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EAN : 9782378801724
133 pages
L' Iconoclaste (04/02/2021)
4.23/5   99 notes
Résumé :
Le regard d’une romancière sur une expérience universelle : l’accompagnement d’un parent en fin de vie.

Pendant deux ans et demi, l’autrice a visité sa mère placée en Ehpad, avant qu’elle ne décède quelques semaines avant le confinement. Très vite, la vieille dame est rendue incontinente et grabataire, faute de personnel à ses côtés. Les mains n’obéissent plus, la mémoire s’évapore, la dépression s’installe. On l’infantilise, on la médicamente pour q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Avec « Dernière visite à ma mère » Marie-Sabine Roger partage un récit sur les dernières années de sa mère nonagénaire.

Tout débute par une grande maison familiale devenue trop grande, qu'il faut tout d'abord échanger contre un petit appartement où le vide prend un peu moins de place, puis qu'il faut se résigner à également quitter afin d'être placée dans une résidence pour personnes âgées dépendantes. le début d'un lent et inexorable déclin pour une mère qui, déjà distante de huit heures de route, s'éloigne chaque jour un peu plus de Marie-Sabine Roger

Sous forme de journal intime, Marie-Sabine Roger trouve les mots justes pour décrire cet éloignement progressif avec pudeur, courage, amertume et sensibilité. S'interrogeant sur cette société qui « place » ses anciens dans des mouroirs, elle pointe du doigt le manque de personnel et de moyens qui condamnent les personnes âgées à des conditions de (fin de) vie inhumaines. Perte de contacts sociaux, perte du sourire, perte d'autonomie, perte de mémoire, perte de la dignité, perte de la parole, perte de l'envie même de vivre… de ce décompte qui précède la mort ne demeure finalement que le silence.

Si Marie-Sabine Roger s'insurge des conditions de fin de vie de sa mère, elle livre surtout un témoignage poignant sur la relation compliquée qu'elle entretenait avec cette dernière. La distance qui séparait l'auteure de sa mère ne se mesurait en effet pas uniquement en kilomètres, résultant en un vide affectif rempli de non-dits. Confiant ses peines et ses regrets, l'auteur livre du coup un roman qui fait également office d'un « Je t'aime » lancé quand il était déjà trop tard…

__ « Je retourne chez moi avec, une fois de plus, le sentiment d'avoir raté un entretien d'embauche, de ne pas t'avoir dit ce que j'aurais dû te dire, de n'avoir pas posé les questions qu'il fallait. Je ressens l'urgence à t'aimer. Mais plus le temps défile et plus il s'amenuise, moins je me risque à te parler. »
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Il n'aura suffi qu'un thème : la vieillesse, l'Ehpad et une auteure : Marie-Sabine Roger pour savoir d'emblée que ce livre serait un coup de coeur.

Cette lecture m'a tiraillée le ventre tout du long tant il est le reflet d'une réalité nauséabonde, la fin de vie où l'autonomie se réduit à néant jour après jour dans un mouroir où les cris remplacent les voix mélodieuses d'une famille aux abonnés absents.

Marie-Sabine Roger nous confie ses peines, ses impuissances, ses arrêts sur image qui choquent, anéantissent l'espoir de vivre centenaire heureux et en bonne santé, elle se cogne douloureusement aux murs d'une vieillesse où tout s'éteint à petit feu.

Ce récit est une claque, il est douloureux, doublement difficile car il fait écho à ce que j'ai vu, enduré, fait endurer faute de moyens et de courage d'aller plus loin dans l'assistance.

L'auteure n'y va pas par quatre chemins. Elle réveille les démons de l'âge d'or, les clowns dans leurs habits XXL, les fantômes au visage de cire, les loups qui crient la nuit, ceux qui frappent, ceux qui abdiquent faute de temps et d'humains.

L'auteure s'en sortira certainement plus forte que moi de ces épreuves car elle clame aimer la vie et être dotée du meilleur remède anti-angoisse : l'émerveillement.
Vieillir pour devenir un jour orphelins puis grabataires et pire, dépendants de la becquée de son enfant, ce sont des images qui m'assaillent et me font penser que nous ne naissons pas tous égaux.

« Je dis que je vais bien, et vous devez me croire. Pourtant ma mère est morte, et la vie continue. »

🎬 de fin.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions L'Iconoclaste...

Après avoir passé cinquante ans dans sa grande maison familiale qu'elle a, évidemment, trouvée bien trop grande et bien trop vide après la mort de son mari, il a fallu qu'elle se résigne à la quitter. Installée dans un petit appartement qu'elle ne s'est jamais approprié malgré les quelques objets si familiers, il a fallu, au bout de huit ans, le quitter à nouveau. Un véritable déchirement puisque, cette fois, elle est placée dans un Ehpad... Mais aussi un déchirement pour sa fille, Marie-Sabine, qui, éloignée de huit heures de route, peut parfois espacer ses visites de plusieurs semaines. Au fil des mois, elle se rend compte que, peu à peu, le comportement de sa mère change : elle peut se montrer froide, voire agressive, sa mémoire, peu à peu, s'effiloche et elle a besoin, dorénavant, d'un déambulateur... Comment garder alors, au plus près de soi, sa mère, comment tenter de renouer avec elle si ce n'est en écrivant, au fil des jours, un journal ?

Pour la première fois, l'auteure de dizaines de romans (pour petits et grands) se livre, tout en pudeur et sensibilité, sur celle qui, immanquablement, la quittera et sur les liens, parfois tendus et distendus, qui les unissent. Comme dans une certaine forme d'urgence, pour ne rien oublier, elle tient un journal. Elle y relate aussi bien la fin de vie de sa mère (changements physique et psychologique), les relations compliquées entre elle, l'amour qui ne se dit pas. Plus largement, elle revient sur les personnes âgées, les conditions de vie dans les Ehpad (faute de moyens, de temps, de personnel), ces parents, parfois seuls et désemparés, qu'on a l'impression d'abandonner. Marie-Sabine Roger nous offre un très beau texte, pudique et poignant. de son écriture si sensible et douce, elle a su trouver les mots pour témoigner de tout l'amour qu'elle porte à l'irremplaçable qui s'en est allée...
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Maman est morte au mois de juin.
Elle avait quatre-vingt-treize ans.
Maman si élégante et raffinée, l'esprit toujours vif et acéré, acceptait difficilement la dégradation physique et disait en avoir assez de vivre.
Pourtant dans les moments les plus critiques elle refusait d'aller à l'hôpital, sachant que quitter sa maison lui serait fatal.
Un jour son infirmière s'est faite plus insistante encore (une façon de se déresponsabiliser sans doute).
Maman a cédé, moi aussi.
Je regrette bien sûr, même si je pense que les jours à venir auraient été de plus en plus compliqués pour cette vieille dame au caractère bien trempé que rien ne semblait impressionner. Pas même la mort, au point que je la pensais indestructible.
Marie-Sabine-Roger commence son récit par « Je dis que je vais bien, et vous devez me croire. Pourtant ma mère est morte et la vie continue », Marie Sabine Roger a raison (d'ailleurs tout ce qu'elle raconte est parfaitement juste) la vie continue et je vais bien même si maman s'en est allée et que j'ai le coeur brisé.
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La mère est placée en 2017 (« Terme pudique. Un mot destiné aux objets, à la matière inerte »), la fille se met à écrire sans savoir pourquoi, elle qui n'a jamais écrit de journal intime. C'est ce récit intime que l'on tient entre les mains, aux chapitres brefs et nourris de mots à la fois justes, éloquents, sobres et pointus. Des chapitres comme des courtes lettres qui se succèdent sur la modulation d'un « tu » nostalgique adressé à sa mère, en balance avec un « je » introspectif par effet boomerang, la fin de vie de la mère en silhouette sur celle à venir de la fille, tout en éclairant aussi sa jeunesse, et leur histoire commune : « Depuis quelques mois, à me soucier de toi, je retrouve du même coup des lambeaux de mon enfance, de mon adolescence. Petits cailloux pour dessiner le chemin qui me ramènerait vers toi. Posés là, tous en droite ligne, comme le sont les balises sur les pistes d'atterrissage. Pour pouvoir arriver sans encombre au hangar. »
Du début de l'installation en Ehpad et ses visites espacées – distance oblige, la romancière espère ressusciter les empreintes perdues de l'amour, et de tout ce qu'il faudrait se dire avant de partir. En vain. C'est de lente décrépitude qu'il sera surtout question, des cris en préambule du malaise jusqu'au rire disparu, qui « faisait partie aussi des pertes, des deuils irrémédiables ».
Le lecteur non plus n'aura pas l'occasion de déployer le sien de rire, on s'en doute, même si on connaît l'humour de Marie-Sabine Roger par ailleurs. Elle livre également un récit à charge, sur les Ehpad et leur manque de personnel, mais aussi et surtout un récit qui interroge nos sociétés, notamment sur nos destinées qui omettent de garder nos aïeux auprès de nous, faute de pouvoir ou de savoir comment faire.
Dernière visite à ma mère est un texte élégant et court, où chaque mot pèse son quota de bon sens, sans négliger parfois d'injecter sa pincée de poésie. On reconnaîtra la patte de la romancière, et sa manière si particulière de nous émouvoir, ici à travers un personnage bien réel, et intime.
Mais c'est avant tout un récit qui se rend nécessaire, tant il paraît universel.
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critiques presse (1)
LaCroix
14 juin 2021
L’autrice a composé un poignant récit sur les dernières années de sa mère nonagénaire.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (100) Voir plus Ajouter une citation
« Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. » C’est ce que dit le serment d’Hippocrate. C’est sans doute la raison pour laquelle Ehpad et hôpitaux sont remplis d’êtres aux corps souffrants, aux esprits laminés qui ont tout perdu de la vie, sauf la vie elle-même.
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Tu ne décides plus rien de ce qui fait ta vie.
Tu ne choisis pas les habits que tu portes. On les choisit à ta place, dans ta garde-robe habituelle. Puis, très rapidement, on me demande de les remplacer pour des raisons pratiques d'habillage.
Jusqu'à la fin de ta vie, tu seras affublée de vêtements trop amples d'au moins deux ou trois tailles, mais "faciles à enfiler".
Mon pauvre petit clown, perdu dans ce grand cirque.
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« Lorsque nous nous croisions, chacun de nous poussant un être cher dans les larges couloirs, ou attendant sagement devant le grand ascenseur prévu pour les brancards et les chariots de soin, nous échangions des regards un peu fuyants, préoccupés, des sourires contrits. Des sourires d’enfants coupables.

Pourquoi ma mère, mon père, doit-il rester ici ?

Pourquoi est-ce que je ne peux pas – ne veux pas, ne suis pas en mesure de – m’occuper
d’elle ou de lui ? Ce n’est pas une fin de vie acceptable. C’est indigne.

C’est ainsi. Alors oui, je suis orpheline. On ne cesse pas plus d’être enfant que l’on ne cesse d’être mère. »
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Plus tard, en te veillant, je me verrai dans un lit d’hôpital, les yeux fermés à double tour, ou le regard perdu d’angoisse, la bouche ouverte sur des cris, des paroles confuses.
Ma mort, je la vivrai par anticipation.
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« Alors que nous entrions dans le confinement, sans savoir pour combien de semaines ou de mois, je me suis surprise à penser que, finalement, tu étais partie au bon moment.
C’était un soulagement étrange. Je me suis demandé qui, de nous deux, aurait le plus mal supporté l’éloignement contraint, le silence forcé.
La dame qui s’occupait de toi n’aurait pas pu venir, mesures de prévention obligent. Les aides-soignantes et infirmières n’auraient jamais eu le temps de la remplacer auprès de toi, pour nos courts appels sur WhatsApp. Je n’aurais pas pu venir te voir.
Dans cette crise sanitaire, j’ai éprouvé une compassion toute particulière envers ceux qui ne pourraient accompagner leurs proches dans leur ultime étape. Combien de drames humains se sont joués, se joueront dans les mois qui viennent ? »
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Vidéo de Marie-Sabine Roger
Film de Jean Becker et Jean-Loup Dabadie avec Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus et Patrick Bouchitey, 2010.
Adaptation du roman de Marie-Sabine Roger.
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