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Critique de Syl


An 31 – Pompéi

Aux portes de Pompéi, le centurion Kaeso-Wotan Concordianus Licinus présente à un garde en faction ses papiers. Il est attendu par le préfet Septimus et l'influent Nerva, un vieil ami de sa famille, qui lui offrent la charge de la milice de la ville et l'opportunité de quitter Rome.
Prétorien, héritier d'un nom illustre, Kaeso a passé les onze derniers mois en prison. L'époque est instable, l'Empire Romain de Tibère, retiré sur l'île de Capri, est près du chaos. Des divisions s'opèrent au sein des praticiens, des trahisons, des complots, et Séjan, le préfet du prétoire, tisse une trame pour s'emparer du pouvoir. Kaeso, homme intègre et fidèle à la famille de Germanicus, père de Néro et Caligula, ses grands amis, se fait confisquer sa maison, ses terres et déchoir de son titre, le ravalant à un simple chef de la police.
Il arrive à Pompéi, escorté de sa mère, Hildr la guérisseuse et grande prophétesse, d'un esclave, Acarius, et de Io, son animal de compagnie, un léopard.

« - Wotan… Je crois que ton léopard se prend pour un chien.
J'acquiesçai, mortifié.
Io n'avait jamais fréquenté ses semblables. Elevée parmi les chiens de combat de garde prétorienne, elle était persuadée de faire partie de la meute et ne comprenait pas ce qu'il pouvait y avoir de terrifiant ou de bizarre pour un inconnu à voir un fauve sauter sur ses genoux, donner des coups de pattes pour réclamer des papouilles ou en administrer avec une langue qui vous donnait l'impression d'un rasage à vif avec une lame ébréchée. »

Son physique germanique, grand, blond, yeux bleus, hérité de sa mère, une Bructère, lui porte préjudice et l'assigne dans le rôle de l'étranger barbare. C'est avec ce regard que la plèbe l'accueille ; méfiante, craintive et sceptique. Dès le premier contact avec les soldats de sa caserne, Kaeso donne la cadence. Il faudra remédier à la paresse, l'indiscipline, la crasse, le désordre et l'inaptitude qui dominent ces hommes. Ce n'est pas parce qu'il ne se passe rien d'intéressant dans cette ville, qu'il faut laisser installer l'incurie et la désinvolture. Dans la soirée, auprès du préfet Septimus et de Nerva qui le reçoivent chaleureusement, il se remémore avec eux des temps glorieux de batailles, d'expéditions, des amis communs… lorsqu'un esclave arrive bredouillant et effrayé…
« - le centurion est demandé de toute urgence au Neptune, maître.
– Qui me réclame ?
- Tes hommes, centurion… Il y a eu un… il s'est produit un… Enfin un…
– Parle, voyons !
– Un… meurtre. »
Un ivrogne est mort dans la cave d'une taverne. Accident ? Meurtre ? Kaseo ne tarde pas à tirer sa conclusion. C'est un crime.
La nuit s'installe. Après avoir ordonné ses injonctions, Kaeso, usé de sa journée, rentre à la garnison et s'endort aussitôt…
« - Centurion ! Centurion !
Je tressaillis et ouvris les yeux. Un Marcus affolé me secouait comme un tapis poussiéreux sur le rebord d'une fenêtre.
- Centurion !
- Mais enfin du calme ! Qu'est-ce qui te prend ? le soleil est déjà levé ?
- Vite, centurion ! Il faut te rendre au petit forum !… Quelque chose de terrible… un temple a été profané !
- Et que lui a-t-on fait de si terrible, à ce temple ?
– On y a tué un homme… »
En une nuit, la paisible ville de Pompéi s'attribue deux morts. Et si ce n'était qu'un début ?

Aidé de sa mère, une femme qui connaît le corps humain et qu'une autopsie ne répugne pas, assisté de Io, féroce et séductrice quand il le faut, secondé par ses soldats, des hommes volontaires, Kaeso se fera aussi épauler par Caligula, son ami, et Concordia, sa très belle et intelligente cousine venue de Rome.
De la fausse monnaie fait surface, des rumeurs de discrédit concernant Kaeso circulent, les cadavres vont s'amonceler, des empoisonnements, des suicides... et les questions vont fuser. Auraient-elles une seule réponse ou plusieurs ? Et si tout n'était qu'affaires de politique ?

J'ai beaucoup aimé ce livre. L'auteure nous fait voyager dans l'Antiquité, au règne déclinant de Tibère, aux temps des persécutions, des procès politiques et des crimes sanglants perpétrés par Séjan. Nous visitons, avec Kaeso et Io, Pompéi, une ville à facettes, avec d'innombrables rues, quartiers défavorisés, des maisons riches aux fresques et mosaïques murales somptueuses. La ville subit quelques tremblements de terre, mais c'est quarante-huit ans plus tard qu'elle disparaîtra sous les cendres du Vésuve.
Kaeso est le narrateur. Son ton est pertinent, moderne, avec un humour très ironique. Je me suis impliquée dès les premières pages. Je n'étais pas seulement spectatrice, j'étais le temps d'une lecture, un centurion. Cristina Rodriguez séduit le lecteur avec son écriture vive, érudite, agréable. L'histoire est captivante, les personnages principaux surprenants, historiques, beaux, plein de charme et certains seconds rôles également. Nous sympathisons avec beaucoup d'entre eux. Il me tarde de les retrouver dans le second volume des enquêtes de Kaeso. Quant à Caligula, encore jeune, l'amorce de sa folie se devine.
J'avouerai une seule déception, mêlée de jalousie… Je ne pourrai jamais avoir un léopard comme Io !
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