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Critique de dourvach


Georges Rodenbach (1855-1898) a, au fond, peut-être écrit le premier roman de Georges Simenon (1903-1989)... Certes, "Bruges-la-morte" fut publiée dès 1892 !

Mais, bon sang, nous reconnaîtrions presque tous les errements du "Baas" ‒ le pauvre et si digne Joris Terlinck, héros pathétique en "Le Bourgmestre de Furnes", qui fut en 1939 l'un des sommets littéraires de notre grand Liégeois universel.

Et l'on songe également aux charmes mortifères des canaux ‒ également simenoniens ‒ de "Chez Krull" (1939, toujours) ou encore aux eaux mortes du "Maigret" précurseur de... "Chez les Flamands" (1932).

Ce qui ne gâte rien : l'intemporalité de l'écriture de "Bruges-la-morte", des (fantômes de) personnages et des "décors architecturaux et aquatiques" (assoupis ou défunts), par eux traversés, tout comme les siècles... Bruges, cette "perle" du commerce hanséatique (la "Ligue de la Hanse" germanique ou teutonne, presque immémoriale, son esprit rigide et pragmatique toujours vivant...), la mer retirée...

Le pont des Béguines, la Porte Dorée, le Quai du Rosier, le Béguinage... le son assourdi des carillons des Beffrois... Les parcours vespéraux "circulaires" du veuf Hugues Viane... Sa morte ressuscitée en Jane Scott, la danseuse...

Bref, quel bonheur de lecture !!!

Chef d'oeuvre dit "symboliste" toujours vivant, à la poétique intacte et aux beaux mystères insubmersibles...

Et puis l'on relit en préface ‒ sans doute avec un rien de cruauté rétrospective ‒ les imbécillités proférées à propos de photographie... par le grand "Je-Sais-Tout" de l'époque, un certain Emile Zola, alors pontifiant et s'attaquant méchamment à l'oeuvre [qui s'inspirait de techniques photographiques] du grand et modeste Gustave Callebotte, et à sa vision grand-angulaire et transcendentale du pavé parisien... Zola condamnant tranquillement en ses peintures "la photographie de la réalité qui n'est pas marquée du sceau original du talent" ...

Les 35 photographies noir-et-blanc ‒ contemporaines de la première publication ‒ ponctuant le roman (au suspense poétique palpitant) de RODENBACH sont évidemment ‒ de par leurs merveilleux silences ‒ un poétique et immortel démenti à tant d'aveuglement et de fatuité "d'époque"...


Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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