Le long retour

Un thriller captivant.
C'est vrai que ce genre est très à la mode qui raconte le même type d'histoires de tueurs en série avec enquête, recherche d'indices, traque et face-à-face musclé. On connaît la recette et il faut dire qu'elle se vend bien, les auteurs en écrivant toujours plus et les lecteurs en redemandant encore. Avec en prime toutes les séries policières qui défilent à la tv... Alors, à force, ça fait redite et y en a un peu marre.
Mais bon, ce thriller est quand même assez particulier et le scénario vaut surtout le détour pour le profil du meurtrier. Exit le sexe, le fric, le pouvoir ou le sadisme car ce dernier a des mobiles d'un autre genre qu'il puise dans un vécu cruel et douloureux malgré tout, traversé par un élan de grandeur... un peu à la manière des romantiques, même si je préfère leurs oeuvres pour aborder des personnages au statut et au parcours plus diversifiés avec une ambiance clair-obscur si marquée. J'ai apprécié aussi la plongée dans les cauchemars du tueur, dans son esprit torturé qui paradoxalement, par ses actes obscurs, va aider un(e) autre à réaliser son rêve et changer son destin. La psychologie des 2 autres perso est d'ailleurs elle-aussi fouillée avec le parcours de Mik qui surprend et Anton qui gagne en épaisseur au fur et à mesure que son histoire nous est dévoilée. Intéressant de voir que ce n'est pas un flic qui mène l'enquête mais un détective privé quasi-dépressif à l'esprit indépendant, perspicace et perturbé. On se souvient de Sherlock Holmes, le surdoué des enquêtes plutôt solitaire qui, quoique drogué, a un flair redoutable.
Autrement le contexte proposé nous ramène à l'évocation de 2 guerres, celle des Balkans et celle d'Afghanistan. Un cadre historique qui n'est pas souvent abordée, à ma connaissance jamais, dans ce genre de roman. On revient donc sur des passages peu connus du grand public qui ont fait parti de ces conflits.
Reste que j'ai trouvé l'intrigue parfois trop retors : certaines scènes sont invraisemblables comme celle de l'évasion du légionnaire d'un camp djihadiste ou encore certains indices sont tirés par les cheveux comme ceux qui conduisent à l'examen des cadavres au cimetière. Ceci dit, il y a bien des oeuvres qui versent davantage dans l'invraisemblance comme certains blockbusters à l'américaine. En comparaison, on peut trouver ça correct.