La "Galatée" était en partance dans le bassin Freycinet n°2. Elle armait pour Iquique (Chili) et San-Francisco. En couple, s'asseyait le "Cambronne" de Nantes et, sur l'avant, le "Houguemont", une grosse barque de Liverpool, s'amarrait à quai.
La "Galatée" n'était plus de première jeunesse, mais sa mâture fine attestait sa race. Près du lourd "Houguemont", taillé pour cogner tête baissée dans la lame, on la sentait faite pour les esquives rapides et les échappées. Même le voisinage du "Cambronne", sorti flambant neuf des chantiers, ne l'humiliait pas.
Le capitaine Le Gac emplissait toujours ses gros yeux de sa soupe au biscuit. Il fallut pour l'en arracher, qu'un petit homme à barbiche lui criât à l'oreille, par-dessus le tapage que concassaient les grues :
"Capitaine, j'apporte le chronomètre."
Le Gac accueillit la nouvelle d'un signe de tête maussade et précéda l'arrivant dans la chambre de veille. L'opticien, avec force précautions, fixa le chronomètre dans son armoire...
(extrait du premier chapitre de l'édition de poche parue en 1975)
Il rappela que le remorqueur de haute mer "Centaure" les reprendrait le lendemain matin à sept heures. Chaque fois que c'était possible, il mouillait ainsi en rade. Il fallait une bonne nuit pour rincer à fond toute la viande saoule du bord. (chap. 2)