont pas aux valeurs de Père qui condamne la mendicité et le vol.

Caroline aime des petits moments de solitude dans la forêt, marcher pieds nus, grimper aux arbres en sentant l'écorce sous ses plantes de pieds. Cela ne l'empêche pas de se plonger dans son encyclopédie, de suivre les cours que lui enseigne son père et d'effectuer ses devoirs.
Au cours de ses explorations sur les chemins forestiers, elle cherche malgré tout le contact avec d'autres jeunes de son âge.
Cette vie de solitude à deux va vite basculer. Un bref manquement à la recommandation de ne pas attirer l'attention, l'erreur idiote d'un chemisier suspendu alors qu'un joggeur passe près de l'abri. Voilà la Police qui assiège la « maison » et les emmène, son père et elle vers la « civilisation », convaincue de rendre service à Caroline. Les services sociaux désirent trouver ou décréter la meilleure solution pour elle. Pourtant, Caroline se trouvait heureuse dans la forêt…

Médecins et psychologues constatent rapidement que ce mode de vie différent et illégal pour une jeune de treize ans n'a pas empêché son père de lui avoir inculqué de belles valeurs et un degré d'éducation que la société est bien loin d'atteindre chez ceux qui suivent une scolarité dans les normes !
Que va-t-il se passer lorsque Caroline va découvrir le confort de la vie moderne, un petit déjeuner sorti du réfrigérateur ? Son père pourra-t-il continuer à consolider leur différence, à les préserver des autres qui les espionnent ? Lucidité ou paranoïa ? Ces deux mots planent et questionnent le lecteur.
Le père incite Caroline à ne pas se tourner vers le passé et ses mystères qui seront finalement que partiellement éclaircis au fil du roman. Il y a une sorte de tension tout au long de l'aventure qui met mal à l'aise. On tremble pour ces deux personnages à l'idée qu'il leur arrive malheur, qu'ils ne puissent pas vivre à leur guise cette vie dans la nature, marginale, sans en faire l'amalgame avec une vie sauvage. La narration étant comme un bourdonnement, nous sommes aux aguets, craignant le dard qui va peut-être finir par piquer.
Le désir de vivre ainsi est-il quelque chose de mal, de répréhensible comme on veut nous le faire croire ? Cela interroge sur la prétendue civilisation, unique moyen d'accéder au bonheur du point de vue des personnes dites bien pensantes. Ces dernières essaient de les combler de biens matériels alors qu'eux aspirent à regarder les écureuils se pourchasser, suivre le chemin d'une limace, écouter le vent et la pluie, sentir la terre sous leurs pieds nus.

Un livre, une histoire, qui marquent d'autant plus qu'un père et sa fille ont bien vécu quatre ans dans la forêt de Portland.
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Pour vivre heureux vivons caché.
Quasimodo...de mémoire...

Un adage que Caroline et son Père vont littéralement prendre au pied de la lettre.
Adopter le Hobbit style en intégrant une cabane se fondant parfaitement avec son environnement naturel.
Côtoyer le moins possible ses contemporains excepté pour remplir un frigo qu'ils n'ont pas.
Se déplacer en forêt en prenant bien garde de ne pas laisser la moindre trace susceptible de trahir leur présence.
Vivre dans le dénuement le plus complet et aimer ça. L'important étant d'être ensemble, encore et toujours.
Tel est leur quotidien. Un choix de vie que l'on pressent très rapidement imposé par un évènement antérieur fondateur.
Puis survient ce grain de sable à l'oeil acéré, équipé de ses running shoes de compet', bien décidé à battre son record de 3h12'73" aux 6 km sur terrain boisé, véritable dynamiteur d'un quotidien fusionnel entre un père et sa fille qui plus jamais ne retrouveront ce sentiment de plénitude de naufragés volontaires.
Finies ces longues soirées au coin des murs suintant l'humidité.
Terminés ces mémorables repas équilibrés à base de peu assaisonnés de rien.
Mais surtout adieu cet univers atypique qu'ils s'étaient construits et dans lequel tous deux se retrouvaient parfaitement.
Le temps est venu de réintégrer la "civilisation". Celui des sacrifices également...

Le moins que l'on puisse dire c'est que Rock, c'est du solide.
Un bouquin qui se vit et se lit comme une véritable expérience. Pléthore de questions au fil des pages que l'auteur élude systématiquement d'un trait de plume. Souvent troublant, parfois dérangeant, L'abandon hypnotise. L'on échafaude tout et n'importe quoi, l'on se perd en conjectures pour finalement subir sa loi, la seule qui prévaut, celle de l'auteur facétieux qui estime à juste titre qu'un récit se mérite et qu'en livrer tous les secrets rapidement en retirerait tout le sel.

Un magnifique récit sur un Père, sa fille et les sentiments qui les animent.
L'abandon est une histoire originale, courte et intense, qui saura toucher le lecteur en lui laissant finalement un goût amer en bouche.
Inspirée d'un fait réel, cette parenthèse (dés)enchantée, initialement auréolée d'un épais mystère, interpelle de par les émotions qu'elle suscite et conforte cette illustre maxime commandant que pour vivre heureux...

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C'est après avoir vu le film que j'ai décidé de lire le roman de Peter Rock. Ce film que j'avais apprécié pour son côté humain et compassionnel est descendu dans mon estime tant il s'éloigne du roman pour proposer une fin plus hollywoodienne dirai-je avec précaution.
Le roman est lui tout en finesse là où le film fait dans l'à peu près. le récit ne se cache pas derrière des bons sentiments et renvoie au lecteur la triste image de la réalité. Celle qui ne fait pas rêver.
J'ai retrouve sur le site du Seattle Times l'article de 2004 relatant le fait divers dont s'est inspiré Peter Rock pour son roman.
Un vétéran du Viet Nam et sa fille de 12 ans ont vécus 4 ans dans une foret en dehors de la civilisation.
L'auteur en a fait le récit de inquiétude et de l'intranquilité. le statut de vétéran du Nam est évoqué de façon allusive, au travers des cauchemars du père qui comme une bête traquée, cernées par ses ennemis fait tout ce qu'il peut pour inculquer à sa fille sa culture de la méfiance et( de la défiance.
Ils ne sont pas comme nous lui répète-t-il.
Mais voilà, comme beaucoup d'éducateurs, il ne peut admettre ni accepter que l'élève cherche à comprendre pourquoi et comment ils ne sont pas comme eux.
Peu à peu, dans ce voyage sans but et sans fin, la fille cherche à comprendre et une vérité différente se présente à elle.
Si elle choisit aussi la liberté et la différence, ce sera au sein d'un groupe social dont elle s'affranchit de certaines règles pour n'en retenir que celles qui lui conviennent.
Choix différent de celui de son père mais choix respectable malgré le dilemme que cela l et des ui pose.
Peter Rock pose la question de l'intégration sociale, de la brutalité des structures d'état qui en sont chargées, du faible espace de liberté, des choix laissés aux individus.
Roman dérangeant qui déjouent les postures sociales accommodantes et conduit le lecteur à s'interroger sur sa propre relation aux laissés pour compte, ceux que l'on croise en les regardant sans les voir.

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Dés la couverture du livre, on est intrigué.
La curiosité est en éveil et est exacerbée au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire de Caroline et son Père .
Une vie en marge de la société , une maison qui n'est même pas une cabane, cachée dans la forêt, mais c'est une forêt en bordure d 'une banlieue , où différentes communautés se côtoient, celles des vrais marginaux parce qu'ils nont pas le choix , les prisonniers qui viennent travailler , les joggeurs qui parcourent les sentiers ...
On ne sait pas pourquoi nos deux héros se cachent, il y a un lien fort entre eux, une histoire qu'on ne connaît pas et qu'on imagine, hypothèses à partir de mots qui reviennent en leitmotiv : hélicoptère , on voit l'homme vétéran du Vietnam, il reçoit des chèques, une pension militaire ? les faits se passent en 1997 donc une autre guerre, celle d'Irack ? C'est un puzzle mental qui fait qu'on ne lâche pas le livre.
Ces deux là ne sont pas ordinaires, fréquentant les bibliothèques , Caroline son encyclopédie sous le bras et Randy son cheval en plastique, son fétiche dans son sac à dos.
La vie aurait pu continuer un certain temps comme cela, choisie et heureuse mais cette harmonie vigilante sera rompue par une inadvertance de Caroline, un détail qui va faire basculer le destin et ce sera la fuite, la fuite en avant, cavale improbable , on pense à La Route de Mc Carty .Quelques éléments seront dévoilés à la toute fin du livre mais l'imagination et le rêve prennent le pas sur la réalité et on ne sait plus où est la frontière, peu importe ,on est transporté par les mots et on laisse son esprit vagabonder derrière la force de vivre de Caroline.
Un excellent roman !.

Merci beaucoup à News Book et aux Editions Rue Fromentin pour ce partenariat.

Lien : http://lejournaldelouloune.o..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Même si ce n’est pas la forêt, nous sommes entourés d’animaux, et je ne parle pas des chevaux. Un oiseau entre par la fenêtre ouverte et Père dit qu’une demeure sans oiseaux c’est comme un plat sans assaisonnement. Pour voir ces animaux, il faut modifier sa façon de regarder, et parfois il suffit de tendre l’oreille. Dans le plafond au-dessus de la cuisine, un rongeur a fait son nid. Père me soulève, sa lampe frontale sur ma tête, et je vois les couvercles chatoyants des conserves, les éclats de miroir – que des choses qui brillent. Les souris sont encore plus discrètes, elles détalent sur le sol lorsque tu regardes ailleurs. Nous plaçons sous les lits les pièges à souris que monsieur Walters nous donne, sans en rabattre les ressorts. Dehors des pièges plus gros sont enfouis sous terre pour capturer les taupes et les gaufres dans leurs trous. Père me montre comment mal les installer, pour qu’ils soient déjà déclenchés et qu’on ait l’impression que l’animal a réussi à s’échapper.
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La seule chose que nous cherchons avec un insatiable désir, c'est de nous oublier nous-mêmes, de faire quelque chose sans savoir pourquoi ou comment.
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Si on avance hardiment dans la direction de ses rêves,on sera payé de succès inattendus en temps ordinaire .On franchira une borne invisible. Ne l'oubliez pas .N'oubliez pas que la pensée peut entraver. Oubliez l'oubli. La seule chose que nous cherchons avec un insatiable désir est de nous oublier nous -mêmes, de faire quelque chose sans savoir comment ou pourquoi.Les voies de la vie sont merveilleuses: la vie procède par abandon.
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La valeur consiste dans la puissance que l'homme a de se relever.
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Si l'on avance hardiment dans la direction de ses rêves, on sera payé de succès inattendus en temps ordinaire. On franchira une borne invisible. Ne l'oubliez pas. N'oubliez pas que la pensée peut entraver. Oubliez l'oubli. La seule chose que nous cherchons avec un insatiable désir, c'est savoir comment et pourquoi. Les voies de la vie sont merveilleuses ; la vie procède par abandon.
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The Shelter Cycle: A novel by Peter Rock
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