Au suivant

J'avais découvert les éditions Anacaona à la faveur d'une masse critique : "Paula" m'avait adressé "Ombre sévère", qui m'avait laissé une sacré drôle d'impression. A la faveur d'une autre masse critique, je sélectionne cette maison d'édition, poussée par la curiosité : Paula m'adresse, toujours aussi gentiment, "Au suivant", issu d'une autre collection ("época" cette fois, "ombre sévère" étant tiré de la collection "terra"). Il m'a fait exactement l'effet inverse qu'ombre sévère : c'est écrit très simplement, le roman se lit très vite mais sans avidité ; quelques touches d'humour que j'ai beaucoup appréciées (l'auteur se critique parfois lui-même). Mais l'histoire, je crois, n'est pas représentative du Brésil mais d'un paquet d'autres pays : ils sont loin d'être rares, y compris en France, les jeunes qui sont obligés de trouver un petit boulot (en fast-food ou ailleurs) pour pouvoir vivre/faire vivre leur famille/continuer leurs études... Premier roman de cet auteur et à priori très largement autobiographique, les thématiques creusées ne le sont à mon avis pas assez : la difficulté d'une stabilité financière dans un pays en crise, le début de relations amoureuses, la montée du syndicalisme, l'exploitation des jeunes, etc. Tous ces thèmes restent en arrière plan, et on partage, agréablement, la vie de ce jeune homme qui, après la mort de son père, se trouve obligé de grandir et de devenir adulte. La fin de la relation amoureuse, de plus, laisse un peu ... perplexe. Ce n'est pas vraiment crédible ;-)
Merci à Paula pour cette découverte!

Henrique Rodrigues, l'un des principaux écrivains brésiliens actuels nous revient, en langue française, cette fois-ci, pour son premier roman écrit seul, intitulé « Au suivant », l'histoire non pas « banale » mais « commune » à tant de personnes qui connaissent la misère, que ce soit au Brésil ou partout ailleurs sur la planète et dont le livre le fait comprendre aussi puisque l'on ne saura ni les nom et prénom du héros...pas plus qu'aucun des autres personnages.

« Au suivant » nous emmène dans la vie d'un adolescent brésilien issu de la classe aisée, qui se retrouve – lui et le reste de la famille – dans la misère, suite au décès du père, entrant, du coup, dans la catégorie des « déclassés ». Lui qui, avant, pensait ne jamais avoir à travailler dans un emploi ingrat, s'y retrouve contraint, dans un « fast-food » de la plus célèbre enseigne du monde (mais jamais citée), où le personnel, exploité, est tout autant du « vite consommé » que le produit alimentaire qu'il vend.

« Au suivant », un titre parfait pour ce roman dénonçant une société devenue de pure consommation où tout le monde est au même niveau que cette « nourriture rapide », juste « le suivant anonyme », aussi vite consommé et oublié qu'il a été « conçu » !


Christian Estevez

Critique pour le média algérien "Salama Magazine" - Numéro Septembre 2018

C'est par ce livre suite à une masse critique, que j'ai découvert les éditions Anacaona. Assez impatiente de découvrir cette histoire, qui est à priori assez simple : mais ne dit on pas que la simplicité est au service de l'efficacité?

Et donc?
Effectivement, l'auteur a fait le choix d'écrire de manière très simple, ainsi ce livre se lit très rapidement. Même si au début, j'ai apprécié cet ado, et eu de la compassion envers lui. Je dois dire que je suis restée assez sceptique par moment . Car finalement ce sujet , n'est pas propre au Brésil. Peut être est -il amplifié là bas, certes. Mais des jeunes qui se retrouvent dans l'obligation de travailler pour subvenir eux besoins de leurs familles, il en existe partout malheureusement.

J'aurais aimé que certains thèmes soient davantage développés, notamment les maux propres à la société Brésilienne.

Alors attention, que les choses soient claires: Ce n'est pas que je n'ai pas aimé, c'est juste que je restais par moment sur ma faim.