L'affaire méchant loup

C'est un vieux bouc qui pue depuis 22 ans...
"Il n'y a que l'imbécile qui ignore qu'il est imbécile."
Proverbe russe ; Les proverbes et dictons russes (1822)


Personne ne s'était opposé à lui... Il a déjà détruit la ville de Grozny, en 2000 (entre 100 000 et 300 000 personnes, dont énormément de civils) par soif de pouvoir) et là, il s'attaque à...
- Heu Casimir, il s'agit ici d'une nommée Blanchette qui...
- Ok, une biquette qui a rendu chèvre tout le monde, menti et trompé son entourage, pour envahir un pauvre loup qui était tranquille (en le traitant de drogué et de nazi) afin de justifier son agression...


Une chèvre très aggressive, vivant dans une ferme, entourée de miradors...
Et un loup qui joue seul aux échecs, aime la lecture et écrit des poésies. L'éleveur élevait les chèvres dans la peur du loup, la peur du voisin, de l'autre...
"Toute la nuit, le loup fut martyrisé par la furie, par la chèvre..."


J'ai beaucoup aimé la fin de l'histoire.Le sale bouc, ( ok la chèvre qui pue ) se fait massacrer par le loup qui se défendait.
On espère que cela finira ainsi dans la vraie vie!


Mais des juges dans le livre condamnèrent durement le loup pour s'être défendu... Comme ce "putois" candidat à l'élection présidentielle, qui défendait l'agresseur!
Le putois "n'a cessé de louanger le maître du Kremlin, rêvant même d'« un ... pour la France » L' Obs, le 22/02/22.

Coup de coeur !
L'album se présente dans un format à l'italienne, trop petit à mon goût pour en savourer pleinement les dessins, ce sera mon seul minuscule bémol. Pour nous raconter L'Affaire Méchant Loup, Marie-Sabine Roger emprunte à la fois aux fables et aux contes traditionnels, avant édulcoration disneyenne : l'histoire finit mal pour les deux principaux personnages… L'autrice met en scène des animaux antagonistes que l'on retrouve souvent dans les fables, ici un loup et une biquette, et comme dans certaines fablesDe La Fontaine, elle place une morale plurielle en prologue et en épilogue d'un texte en rimes et assonances, et parfois en alexandrins ! Mais en fait, sous la forme d'une fable, l'autrice détourne le conte d'Alphonse Daudet : La Chèvre de monsieur Seguin, et plonge les protagonistes dans notre époque.
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Un vieux loup à lunettes, assez misanthrope, vit pauvrement, en solitaire, dans une cabane sur la montagne. Son seul désir : qu'on lui fiche la paix ! Dans la vallée, monsieur Séguin élève des chèvres qui finiront dans nos assiettes. Mais il connaît leur goût pour l'escapade. Afin qu'elles ne s'enfuient pas, il leur raconte d'épouvantables histoires d'un loup dévoreur de biquettes. Mais malgré la peur, de temps en temps, une chèvre se sauve dans la montagne et fait la connaissance du loup qui la guide jusqu'à la frontière. Tout se passe bien jusqu'au jour où Blanchette s'échappe de sa prison…
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Je l'ai trouvé bien sympathique, ce pauvre Compère Loup qui aspire à être végétarien et qui limite sa consommation de viande. J'ai beaucoup aimé dans le texte le mélange d'un langage châtié (onde pour eau, las pour hélas, civilement pour poliment, l'emploi du passé simple et du subjonctif imparfait, etc.) avec de l'argot, des onomatopées, et dans un cadre résolument contemporain : la consommation de viande est remise en question, on parle implicitement de spécisme, monsieur Seguin va au supermarché et les biquettes qui fuguent ne pensent même pas à envoyer un texto pour le rassurer…
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Ne vous laissez pas abuser par l'apparente simplicité des illustrations de Marjolaine Leray : elles sont d'une grande richesse. Il faut beaucoup de talent pour que des « gribouillages », comme elle les appelle elle-même, soient aussi expressifs et provoquent instantanément aussi bien le rire que la compassion. Elle travaille au pastel presque exclusivement en noir, scanne le résultat qu'elle retravaille à l'ordinateur, elle varie beaucoup les plans et réussit à donner des expressions très diverses à ses personnages avec un minimum de moyens. J'ai craqué pour le loup qui joue aux échecs avec lui-même, la double page où une des biquettes arrive dans le pays des végétariens où dominent le blanc et le jaune. Une mention aussi pour les pages de garde qui présentent les Unes de journaux populaires avec gros titres : les loups y sont partout monstrueux…
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Cette vraie pépite se trouve dans la sélection du prix des Incorruptibles 2021-2022 pour les classes de CE2-CM1, ce qui, je l'avoue, me surprend beaucoup ! En effet, l'album est déjà lauréat du 22e prix Action-Enfance, mais dans la catégorie ado, et il est en lice pour le prix Bernard Versele 2022, catégorie pour les 11 ans.

C'est rigolo de lire Marie-Sabine Roger en littérature adulte puis en Jeunesse : on dirait qu'elle a inversé les tons. Elle se livre ici à une réécriture de « La chèvre de Monsieur Seguin » (disons à une très libre adaptation) en se montrant caustique et tout sauf sucrée. le loup est un brave type un peu asocial qui se fait carrément agresser par une chèvre bien belliqueuse et un concours de circonstances amène à une issue non prévue (« Eh ben oui, c'est ainsi« , c'est tout ce qu'on aura en guise de mots consolateurs) débouchant elle-même sur un procès (et même un délit de sale gueule, il faut dire les choses comme elle sont, non ?) Bref, c'est chaud pour le loup et ne parlons pas des chèvres, à proposer dès 6 ans pour ravir par l'inattendu permanent et le doux parfum du politiquement incorrect. En étant prêt à pas mal expliquer aussi, toutefois 🙂

J'ai vraiment apprécié ce petit album jeunesse auquel j'ai trouvé de nombreuses qualités. Pour commencer, parlons de la forme : il est en vers ! C'est la deuxième fois que je croise un album en vers mais ils ont d'emblée droit à tout mon respect et toute mon affection. Faire lire des vers aux enfants, c'est juste génialissime ! A noter que cela n'est nullement un frein à la compréhension, les enfants comprennent parfaitement.

Ensuite, sur le fond, cette réécriture de la Chèvre de Monsieur Seguin était une très bonne idée. Les réécritures, en général, j'adhère. Parce que cela permet d'abord de lire ou relire ou au moins réactiver la mémoire du classique dont elles sont issues. Puis cela est forcément toujours synonyme d'échanges, d'avis, de "Je préfère l'original" ou "Je préfère cette version" etc. Ici, de plus, on prend le parti du loup qui veut juste qu'on lui fiche la paix et qui se retrouve à ses dépends dans cette histoire de chèvre disparue. Vraiment bien trouvé ! Cela va contre les préjugés et c'est une bonne nouvelle (même s'il est vrai qu'un certain nombre d'albums tentent de réhabiliter les loups depuis un petit moment déjà).

Simple bémol, les illustrations. Beaucoup les aiment, moi ça n'est pas trop mon style mais j'avoue qu'elles sont originales et décalées. Donc, pourquoi pas finalement :)

Lecture à 4 yeux dans le cadre scolaire du prix des Incorruptibles.
Ce loup, ce pauvre loup qui ne demande rien à personne et essaie même de limiter sa consommation de viande se fait agresser par une belliqueuse biquette.
Le conte de la chèvre de M. Seguin est revisité intelligemment avec de belles rimes, un vocabulaire châtié et cela m'a énormément plu.
J'ai d'abord pensé que cette lecture allait nous expliquer que manger de la viande était une très mauvaise chose, l'histoire prenait bien cette tournure. Mais finalement, ce conte va bien au-delà de cette proposition de végétarisme et l'esprit caustique de l'auteure fait la part belle aux affreux défauts de l'être humain : menteur, hypocrite et moralisateur à tout va quand il ne s'applique pas à lui-même ce qu'il prône haut et fort à ceux qu'ils réprimandent.
Les illustrations sont simples, en noir et blanc mais trop petites, comme c'est dommage.
Ce bel album que je recommande n'est pas à mettre dans les petites menottes de moins de 8 ans, c'est un peu noir pour eux.