Contrairement à l'excellente BD "Ys la légende" de
Jean-Luc Istin dans laquelle le scénariste prend plus de liberté pour redéfinir la légende, Rodolphe signe avec "la Ville d'Ys" un vibrant hommage au récit de
Charles Guyot de 1926 "La légende de la cité d'Ys".
Dans ce premier tome d'un triptyque consacré à Dahut et la cité d'Ys, le scénariste suit de manière assez respectueuse le récit de 1926 et nous dévoile les événements qui ont poussé le roi Gradlon à lever une flotte d'une centaine de navires afin de s'emparer d'une mystérieuse citadelle dont il a à maintes reprises effectué en rêve le siège, avec toujours un même constat d'échec.
Nuit après nuit, ses soldats tombaient par centaines en essayant vainement de s'emparer d'une puissante fortification semblant garder un secret qui attise plus que jamais sa convoitise.
Alors que les jours en mer s'égrènent, que la fatigue pèse de plus en plus sur le moral des soldats et que les vivres commencent à manquer, l'objet de quête de Gradlon se matérialise enfin par le squelette d'une terre se dessinant à l'horizon.
Fièrement dressée sur un piton rocheux, la sombre citadelle se rappelle alors aux rêves de Gradlon.
Alors que s'estompe ce léger voile entre réalité et songe, l'armée du jeune roi se met en ordre bataille, l'assaut véritable peut finalement commencer.
Mais sur cette terre où les rêves peuvent prendre corps, les cauchemars resurgissent et avec eux les journées de combat s'enchaînent sans succès.
Un matin, le jeune Roi de Bretagne se retrouve isolé, sans armée, ni flotte, celle-ci à reprise la mer l'abandonnant pendant son sommeil aux fantômes de son obsession. Alors que ses pas le ramènent inexorablement au-devant des hautes murailles de la citadelle, étonnamment déserte pour l'occasion, sa rencontre avec Magdalen (Malgven) scellera à tout jamais son destin.
Et c'est ainsi que la légende peut commencer...
Le scénariste Rodolphe et la dessinatrice Alzate, réussissent sur ce premier tome une belle entrée en matière dans cette nouvelle adaptation de la légende d'Ys.
Alors que ce premier tome n'offre pas une grande densité narrative et se concentre essentiellement sur Gradlon, la force évocatrice du récit nous interpelle et suscite de suite l'adhésion. Toutefois je suis assez curieux de voir comment le rythme du récit va évoluer par la suite sur les deux derniers tomes de manière à pouvoir retransmettre en intégralité la légende.
La grande force de ce premier volume réside dans l'association parfaite entre une écriture subtile et poétique renforcée par les superbes planches illustrant (et complétant) la narration à merveille, pour nous immerger dans une atmosphère envoûtante et hypnotique propre à ses anciennes légendes des terres de Bretagne.
Moins ambitieux que le cycle de
Jean-Luc Istin sur le même thème, la folie de Gradlon enchante par sa forme mais frustre un peu par son fond, en attendant de contempler la suite...
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