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EAN : 9782356080165
117 pages
Editions de L'Escampette (21/01/2010)
3.9/5   5 notes
Résumé :
"C'est une promenade de pêcheur mais ce n'est pas un livre de pêche, c'est une description des cours d'eau mais ce n'est pas un guide, plutôt un vagabondage dans le Haut Gévaudan, l'histoire d'un enchantement devant ses monts, ses vallées, sa flore, sa faune, ses eaux vives - le tout émaillé de souvenirs, de "rêveries", de quelques agacements, avec, en contrepoint, des citations d'auteurs anciens ou modernes. "
Ce livre illustre ce que nous espérons, au plus ... >Voir plus
Que lire après En remontant les ruisseaux : Sur l'Aubrac et la MargerideVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
«Ce texte charrie une contradiction insoluble, qui consiste à parler d'un secret à des inconnus, à rendre public ce qui devrait rester caché, à dévoiler ce qui ne se goûte que dans la solitude ou l'intimité.
(...) Ceci n'est donc pas un guide, à moins que ce ne soit un guide pour se perdre, un guide pour ne pas y aller -- ou pour y aller seul, ou avec quelques amis, subrepticement, sur la pointe des pieds, lentement, sans quoi l'enchantement de ces terres vous échappera, et certainement vous seriez mieux ailleurs.» p 15

Jean Rodier nous fait partager son amour pour la pêche et les ruisseaux mais la pêche n'occupe pas la plus grande partie d'un récit qui nous fait découvrir «au sud-est du Massif Central, deux promontoires de granit, affleurant pour la Margeride, partiellement recouvert de basalte pour l'Aubrac.» C'est aussi un bonheur que de renouer avec tous ces noms de lieux qui sont liés à la géographie intime de ces régions, noms qui sont aussi souvent devenus des noms de famille, géographie à laquelle se mêlent poésie et rêve (« Les rivières sont le fond de l'esprit où nagent les rêves».p 59).

«A l'inverse du fleuve qui modifie le paysage, le tamise, change sa lumière, le brouille, le reflète, le ruisseau --- à peine s'il a de la masse, de l'étendue, de la profondeur --- s'insère dans les terres, qui font un effort pour ne pas l'absorber, fraie sa voie hésitante et tenace, inclusion transparente et musicale, riche elle-même d'une multitude d'inclusions vivantes, dissimulées dans sa transparence.
(...) Les meneurs de moutons et de vaches ont tourné la difficulté en nommant celui-ci Grandrieu, c'est-à-dire Grand Ruisseau, comme le Malrieu est un mauvais (ou petit) ruisseau, et Rieutort-de-Randon un village où le ruisseau abuse de méandres...» p 36

L'auteur cite des textes anciens (Plutarque, de l'intelligence des animaux ou Lucrèce, de la nature des choses) qui n'ont rien perdu de leur vie. Il nous dit, par exemple, alors qu' il fait allusion à la pollution industrielle actuelle, qu'«au XIVème siècle les ouvriers qui déchargeaient les bateaux sur les quais de Paris se mettaient en grève pour exiger une autre pitance que du saumon de Seine à tous les repas...

Les anecdotes, l'abondance de vie, couleurs, faune, flore, leurs variations infinies, la beauté de leur rencontre font de ce livre une véritable fête.
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Sur l'Aubrac et la Margeride : dès le sous-titre, Jean Rodier trace, à la ligne claire, son territoire d'écriture, « arrondi, tout en courbes, compact », à l'image de son style, tout de denses circonvolutions polissant, d'une plume fluide, la minéralité des mots. Dans son beau livre s'entremêlent « récit, description, réflexion, un peu de botanique, d'halieutique, de géographie, quelques références, quelques inexactitudes et à peu près », autant de vagabondages dans lequel le lecteur se perd, à sauts et à gambades, ferré par la promesse d'une écriture dansante.

C'est que l'on suit bien volontiers, dans ce Haut Gévaudan mis en poème, ce psychogéographe transformant la pêche en occasion de s'émerveiller face à l'âpre beauté de la nature et de ses noms. Il égrène, au fil des pa(ge)s, des noms de lieux comme autant mantras roulant doucement en bouche : mots de ruisseaux (Chapeauroux, Fouillouse, Truyère, Chantelouve, Chassezac, Bès…), manteaux forestiers (aubiers, sorbiers, alisiers, saules, frênes, fayards, épicéas…), flore à fouler (ancolies, serpolet, pulsatilles, scabieuses, lychnis, renouées bistortes…), faune à subjuguer (goujon, fario, chevesnes, gammares, truitelles, chabot…) , minéralité aux sons rocailleux (schistes, granites, lauzes…), topographies gouleyantes (combes, drailles, devèzes, bials, landes à callune, piémonts, tourbières, eaux turbides, fondrières…)… tous déclinent ce qu'embrasse le regard clair de l'écrivain et dansent à l'unisson du texte.

La suite par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/en-remontant-les-ruisseaux/
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A l’inverse du fleuve qui modifie le paysage, le tamise, change sa lumière, le brouille, le reflète, le ruisseau --- à peine s’il a de la masse, de l’étendue, de la profondeur --- s’insère dans les terres, qui font un effort pour ne pas l’absorber, fraie sa voie hésitante et tenace, inclusion transparente et musicale, riche elle-même d’une multitude d’inclusions vivantes, dissimulées dans sa transparence.
(...) Les meneurs de moutons et de vaches ont tourné la difficulté en nommant celui-ci Grandrieu, c’est-à-dire Grand Ruisseau, comme le Malrieu est un mauvais (ou petit) ruisseau, et Rieutort-de-Randon un village où le ruisseau abuse de méandres...
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Le rêve d’aller à travers la montagne de ruisseau en ruisseau et de ruisseau en lac, de lac en rivière, sans frontières ni restrictions que sa propre liberté.
On monte à travers les forêts, les prairies, parfois encombrées de granits, le bruit des ruisseaux rapides -- où l’on peut rêver d’une vie délicieuse -- et on débouche sur le plateau à l’herbe rase, aux ruisseaux lents, aux lointains bleus, au vent -- endroit que l’on imagine propice à la pensée. Pour peu qu’on y demeure on comprend : c’est ici le lieu où la pensée s’absente.
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En amont, dans la haute plaine imbibée d’eau froide, la Rimeize erre entre sognes et pelouses hérissées de rocs, ouvre et ferme ses méandres, se mélange à d’invisibles ruisseaux au chant assourdi par les touffes de nard.
Au-dessus des renoncules d’eau en fleur qui ondulent dans le courant où se fragmente le soleil, montent et descendent les grandes mouches de mai. En quelques heures elles passent de l’état de larve aquatique à celui d’insecte dansant, s’accouplent, pondent et meurent, ailes écartées, sur les friselis de l’eau.
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